En Côte d’Ivoire, avancées « insuffisantes » d’une justice « sélective » (FIDH)

 Me Patrick Baudoin de la FIDH le 4 mai 2012 au palais de justice de Paris afp.com/Bertrand Langlois

Me Patrick Baudoin de la FIDH le 4 mai 2012 au palais de justice de Paris
afp.com/Bertrand Langlois

Abidjan – La justice en Côte d’Ivoire est « sélective » et ses avancées « insuffisantes » pour permettre un procès équitable de la crise postélectorale, qui a fait 3.000 morts en 2010-2011, a estimé mardi le président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme Me Patrick Baudouin.

La justice à deux vitesses, ou justice des vainqueurs, est régulièrement dénoncée en Côte d’Ivoire, où seul le camp des pro-Gbagbo est pour l’instant poursuivi, quand aucune personnalité pro-Ouattara ne semble menacée de procès.
« Nous demandons aux autorités ivoiriennes d’accélérer le processus qui vise aussi les présumés responsables du camp pro-Ouattara pour donner une crédibilité, de l’impartialité à cette justice en cours », a déclaré à l’AFP le président de la FIDH.
Me Baudouin s’est rendu à Abidjan pour la présentation d’un rapport sur « la lutte contre l’impunité à la croisée des chemins » co-écrit avec deux ONG ivoiriennes.
La Côte d’Ivoire s’était embrasée après les élections de 2010 quand Laurent Gbagbo, le président sortant, avait refusé de reconnaître la victoire de son adversaire Alassane Ouattara.

D’après un rapport de la Commission nationale d’enquête ivoirienne publié en août 2012, cette crise a fait 3.248 morts, dont 1.452 sont imputables aux forces pro-Gbagbo et 727 aux FRCI (Forces républicaines de Côte d’Ivoire, pro-Ouattara), le reste étant mis à l’actif de forces non conventionnelles.
Seul un membre des FRCI est pour l’instant inculpé, contre environ 70 pro-Gbagbo, selon des chiffres recueillis en juillet par la FIDH et deux ONG ivoiriennes partenaires.
« Les avancées réalisées par la justice ivoirienne sont aujourd’hui insuffisantes pour entrevoir dans un avenir proche un grand procès de la crise postélectorale dans des conditions acceptables », a affirmé Patrick Baudouin.

« Les enquêtes et les procédures judiciaires doivent être considérablement rééquilibrées pour garantir à toutes les victimes le droit à la vérité, à la justice et à la réparation », a-t-il poursuivi.

La justice « sélective » est un « discours à courte vue, qui très vite discréditera les gens au pouvoir, retournera la population contre eux et leur fera perdre les prochaines élections », a averti le président de la FIDH, qui a appelé Abidjan à davantage de « courage politique ».
L’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo est emprisonné à La Haye depuis deux ans, poursuivi pour crime contre l’humanité par la Cour pénale internationale.
Abidjan a refusé le transfèrement à la CPI de sa femme Simone, poursuivie pour les mêmes faits.
Charles Blé Goudé, ancien proche de Laurent Gbagbo incarcéré en Côte d’Ivoire, est également poursuivi par la CPI pour crimes contre l’humanité.

jf/de

AFP

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