Côte d’ivoire – pour Amani Nguessan Michel (FPI) le désarmement c’est de « la comédie »

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Côte d’Ivoire : Opération de désarmement, démobilisation et réinsertion

Amani Nguessan Michel (FPI) : « C’est de la comédie. Seul le dialogue politique peut résoudre le problème »

L’Autorité pour le Désarmement, la Démobilisation et la Réintégration (ADDR) pilotée par le professeur Fidèle Sarassoro a convié les partis politiques à une cérémonie de présentation du processus de DDR avec la visite d’un site de resocialisation dans le village de Kouassi N’dawa. C’était ce samedi 12 juillet 2014 à Bondoukou à l’Est de la Côte d’ivoire.

Etaient de la délégation venue d’Abidjan, Les ministres Sidiki Konaté, Amani Nguessan Michel et Kouassi Lenoir qui représentaient respectivement le RDR, le FPI et le PDCI.

La cérémonie a réuni outre, les partis politiques, les partenaires français et américains très impliqués dans la recherche de solution sur la question très sensible et hautement délicate du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration de tous les ex-combattants des différentes crises dans notre pays. Aussi, alors que les représentants des partis politiques foulent le sol de Bondoukou sur le coup de 10h GMT, qu’une photo postée sur le mur facebook du Ministre Sidiki Konaté montrant les trois hommes politiques côte-à-côte enflamme la toile. «… Sur ce, il faudrait que le FPI (qui coordonne la lutte) définisse clairement sa démarche pour que les Résistants sachent à quoi s’en tenir hein. Parce que là là, certains paraissent dans un flou artistique tandis que d’autres avancent clairement » commente le journaliste Saint Claver Oula.

Tout récemment c’est le président fondateur du Cri Panafricain, Abel Naki qui a été interpellé publiquement par ses camarades de la résistance ivoirienne de France à propos d’une photo qu’il a prise avec le professeur Franklin Nyamsi, un proche de Guillaume Soro.

Poser aujourd’hui en photo ou participer à une rencontre avec les tenants du pouvoir d’Abidjan est vu dans le milieu pro-Gbagbo comme une trahison.
Pour avoir le cœur net, Africa Tv a joint au téléphone, le Ministre Amani Nguessan Michel depuis Bondoukou. Voici les raisons de la présence du FPI à cette cérémonie de l’ADDR : « D’un régime à l’autre, les mêmes projets ambitieux sont réalisés. Malheureusement après le DDR sous Laurent Gbagbo, il y a eu la crise. Ce, à quoi nous assistons aujourd’hui est de la pure comédie. Comment obliger quelqu’un qui a son arme sous sa natte dans son campement à venir la déposer ? Pour nous, le DDR qui ne prend pas en compte la dimension politique connaitra toujours un échec. Pour nous c’est par le dialogue politique et un consensus autour du projet DDR que celui-ci peut aboutir, car comment veut-on que les ex combattants proche de l’ancien régime viennent déposer les armes sans avoir peur ? Il faut plutôt commencer par le dialogue avec les leaders d’opinion, qui eux à leur tour mettront en confiance leurs hommes, qu’on soit au pouvoir comme dans l’opposition » a dit l’émissaire de Pascal Affi Nguessan. Et d’ajouter : « Il faut bien qu’on soit avec eux pour mieux comprendre leur fonctionnement. La question de la sécurité est une affaire de tous. Nous avons nos militants partout sur tout le territoire national. Il est important pour un parti politique sérieux de savoir qui porte les armes, qui en a le droit et qui n’en a pas. »

De son côté, le nouveau secrétaire général adjoint du RDR chargé des syndicats, de la société civile et du monde associatif Sidiki Konaté et qui représentait à cette cérémonie le secrétaire général du parti, s’est dit très heureux de la présence du PDCI et du FPI à cette cérémonie : « Je salue la présence de ces deux grandes personnalités, qui en son temps ont eu à gérer les questions sécuritaires pour le compte de leurs partis respectifs. Cela signifie qu’on peut avoir nos divergences au niveau politique, mais capable de trouver ensemble les solutions quand il s’agit de notre sécurité. Le FPI ne doit pas seulement s’intéresser aux questions électorales. Les questions liées à la sécurisation de nos populations doivent aussi les intéresser. La question du désarmement est aussi un problème de cohésion sociale et de stabilité. C’est une question qui va au-delà des considérations politiques. Enfin, il faut retenir que nous avons la chance d’avoir à nos côtés nos partenaires de l’ONUCI et les bailleurs de fonds qui sont très impliqués dans ce processus de DDR ».

Notons que depuis le début du processus, l’ADDR a pu recenser 74 000 ex combattants ( Fafn, Milices, groupes d’auto défense, ex associés aux FRCI).
L’ADDR qui avait annoncé 27 000 ex combattants désarmés et réinsérés en 2013 et 40 000 en 2014, soit 90% des objectifs a revu à Bondoukou, ce chiffre à la baisse, parlant de 38% seulement des objectifs atteints.

Créée par décret N° 2012-786 du 08 aout 2012, l’Autorité pour le Désarmement, la Démobilisation, la Réinsertion, la Réintégration socio-économique des Ex-Combattants (ADDR), est placée sous l’autorité du Conseil National de Sécurité (CNS) présidé par le Président de la République.
L’ADDR a pour mission de contribuer à la restauration de la sécurité, à la consolidation de la paix, à la réconciliation et au développement en Côte d’Ivoire.
L’ADDR est l’unique organe national chargé de l’orientation générale, la coordination, la supervision et l’exécution des actions de Désarmement, de Démobilisation, de Réinsertion, de Réintégration socio-économique des Ex-Combattants ainsi que la réhabilitation communautaire dans les zones d’accueil des ex-combattants.

De 5 sites sous le régime de Laurent Gbagbo, ces sites sont portés à neuf (9) et sont disséminés sur l’ensemble du territoire national, notamment dans les villes de Bouaké (centre), Séguéla ( nord), Guiglo (ouest), Korhogo (nord), Bouna (nord-est), Abengourou (est), Man (ouest), San-Pedro (sud-ouest) et dans la capitale Abidjan. Les démobilisés sont pour la plupart réinsérés dans les projets de développements communautaires, à la SODEFOR et à l’Office national de la protection civile (ONPC).

Dans notre prochaine publication nous vous proposerons le témoignage d’un ex commandant des forces pro-Gbagbo, aujourd’hui exilé et qui ne croit pas à cette opération de désarmement. Il revient pour nous sur la cérémonie de remise des armes au gouvernement Ouattara qui a eu lieu le vendredi 29 avril 2011 à Yopougon. Pour lui malgré la présence à cette cérémonie du général Philippe Mangou, des Forces Nouvelles, de la Licorne, de l’Onuci et des chefs des différentes milices pro-Ouattara, les tueries et autres chasses aux pro-Gbagbo n’ont pas manqué.

Philippe Kouhon/ journaliste d’Investigation
Africa Tv
Tél : 00336 47736264
Mail : pkouhon@gmail.com

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