Comment les journaux bleus ont vendu de fausses illusions aux militants proGbagbo
Nombreux sont les militants du Front populaire ivoirien et les partisans de l’ancien président qui ont pris jeudi en pleine figure l’information de la confirmation des charges contre leur mentor à La Haye. Si les analystes politiques avertis et les frontistes réalistes savaient que pour le rôle qu’il a joué pendant la crise postélectorale et pour avoir voulu défier la planète entière, il serait difficile, voire illusoire pour Laurent Gbagbo de s’en sortir à La Haye, il n’en est pas de même pour les journaux proches de l’ancien pouvoir et aussi pour certains cadres du Front. Malgré la détermination de la justice internationale, les cadres du Fpi continuaient de dire aux militants que rien ne serait retenu contre leur président et que Laurent Gbagbo allait revenir dans son pays parce qu’il est blanc comme neige. Le jour où la sentence est tombée à La Haye, les journaux bleus ont prédit en chœur le retour triomphal du Woody de Mama sur les bords de la lagune Ebrié. « Gbagbo reviendra en triomphe comme Mandela », «Le Monde entier retient son souffle », « Pourquoi la Cpi libère Gbagbo demain », pouvait-on lire jeudi, à la Une des principaux journaux proches de l’ancien parti au pouvoir. Contre toute attente, après ces assurances données le même jour, l’information tombe dans l’après-midi du même jeudi et annonce la confirmation des charges. Pour plusieurs frontistes, cette information ressentie comme un coup de poignard est venue ruiner tout leurs espoirs de voir leur Gbagbo revenir au pays. Mais à l’analyse, sur quoi se sont fondés ces confrères pour annoncer avec 100% de certitude que l’ancien président regagnerait Abidjan ce week-end?Que peuvent valablement faire des articles de presse qui ne sont pas lus aux Pays-Bas dans une procédure judiciaire, surtout quand il s’agit de la justice internationale? Ces confrères pensaient-ils pouvoir influencer les juges en barrant chaque jour à la Une de leurs journaux que Gbagbo allait être libéré?Ce sont là autant de questions qui laissent entrevoir que les journaux bleus sont en partie à la base de la désillusion des militants qui prenaient pourtant leurs écrits pour argent comptant.
Les militants en colère…
Au lendemain du transfèrement de Laurent Gbagbo, durement ressenti par ses ouailles, ce type d’écrits était bon pour entretenir le moral de la troupe. Mais quand on connaît le fonctionnement de la justice internationale et le contexte dans lequel l’ancien président a été transféré, les journaux bleus ont fini par dérouter les militants du Fpi en annonçant chaque jour la libération de Laurent Gbagbo et son retour en Côte d’Ivoire. Mais ces organes proches de l’ancien régime ne sont pas les seuls à avoir ‘‘tué’’ les militants. Les cadres de la haute direction du parti qui, àchacune de leur rencontre avec la base demandaient aux militants de préparer leur mouton et leur ‘‘bandji’’ pour célébrer le retour du Woody sont aussi responsables de cette désillusion. Au lieu de chercher à repositionner le parti dans la perspective des prochaines échéances électorales, Affi et les siens ont passé le clair de leur temps à utiliser le nom de Laurent Gbagbo comme fonds commerce pour leur repositionnement. A un certain moment, l’on a eu l’impression qu’au Fpi, celui qui, au cours de son meeting, ne disait pas que Gbagbo reviendrait cette année, était contre le parti et contre Laurent Gbagbo lui-même. Et pourtant, Affi et les siens qui sont des intellectuels et qui connaissent le fonctionnement des juridictions internationales savent en leur âme et conscience que Gbagbo ne reviendrait pas au pays, en tout cas pas ces temps-ci. Mais ces cadres ont passé leur temps à mener leurs militants en bateau. Mais aujourd’hui, l’implacable réalité est là. Avec quel message irontils à nouveau vers ces mêmes militants avec la confirmation des charges de Laurent Gbagbo ? Le moins qu’on puisse dire, c’est que les militants qui sont actuellement très remontés contre ces agissements attendent de pied ferme les membres de la direction du FPI a qui ils demandent des explications sur cette campagne mensongère et opportuniste sur le dos de Laurent Gbagbo.
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L’Expression
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