Ouaninou exploitations clandestines d’or – 2 villages sur le pied de guerre…

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Voici comment l’or divise les populations

Depuis la découverte de l’or dans le département de Ouaninou sur le site situé entre Gbélo et Mandougou, le métal précieux, au lieu d’être source d’enrichissement et de développement local, est plutôt devenu source de conflit.

Deux villages sur le pied de guerre…
Pour comprendre la source du conflit larvé, parfois ouvert, entre Gbélo et Mandougou, Diomandé Mamadou cadre du village de Gbélo explique l’histoire de la découverte de ce minerai précieux dans ladite zone : « Ayant l’expérience de l’exploitation minière dans d’autres régions de notre pays, j’ai décidé un jour de voir s’il ne pourrait pas en exister dans le sous-sol chez moi au village à Gbélo. Des orpailleurs dépêchés là en décembre 2012 ont fait un sondage positif. Ceci étant, j’ai entrepris les démarches administratives auprès de la direction départementale des mines à Touba, aux fins d’obtenir éventuellement une licence d’exploitation. Ce processus n’a même pas encore pris fin que mes parents de Gbélo et Mandougou se chamaillent au sujet de l’appartenance du site », soutient Diomandé Mamadou, qui est exploitant agricole et président fondateur de l’Ong Sidjan. A Mandougou, le chef de village Diomandé Vatogba est catégorique : « Le village Gbélo même est originaire de Mandougou de sorte que tout ce périmètre est propriété de nos ancêtres. N’empêche que si nous voulons parler en termes de limite, c’est le cours d’eau Bhanivaakwo qui sert de frontière entre Mandougou et Gbélo. Or, continue Vatogba, l’or est exploité sur le côté-ci qui relève du domaine foncier rural de nos parents de Mandougou». Quant à Diomandé Kalifa, président des jeunes de Gbélo et porte-parole du village pour l’occasion, il dément cette information qui n’est que pure imagination, selon lui. « Les villages de Mandougou et de Gbélo ont toujours existé indépendamment. Au demeurant, la famille saakoula, nous lui concédons, est venue de Mandougou et vit ici à Gbélo depuis très longtemps. Mais tout le monde sait que la colline sur laquelle se trouve actuellement l’antenne d’une téléphonie mobile sert de frontière entre nos deux villages. Cet endroit est loin du site minier. Et ce site aurifère actuel nous a toujours servi d’espace pour nos champs. D’où vient-il qu’il soit revendiqué aujourd’hui comme appartenant à un autre village », se demande Kalifa. Devant la persistance des rixes et le risque de confrontations meurtrières, l’initiateur du sondage et pétitionnaire du projet d’exploitation minière portant sur 100 ha Diomandé Mamadou revient à la charge : « Au moment où j’injecte de fortes sommes dans la constitution de dossier, des clandestins exploitent l’or. Je ne veux pas entrer dans les considérations sociohistoriques concernant les villages. Je me fie tout simplement à l’article 2 du code minier ivoirien qui stipule que tout ce qui se trouve dans le sol et le sous-sol appartient à l’Etat de Côte d’Ivoire. Ce faisant, seul celui qui remplit les conditions légales d’exploitation peut extraire ce minerai. Notre ambition d’ailleurs est d’organiser ce secteur afin de rêver avec le Président Alassane Ouattara qui entend réduire le chômage. Ce sera un pôle économique pour le département et pour les jeunes », dixit Mamadou, quelque peu déçu de la tournure que prennent les événements.

L’or, le vrai nerf de la guerre…
«Dans les documents à la direction des mines à Touba, l’or a été découvert dans la région du Bafing depuis 1939. Mais jusque-là, personne n’en faisait cas. Il a fallu que je m’y intéresse, se plaint Diomandé Mamadou, pour que cela provoque un tollé général». La tension qui entoure ce projet est grande et probablement due aux dividendes qu’il génère. Au moment où nous mettions sous presse, 1g d’or s’achetait bord-champ à 15000 f cfa. Un orpailleur peut entraîner près de 200g d’or par trou, nous dit-on. Le chantier compte en ce moment environ 1 millier de trous creusés. La manne financière qui en découle fait saliver plus d’un. La majorité des femmes et des jeunes gens des localités environnantes sont désormais dans ce gisement à la recherche de quoi se nourrir en cette période où les stocks de vivriers ont considérablement diminué. Et ils sont visiblement loin d’être découragés par les sommations à eux faite par les forces de l’ordre récemment. Si aucune perte en vie humaine n’est encore à déplorer contrairement à Angovia (Bouaflé, en mi-juillet dernier), le feu couve à Gbélo et Mandougou ; chacun se prépare au pire en attendant certainement le verdict qui fera de l’un des deux villages le propriétaire terrien au détriment de l’autre. Entre temps, les orpailleurs – Burkinabè pour la plupart – sont présents en grand nombre. Ils continuent l’exploitation artisanale de l’or dans le désordre, sans payement d’impôt et sans considération de risques climatique ou environnemental. Par ailleurs, la présence du métal jaune brillant est également signalée à Bouindala, Foungbésso, Koungo et Mamouésso. La région du Bafing, réputée très riche en ressources naturelles, minières et humaines, demeure pourtant l’une des plus pauvres en Côte d’Ivoire.

Bayo Lynx, correspondant régional

L’Intelligent d’Abidjan

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