Affaire « Fatou Bensouda n’a pas de preuve contre Blé Goudé » attention au syndrome Gbagbo

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(Une analyse de Philippe KOUHON)

A lire les interprétations de certaines presses suite à la conférence de mise en état dans l’affaire Le procureur contre Charles Blé Goudé, qui s’est tenue le jeudi 1 er mai dernier, on se demanderait pourquoi donc transférer un suspect à la Haye pour être jugé des faits a lui reprochés alors qu’il en existe aucun ?
En effet, pour Me Nicolas Kaufman, l’avocat de Charles Blé Goudé, le fait que le procureur Eric Mc Donald plaide pour qu’on lui accorde plus de temps (jusqu’au 6 juin 2014) pour le dépôt de ses éléments de preuves à charges et à décharges à l’encontre de son client, est un aveu de la faiblesse de ces prétendues preuves. « « Étant donné que l’affaire Gbagbo est tellement lente, l’accusation a quand même eu 2 ans et demi en plus pour faire ses enquêtes en ce qui concerne Blé Goudé qui d’après madame le procureur, est d’ailleurs la même affaire que l’affaire Gbagbo à part certains petits détails subalternes. M. Blé Goudé n’a aucune intention de moisir dans la prison de Scheveningen pendant 2 ans et demi. Il veut que la vérité se manifeste immédiatement. Il veut résolument être blanchi. Si madame le procureur ne trouve pas d’éléments à charge contre M. Charles Blé Goudé, c’est que ça n’existe pas. C’est tout » avait martelé Me Kaufman.

Attention au syndrome Gbagbo

Que n’avons-nous pas écrit sur l’affaire Le procureur contre Laurent Gbagbo ? On avait pratiquement terminé son procès avant qu’il ne commence et qui a fini par le blanchir. On a même annoncé qu’il serait en route pour l’Afrique du sud, l’Angola, son village Mama et enfin la Belgique devait l’accueillir, il y a peu de temps. Des murmures annoncent qu’il sera définitivement libéré en Juillet prochain. Le problème est que Laurent Gbagbo est toujours détenu à la prison de Scheveningen et cela depuis 3 ans. Aussi, si le verdict des juges concernant son audience de confirmation des charges est attendu autour du 14 juin 2014, il faudra compter avec les appels des deux parties (Défense et Procureur). Ce qui nous renverrait jusqu’en octobre 2014 pour connaitre véritablement le sort de l’ex président ivoirien. D’ailleurs, selon une source proche de la famille Gbagbo basée à Accra au Ghana, celui-ci aurait refusé tout transfèrement dans un pays tiers fut-il la Belgique en cas de libération provisoire avant une mise en liberté définitive assortie de condition ( Exil doré). Pour l’ancien locataire du palais d’Abidjan-Plateau, seul un procès devait lui permettre de dire un certain nombre de vérité qu’il n’a pu dire lors de son audience de confirmation de charges en février 2013. On comprend là que c’est au moment où l’intéressé himself, est décidé à aller jusqu’au bout avec la CPI et ses mises en accusation que certains de ses partisans émotifs continuent de s’exhiber comme pour tromper la vigilance des mieux avertis.
Les juges de la CPI ne cessent de le dire : Gbagbo n’obtiendra pas de libération provisoire par ce qu’il a trop de soutien extérieur, et qu’il n’est pas certain que celui-ci réponde à la convocation de la CPI au moment voulu. Mais pendant trois ans, ce message n’a pu empêcher des milliers de ses partisans à envahir les artères de Paris, la Haye, Bruxelles, Milan, Turin, Washington ect…Comme si quelqu’un était contre cette libération provisoire. Et comme l’histoire se répète toujours, Charles Blé Goudé risque de connaître le même sort que son mentor.
A peine il est transféré à la CPI que des tee-shirts à son effigie, gadgets, manifestations et voyages à la Haye sont programmés. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on ne sera pas étonné si un jour les juges lui refusent la liberté provisoire. Mieux on veut nous faire croire que l’affaire Blé Goudé est isolée à celle de Laurent Gbagbo.

Ce qu’il faut retenir :
L’ex président ivoirien, Laurent Gbagbo est à la Haye depuis le 29 novembre 2011. La justice internationale lui reproche d’avoir engagé sa responsabilité pénale individuelle en tant que co auteur indirect dans la commission de crime contre l’humanité ayant entrainé la mort de 3000 personnes pendant les violences survenues lors de la crise post électorale entre novembre 2010 et mai 2011. Pour le procureur, Laurent Gbagbo aurait planifié et organisé une politique d’attaque généralisée sur des civils proche de Alassane Ouattara, son rival politique en Côte d’ivoire. Aussi, Gbagbo et son entourage immédiat qui comprend notamment, son épouse Simone Gbagbo, Charles Blé Goudé et divers membres de la galaxie patriotique, des hommes politiques et des hauts dirigeants des forces pro-Gbagbo, constitueraient cette organisation. Enfin, il existerait un plan commun entre Gbagbo et les membres de son entourage immédiat. D’ailleurs, selon le procureur, la mise en œuvre du plan commun aurait été exécutée par une structure organisée comprenant les FDS et renforcée par des jeunes miliciens et des mercenaires. Pour le procureur, les jeunes Miliciens étaient ni plus ni moins les groupes de soutien de Gbagbo, regroupés au sein d’une grande organisation appelée, la galaxie patriotique. Selon le DCC du procureur rendu le 25 janvier 2013 en vue de l’audience de confirmation des charges contre Laurent Gbagbo, « Charles Blé Goudé était le véritable chef de la galaxie patriotique ».

En clair, Charles Blé Goudé fait partie de la chaine de commandement qui aurait pour chef hiérarchique, Laurent Gbagbo.

En plus de cette qualité, Charles Blé Goudé est aussi accusé par la CPI de crime contre l’humanité avec les mêmes charges retenues contre Laurent Gbagbo.
Ce qui signifie qu’on ne peut dissocier l’affaire Gbagbo de celle de Blé Goudé. On comprend aisément pourquoi dans le cas Blé Goudé, le procureur ne peut faire intervenir plus de témoins qu’il en a déjà dans le cas Gbagbo. En outre, si le transfèrement de Blé Goudé est une suite logique de l’affaire Gbagbo, il sera difficile pour les juges de dégager la responsabilité pénale individuelle des deux concomitamment. A moins que Charles Blé Goudé soit cité comme l’un des témoins dans l’affaire le procureur contre Laurent Gbagbo et vis versa. Il va donc falloir juger les deux cas séparément pour en déduire la responsabilité pénale individuelle de chacun au titre de l’article 25 (a) et (b) ou de l’article 28 des statuts de Rome.

Et comme on l’avu avec le dossier Gbagbo, avec ces multiples reports d’audience de confirmation des charges (3 fois), on est en droit de dire que l’affaire Le procureur contre Charles Blé Goudé pourrait prendre énormément du temps. Car il serait impensable qu’on transfère Charles Blé Goudé ou qu’on insiste à transférer Simone Gbagbo à la Haye pour espérer libérer Laurent Gbagbo le lendemain.

Enfin, soit, les juges infirment les charges retenues contre Laurent Gbagbo dès juin et que cette infirmation est confirmée par la chambre d’appel en octobre, dans ce cas, Charles Blé Goudé a des chances de voir lui aussi ses charges être infirmée 4 mois après le 18 août (date de l’audience de confirmation), c’est-à-dire fin 2014 ou début 2015. Dans le cas contraire, si Gbagbo part en procès dès octobre 2014 avec la confirmation des charges en juin puis en appel en octobre, il est probable que Charles Blé Goudé soit aussi renvoyé en procès lui aussi début 2015.
Et pour qui connait la lenteur des procès au pénal, il faudra au minimum 5 ans pour voir une affaire trancher. Pour exemple, l’affaire Jean Pierre Bemba date de 2007. Son procès n’a démarré qu’en 2010 et n’est pas prêt de finir avec une nouvelle affaire qui est intervenue récemment en novembre 2013 et concernant des atteintes présumées à l’administration de la justice…

Conclusion

Au vu de ce qui précède, il serait intelligent de faire profil bas dans le cas Charles Blé Goudé, pour ne plus agacer ni Laurent Gbagbo ni le bureau du procureur encore moins les juges de la chambre préliminaire I. Personne n’ayant l’agenda judiciaire des deux cas, tout le monde gagnerait à plus tôt collecter des preuves à décharges contre nos deux compatriotes afin de rendre leur défense plus béton et espérer une libération digne. Car la Côte d’Ivoire ne méritant pas ce qui lui arrive en ce moment, ce peuple si accueillant et paisible a bien besoin d’un vivre ensemble sans tache. Les juges de la CPI devraient tirer toutes les conséquences de l’issue de ces deux affaires afin de garantir une paix durable dans notre pays.

Philippe KOUHON/ Journaliste d’Investigation
Diaspo Tv
Mail : pkouhon@gmail.com
Tél : 00336 47736264

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