Côte d’Ivoire – Mamadou Koulibaly ne saurait servir de bouc émissaire

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Par Eblin Pascal Fobah

Le recours au dérivatif du bouc émissaire est une stratégie démagogique qui permet à un homme politique ou à un journaliste, bras armé d’un politique, d’accuser un tiers des malheurs dont il est lui-même le principal responsable. Sur cette base, nous disons que le président Mamadou Koulibaly ne peut servir de bouc émissaire à aucun pro-Gbagbo, fut-il homme politique ou journaliste, pour soulager sa conscience ou pour refuser de voir la réalité en face.

Par Eblin Pascal Fobah | LIDER | 31 mai 2013
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Mamadou Koulibaly a fait ce qu’il pensait juste pour Laurent Gbagbo en attirant son attention sur les dérives de son pouvoir. C’était une posture à saluer au moment où certaines bouches étaient trop pleines de grains d’arachide pour oser parler. Les courtisans n’ont jamais rendu service à un dirigeant. Seuls ceux qui osent lui dire la vérité sans hypocrisie et sans flatterie l’aident à affermir durablement son pouvoir, quand il les écoute. Au second tour des présidentielles, Mamadou Koulibaly a, avec son équipe, impulsé à la campagne de Laurent Gbagbo la dynamique qui lui a fait défaut au premier tour, alors que certains avaient préféré utiliser les moyens mis à leur disposition à d’autres fins, pour s’offrir des voitures de luxe et des maîtresses. Tout le monde, en Côte d’Ivoire, sait comment la campagne de Laurent Gbagbo a été menée par des gens qui estimaient qu’il n’y avait pas d’effort à fournir parce qu’il n’y avait rien en face, et ont préféré se la couler douce avec l’argent de la campagne. C’est le procès de ces personnes qui n’ont pas joué franc-jeu et ont provoqué la défaite électorale qui doit être fait à l’heure du bilan, et non celui de Mamadou Koulibaly.

Ce que dit Mamadou Koulibaly à propos de la défaite électorale de Laurent Gbagbo est logique. Pourquoi devrait-il dénier son élection au président Alassane Dramane Ouattara, là où le monde entier dit qu’il a gagné et que même le panel de chefs d’Etat, réclamé à grands cris par Laurent Gbagbo et à la décision duquel il avait promis se plier, n’a pas dit le contraire ? Pourquoi Mamadou Koulibaly devrait-il refuser de voir en Alassane Dramane Ouattara le président de la Côte d’Ivoire, grand voyageur devant l’éternel au nom du pays, alors que les dirigeants du Fpi ne se gênent pas de le reconnaître comme tel et, à ce titre, d’engager avec le gouvernement qu’il a mis en place des discussions pour réclamer la libération des prisonniers, le dégel des avoirs, une loi d’amnistie pour couvrir les crimes commis par les uns et les autres ? N’est-ce pas reconnaître explicitement qu’Alassane Dramane Ouattara a gagné les élections présidentielles que d’aller vers lui comme vers celui qui incarne, pour le moment, l’autorité de l’Etat ? Pourquoi vouloir, contre tout bon sens, imputer l’assassinat de Désiré Tagro à Mamadou Koulibaly alors que les témoignages de personnes présentes dans le bunker avec Laurent Gbagbo, qu’ils soient officiels ou officieux, déterminent avec certitude qui a tiré la balle qui l’a tué ?

Il n’y a pas pire aveugle que celui qui refuse de voir. Ce ne sont pas les jérémiades de quelques personnes qui sortiront Laurent Gbagbo de la prison où il est enfermé à la Haye. Quand la procureure de la Cpi, Fatou Bensouda, dit que «nous pensons qu’il y aura un procès contre monsieur Gbagbo», il n’est pas besoin d’être devin pour en comprendre les sous-entendus implicites. Mais c’est vrai que beaucoup préfèrent se réfugier derrière des faux-fuyants en cherchant des boucs émissaires aux démêlés judiciaires de Laurent Gbagbo ou à sa défaite électorale, provoquée par la cupidité de certains et les erreurs de calcul de Laurent Gbagbo lui-même, qui n’a pas tenu compte des propos de Guillaume Soro, qui disait publiquement à Bouaké qu’il allait le «feinter». Et, il l’a feinté : l’élève a battu le maître dans la roublardise. Jeter l’opprobre sur Mamadou Koulibaly permet apparemment plus à certains de soulager leurs consciences que d’apprécier les choses à la lumière de leurs propres erreurs ou de l’histoire africaine des Samory Touré, Béhanzin et autres, enseignée à l’école primaire.

Nous répondrons au coup pour coup aux mensonges distillés par certains abonnés aux manipulations de propagande par mythification pour les uns, et par diffamation pour les autres, en vue de casser la représentation que l’opinion publique s’est faite d’eux.

Les Ivoiriens souffrent de la gouvernance d’Alassane Dramane Ouattara. Ils attendent que des solutions soient apportées à leurs problèmes. Les polémiques puériles du genre de ce qui est engagé par certains journaux ne sauraient libérer les prisonniers politiques incarcérés en Côte d’Ivoire et ailleurs dans le monde par le régime Ouattara, donner de l’emploi aux millions de chômeurs que compte la Côte d’Ivoire, faire baisser les prix des produits qui ne cessent d’augmenter de jour en jour, donner de l’électricité et de l’eau de qualité, assurer une meilleure couverture médicale aux populations, libérer les pays africains de l’étranglement du franc cfa etc. Il y a tellement de problèmes à résoudre dans cette Côte d’Ivoire gérée de façon patrimoniale par monsieur Ouattara que s’attarder sur le désamour entre Mamadou Koulibaly et les dirigeants du Fpi est une entreprise improductive de nombrilisme, mise en œuvre par des personnes qui n’arrivent pas encore à faire le deuil de leur échec pour aller de l’avant, justement parce qu’elles refusent de faire leur auto-critique. Elles ont peur d’affronter la réalité de leur image dans le miroir de la conscience.

C’est vrai que l’alternative que représente Mamadou Koulibaly pour nombre d’Ivoiriens fait peur à certaines personnes qui tentent par tous les moyens de le discréditer. On comprend aussi que des journalistes veuillent accroître leurs chiffres d’affaires dans la vente des journaux en cassant du sucre sur le dos de Mamadou Koulibaly, la personnalité politique montante dans cette Côte d’Ivoire défigurée et gangrenée par le rattrapage ethnique et son corollaire de chômage ethnique, les réseaux mafieux, la réconciliation factice, l’occupation illégale de domaines publics et privés, la paupérisation grandissante dans une émergence arithmétique factice etc.

La réponse à cette préoccupation, ce sont les spécialistes de rhétorique argumentative qui se sont intéressés à la polémique journalistique qui nous la donnent : «(…) Le caractère spectaculaire des discours polémiques permet d’embrayer de manière optimale la logique commerciale à l’œuvre dans les médias. A ce titre, l’entrée «polémique» dans le récent Dictionnaire du journalisme de Jacques LeBohec est significative : «dispute publique que nombre de journalistes adorent relayer et attiser. Voire créer, parce que c’est spectaculaire et que cela «fait vendre», au risque de simplifier outrageusement les enjeux et les problèmes.»*

Dr Eblin Pascal Fobah
Délégué national de LIDER aux Questions sociétales

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