Côte d’Ivoire – Que valent les deux malheureux petits bus électriques de Bolloré pour les étudians ?

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Le genre de pub que Ouattara aime !

Quand c’est ronflant et inutile, ne vous en faites pas, un homme aime ça. Il s’appelle Alassane Ouattara. Quand ce n’est pas utile et que la réalité commande de faire autre chose, lui va vous servir du clinquant parce que la mystification est son idéologie. En effet, le passe temps favori d’Alassane Ouattara, c’est de s’échiner à éblouir, en tout temps et en tout lieu. Je parie que beaucoup d’Ivoiriens ont déjà oublié qu’aux premières heures de sa prise de pouvoir, Alassane Ouattara avait promis deux cargos de billets de banque alors qu’en la matière, il n’y avait rien d’exceptionnel. En effet, comme n’importe quelle marchandise, les billets de banque sont convoyés par les moyens habituels de locomotion. Ouattara annonça pourtant deux cargos dont l’un spécialement affrétés pour les pièces de monnaie. Et comme s’il parlait à un pays de gogos, il indiqua encore ce jour-là que les billets ainsi transportés depuis les deux cargos étaient de la série A.

Signe que tout changeait déjà !

Or, tous les billets faits pour Abidjan portent la mention A, c’està-dire les initiales de l’ancienne capitale ivoirienne Abidjan. Par exemple, les billets émis par le Burkina Faso portent la mention B, c’est-à-dire Burkina Faso. Bref, il n’y avait rien d’extraordinaire à cela et il n’y avait aucun miracle Ouattara dans les différents cas.

Etait-ce donc bien utile de dire ces choses qui sont, au fond, des banalités pour qui a un minimum d’informations sur le fonctionnement d’un Etat ? Non a priori. Mais dans la galaxie Ouattara, c’était important pour saisir l’imaginaire de certains. Car n’oublions pas que moins de 40% d’Ivoiriens sont alphabétisés. Il faut donc l’avoir à l’esprit pour mieux décrypter ce qui s’est passé hier. Car avant de signer son 85è voyage hors d’Abidjan, Ouattara est allé inaugurer les bus électriques de l’Université d’Abidjan. Deux malheureux bus de 22 places chacun qui doivent transporter les étudiants depuis le CHU de Cocody en passant par l’Université jusqu’au niveau de l’école de police.

Ceux qui connaissent bien la distance séparant les deux entités parlent d’un kilomètre. En souvenir, les étudiants l’avaient baptisée le kilomètre de la honte. Pour mettre un terme à cette bronca, il ya donc désormais deux petits bus électriques. Pour leur inauguration, ils ont été pavoisés aux couleurs ivoiriennes et Ouattara était là, en personne, pour montrer que nous sommes entrés dans la modernité. Après ses nombreux voyages qui ont, enfin, permis à notre pays d’être identifié sur une carte, de son propre aveu, nous voilà enfin entrés dans la modernité grâce à de menus bus électriques offerts par Bolloré. Finies donc les palabres au sein du gouvernement entre ceux qui accusaient le généreux donateur du jour d’avoir soudoyé la haute ouattarandie pour s’emparer de tous nos quais et ceux qui défendaient l’intégrité du grand Blanc.
La réalité, elle, est bien médiocre. Car ce dont il est question dans cette université est le surpeuplement. Après les purges orchestrées en début d’exercice par le ministre Cissé Bacongo, 60.000 étudiants se superposent encore dans les amphis pour suivre les cours.

Les salles de TD sont toujours peu nombreuses et la bureautique la plus élémentaire fait toujours défaut dans certains bâtiments. Pas de téléphone, pas de micro, pas de toilettes… Tout ceci avait fait gerber des étudiants qui s’en étaient pris physiquement, chose plutôt rare, à leur ministre de tutelle, un jour de triste mémoire

A-t-on donc enfin trouvé un début de solution à ces problèmes qui se posent avec acuité ? A-t-on rouvert les résidences universitaires, hormis les réguliers effets d’annonce dont la ouattarandie nous a rendus coutumiers ? Sommes-nous certains qu’en augmentant et les frais d’écolage et les loyers qui passent du simple au double, nous ne devenons pas nousmêmes les fossoyeurs de la tranquillité à l’Université ?

Au demeurant, à quoi servent deux malheureux bus électriques là où il suffirait d’augmenter le nombre des autobus pour rallier les différents quartiers résidentiels ? La réponse coule de source. Il s’agit de mystifier.

Comme chez tous les charlatans du monde, le but de la manœuvre n’est pas de résoudre le problème pour lequel le client s’est déplacé, mais plutôt de lui faire croire que les pouvoirs prêtés au charlatan sont bien réels. Dans le cas qui nous préoccupe, Alassane Ouattara veut nous faire croire qu’il a la vision de faire de l’Université nationale une université américaine et au-delà, de transformer nos vies. D’ailleurs aux premiers coups de pioche des graders, les adophiles avaient essaimé le pays de ce genre de discours lénifiants jusqu’à ce que la réalité les rattrape. Aujourd’hui que le monde entier cherche encore à comprendre comment il a fallu près de 120 milliards pour réhabiliter cette université, Alassane Ouattara tente de nous servir le genre d’entourloupe dont il nous gave depuis plus de deux ans. Que valent en effet deux malheureux bus là où il faut convoyer chez eux en moyenne 20.000 étudiants par jour ? Que valent ce genre de cirques exhibés sous les yeux d’un peuple devant qui on avait justifié la violente prise de pouvoir par la nécessité d’arrêter le réflexe de l’irresponsabilité qui s’était emparé des refondateurs ? Au sujet de l’irresponsabilité, il me semble que nous ayons, en deux ans, purgé tous les records.

Éditorial par Joseph Titi (Aujourd’hui)
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