Côte d’Ivoire – Pour l’ex international Diabaté Lassina « Des joueurs ont atteint la limite d’âge de la sélection »

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L’ancien milieu de terrain des Éléphants, s’est invité dans le débat sur les problèmes de la sélection nationale. Présentement, responsable d’une société d’évènementiel sportif à Bordeaux (France) et membre du réseau Premium des chefs d’entreprises, il alerte les autorités sur l’urgence des décisions à prendre chez les Éléphants.

Quels commentaires faîtes-vous du débat qui a cours sur la nomination d’un nouvel entraîneur de la sélection nationale ?

Dans un premier temps, il faut bien analyser le contexte dans lequel notre équipe nationale se trouve aujourd’hui. Et comprendre l’historique de cette équipe. De sorte à mieux cerner tous les facteurs qui ont poussé des entraîneurs à lâcher l’équipe. Ou encore des entraîneurs qui sont demis de leur fonction. Et j’estime que la dernière génération de notre sélection nationale a participé à trois fois successivement aux phases finales de Coupe du monde. Et qu’elle est régulièrement engagée aux compétitions de Coupe d’Afrique avec deux finales perdue (en 2006 et 2012), c’est qu’on peut maintenant se poser la question de savoir s’il ne faut pas faire un break pour mieux comprendre ce qui n’a pas marché. Surtout que nous avons des joueurs de grandes qualités sur le plan international. Et mon analyse est de se demande si beaucoup de joueurs n’ont pas atteints aujourd’hui la limite d’âge. Il faut aussi se demander si les conditions ont toujours été réunies pour avoir les meilleurs résultats. Si nous trouvons réponses à ces préoccupations. C’est d’autant plus préoccupant que lorsqu’on n’arrive pas remporter une coupe d’Afrique ou encore à passer le premier tour du Mondial, cela voudra dire qu’il y a eu échec. Il ne faut pas se le cacher et il faut alerter tout le monde. Sinon…

Sur quoi faut-il justement alerté les puristes et amateurs du football ivoirien. Est-ce de faire la rupture totale ?

De toutes les façons, il y a toujours une révolution à faire quand il s’agit de changer. Dans tous les domaines d’activités, il y a la limite de l’âge. Et lorsque cela arrive c’est implacable. On doit pouvoir arrêter. Sinon, nous autres, aurions continué. Il faut donc prendre conscience qu’il y a des jeunes joueurs qui sont talentueux .Il faut les mettre dans la danse. Ils méritent d’être appelés en sélection. Je répète encore qu’aujourd’hui, la limite de l’âge arrive pour certains joueurs. Ils ont rendu énormément de service au football ivoirien pendant ces dix dernières années. De sorte que la Côte d’Ivoire fassee partie des deux voire trois meilleures équipe d’Afrique. Tant mieux. Mais, nous devons passer à autres choses. Celle de permettre à plusieurs joueurs de tirer leur révérence. Et leur rendre tous les honneurs. Et de préparer à moyen et à long terme une autre génération. Ne nous précipitons pas. Ne nous mettons pas la pression. Il ne sert à rien de courir, il faut plutôt bien partir. Le succès d’une sélection nationale passera forcement par un autre sursaut. Avec eux, nous avons voulu tellement des résultats que nous avons sauté beaucoup d’étapes dans la mise en place effective d’un groupe conquérant et solide.

Comment est-ce que les remplacer donc… Faut-il faire par exemple confiance à certains joueurs sur le plan local. Surtout l’équipe nationale a pour ossature les joueurs internationaux ?

C’est presque un passage obligé, même s’il faut profondément mener la réflexion. Il n’y a qu’à voir ce que Stephen Keshi a réussi avec le Nigeria ou encore ce que l’Égypte a toujours fait. Puisque ce qui fait la force du football africain, ce sont les joueurs qui jouent sur le plan local. On ne le souligne pas assez souvent, même si le pouvoir économique du football mondial se retrouve en Europe. Ce qui attire tous les talents vers ce continent. C’est donc dire que nos jeunes talents qui sont dans les clubs africains, doivent être épanouit financièrement. De sorte à les garder surplace et à les travailler pour la sélection nationale. Il y a aussi le fait qu’il faut des entraîneurs qui sont issus du cru africain qu’il faut recruter. Un entraîneur africain, je le pense, comprendra mieux l’environnement dans lequel vit son joueur. Je ne comprends pas pourquoi nous nous évertuons à aller chercher des entraîneurs expatrié alors qu’ils n’ont fait que cumuler des échecs pendant des années. Même si certains n’ont pu aboutir à leur projet. Il faudrait par conséquent que l’instance fédérale comprenne que le football ivoirien ne doit pas être géré par une poignée de personnes. Qui se passe le témoin à tour de rôle. Et à la fin, c’est le même constat.

N’est-ce pas un piège de croire qu’il suffit d’avoir dans la sélection nationale des joueurs de grandes renommée pour glaner des trophées ?

C’est effectivement un gros piège pour nous. Dans la mesure où leur présence dans l’effectif, nous met plus de pression. C’est vrai que beaucoup d’observateurs diront que nous n’avons pas eu de chance. Mais moi, je dirais que nous n’avons pas eu d’audace et de cran. C’est cela qui a manqué à cette génération pour aller chercher un trophée majeur. Il faut des joueurs qui ont soif, qui ont faim. Et qui ont cette envie d’aller chercher un titre majeur. C’est vrai qu’on parlera de valeur intrinsèque des joueurs. Mais, au-delà des qualités techniques, au football, il faut avoir quelque chose d’autre pour pouvoir gagner. Dans un groupe, une sélection nationale, il faut l’esprit d’équipe. Et en plus de cela, il faut avoir l’envie de remporter un trophée. Et c’est qui a manqué à cette génération. Je pense qu’ils ne regardaient pas dans le même sens.

Vous souhaitez qu’on travaille pour du moyen ou du long terme. Et pourtant, les débuts des éliminatoires de la Can 2015 sont pour le mois de Septembre. Faut-il exclure cette étape des priorités ?

Je disais qu’il faut savoir courir et ne pas se précipiter. Nous sommes tous conscient que la rupture est inévitable. En même temps, nous nous disons que pour ces éliminatoires de la Can 2015, nous jouerons dans la même poule avec deux grosses écuries : le Cameroun et la RD Congo. Si nous décidons de continuer avec l’ancien groupe et que la qualification n’aboutit pas, cela sera un choc moral plus grand. Par contre, planifier la chose de manière à rebondir efficacement après cet échec au dernier Mondial. C’est la chose à réussir. 2015 devra être pour nous une transition. De sorte qu’en recrutant d’autres jeunes, nous pourrons leur dire sans pression que si vous passer ce cap, ce sera bien. Mais, si ce n’est pas le cas, on aura pu les préparer pour 2017 et 2018. Je pense très honnêtement que ces deux dates sont d’autant plus importantes pour la planification des enjeux de notre sélection, qu’elles coïncident avec la Can 2017 et la prochaine coupe du Monde en Russie. Je le dis de sorte que nous savons tous que ce n’est pas l’actuelle génération qui sera présente. Et donc, il faut dès maintenant préparer une autre qui sera aguerries à cette période. Du fait que de 2016 à 2018, se disputeront à la fois, les éliminatoires de la Can 2017 et du Mondial 2018. Il ne faudrait donc pas qu’on parte dans l’euphorie à la Can 2015 et lorsqu’il y aura encore un échec (Ce que je ne souhaite d’ailleurs pas) qu’on se dise qu’il faut se lancer encore et aveuglement pour 2017. Le football, c’est du temps, c’est du travail et après l’endurance permet de remporter de grandes victoires. C’est la seule chose que l’Allemagne nous a enseigné lors de la dernière Coupe du monde. Et c’est inéluctable ! Il ne s’agit pas de changer des entraîneurs chaque deux an et de se dire qu’on a trouvé des boucs émissaires…

Les changements intempestifs d’entraîneurs ne seront-ils pas des obstacles à ses visions ?

Je n’ai jamais vu un grand pays de football et qui veut se construire dans la durée, ce rythme (qui est même régulier) de changement d’entraîneur. Qu’est-ce que nous recherchons donc ? Au football, il est impossible de gagner si ça ne fonctionne pas sur la durée. Qu’est-ce que nous a empêché de savoir par exemple et cela depuis deux années, que le contrat de Sabri Lamouchi arriverait à terme. Et qu’il fallait réfléchir, anticiper à la conduite à tenir pour le futur. Je suis aujourd’hui étonné qu’on mette en place dans la précipitation un Comité pour le choix du nouveau sélectionneur. On aurait pu le faire depuis longtemps selon que la feuille de route définirait le profil à moyen et long terme du nouveau sélectionneur ou du collège d’entraîneur. Je pense qu’il faut donner une marge de manœuvre de quatre ans à un sélectionneur pour construire. Et il faut lui faire totalement confiance. Ne nous attendons pas au miracle au football, surtout qu’on ne permet pas aux entraîneurs de faire plus de deux années à la tête de la sélection nationale. Regardons bien et analysons bien, ce qu’est le football aujourd’hui. Il est pratiquement du domaine scientifique. Ou il n’y a pas de hasard. Il faut donc que les sportifs ivoiriens prennent de la hauteur et comprenne que le football ce sont des objectifs précis à atteindre. Et que sans avoir gagné le Coupe du monde 2014, le Costa Rica par exemple a atteint ses objectifs. De même que la France qui en faisait un tournoi de transition en visant l’Euro 2016… Ne soyons donc pas surpris de voir ses pays atteindre leur vitesse de croisière dans les prochaines années. Là où peut-être nous serons à toujours chercher à savoir pourquoi nous n’avons pas évolué.

Quel appel lancez-vous donc au Comité qui a en charge de choisir le nouveau sélectionneur ?

Le problème pour moi, n’est pas à ce niveau. Je me pose encore la même question. Comment la Côte d’Ivoire. Ce grand pays de football est capable d’aller chercher en fonction de ses objectifs, un grand technicien. Que de s’assoir et faire un appel à candidature, de faire durer le suspense…Ainsi de suite. Si nous ne sommes pas capables de savoir le technicien qu’on veut et qu’il faut, que de faire des appels à candidature. Dès lors qu’on est considéré comme une grande nation de football, on se doit d’avoir un certain comportement sur l’échiquier international. Je désapprouve ce genre de casting. Parce que tout ce qui est fait dans la précipitation, on le fait mal. Par contre, le Comité est composé d’hommes expérimentés et il faut choisir des entraîneurs. Qui va s’engager pour la durée…Plus qu’il faut des gens qui vont travailler dans la sérénité. Le football n’est pas seulement l’affaire de la fédération. Au plus haut niveau de la pyramide, ça concerne la nation. Et chacun doit s’investir de manière consensuelle.

Réalisée par téléphone par ADAM KHALI
Fraternité Matin

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