Côte d’Ivoire – Afrique, Méditons sur notre vécu et notre devenir

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Une contribution de Claude KOUDOU
Analyste politique

La situation douloureuse que traverse notre pays, de jour en jour, renforce en nous des convictions ou affaiblit en nous certaines impressions lorsque celles-ci méritent de connaître un examen plus soutenu. Il reste que sur le chemin que nous faisons, nous sommes davantage édifiés sur le fait que nombre de ceux à qui Laurent Gbagbo a fait confiance en les promouvant, et qui ont contribué ensuite – par félonie, ou par des positionnements intéressés – à nous conduire dans le trou abyssal que nous connaissons, sont toujours égaux à eux-mêmes. En effet, malgré toutes les atrocités que leurs assurances, leurs suffisances, leurs méprises et leurs négligences ont contribuées à causer, ces camarades nous montrent encore chaque jour qu’ils ne veulent pas changer et que leurs paroles mielleuses qui appellent à la cohésion ne sont que feintes et roublardises.
Nous avons fait tout ce qu’il faut pour soutenir et encourager nos leaders dans les différentes épreuves. Mais ces camarades pensent qu’ils peuvent encore nous traiter comme ce fut le cas dans une période antérieure et récente. De quoi s’agit-il ? Voilà un pays dont le président constitutionnellement désigné, a vu sa résidence bombardée, pendant qu’il y était avec plusieurs de ses proches. Dès qu’il a été déporté à La Haye, le bal des danseurs en zigzag a commencé ; ces acrobates ont joué les « essuie-glaces » jusqu’à nous dévoiler en définitive qui ils sont réellement. Et certains pensent qu’on devrait sous prétexte de la cohésion, encore tolérer ces hommes et femmes honteux. Ils pensent qu’il faut aller à la compromission parce qu’on n’a pas la force. Ils pensent qu’on peut tout brader, y compris nos convictions parce qu’il faut aller à la paix. Oui ! La paix. Mais quelle paix ? S’agit-il vraiment de la paix ! La réalité est que nombre de ces camarades s’abaissent à cause de « la platitude de ventres » qu’ils voudraient encore voir un peu plus bombés. Car ce serait autrement s’il s’agissait réellement de la paix ! Parmi eux, certains ont un goût immodéré du luxe et un rapport incestueux avec l’argent.

Pour faire simple, il faudrait répondre à nos camarades que personne n’est contre les discussions puisque Laurent Gbagbo lui-même prône et soutient le dialogue, d’où son « essayons-nous pour discuter ». Mais le problème, c’est que ceux qui sont en face n’ont jamais donné de gage de bonne volonté pour des discussions pouvant aboutir à une paix durable.
Dans ces conditions, il faut revendiquer nos droits. Et des moyens sont disponibles. Ils sont démocratiques. D’abord, l’environnement socio-politique en Côte d’Ivoire montre qu’en plus de son illégitimité, l’impopularité du pouvoir en place est manifeste. Son incompétence, sa politique de « rattrapage ethnique », son élan de favoritisme et de népotisme adossé à un niveau de corruption inégalé, fait un grand lit pour une opposition à qui il ne reste plus qu’à avoir un leader avec une vision inébranlable. Nous constatons que ceux qui sont contre la politique actuelle sont les plus nombreux dans ce pays.
Pourquoi le président du FPI fait-il le choix de discuter autour de cette CEI qui n’est qu’une machine « attrape-nigaud » ? Toute la Côte d’Ivoire regarde le FPI. Ce parti doit en être conscient. Ce parti a vu les comptes de ces militants et/ou de ses soutiens gelés. Et il a tenu. Ce n’est donc pas le moment de brouiller sa base. Il faut pour cela au FPI un leader qui ne louvoie pas ; mais un homme ou une femme capable de prendre l’initiative de rassembler dans un vaste creuset, tous ceux qui sont mécontents de la politique actuelle. Une fois cette étape franchie, il faut parler au peuple pour descendre dans la rue avec lui. Il faut que nos débats soient décomplexés pour intégrer que le FPI à lui tout seul ne peut pas changer la situation politique actuelle.

Il faut faire travailler ensemble – quels que soient les clivages d’hier et même d’aujourd’hui – tous ceux qui veulent le changement. Et le ciment pour cristalliser l’élan de toute cette masse, doit être la bataille sur la CEI. Cette commission doit être réellement indépendante. Après tout ce que le pays a connu et continue de connaître ; après cette guerre, la CEI en Côte d’Ivoire – qui doit avoir l’adhésion de tous – est celle qui pourrait approcher le fonctionnement d’un ministère de l’intérieur en Occident, pour ce qui est des opérations électorales. Il faut une CEI en laquelle tous les candidats ont confiance. Cela contribuera à tranquilliser les différents candidats et le peuple. C’est pourquoi la bataille du FPI doit se concentrer sur une CEI qui satisfait les Ivoiriens. Après de bonnes élections, viendra le moment de voir comment chaque espace qui a contribué au changement sera représenté sur l’échiquier politique. C’est cela l’expression de la démocratie. C’est pourquoi, un rafistolage que ceux qu’on appelle abusivement « modérés » devrait cautionner, doit être combattu avec la plus grande énergie. Certains veulent accompagner Ouattara en 2015 pour que les « maîtres-blancs » les adoubent en 2020. Ceux-là se battent pour leur intérêt personnel et non pour le peuple. Ceux-là évitent que nous descendions dans la rue en Côte d’Ivoire. Ceux-là ne veulent pas apparaître comme ceux qui troublent la gouvernance de Ouattara. Ceux-là respectent ainsi leur contrat passé dans notre dos, avec leurs maîtres en Occident. Or Hollande trouve que la Côte d’Ivoire peut être citée en exemple. Ce qui suppose que tout ce qu’un Etat de droit permet, peut s’y faire notamment des marches, des meetings, etc.

Abraham Lincoln disait :  » On peut tromper tout le peuple un certain temps, ou certaines personnes tout le temps, mais on ne peut pas tromper tout le monde, tout le temps « . Ainsi, après avoir longtemps suivi, par solidarité la ligne de ces camarades, nous pensons que « la coupe est pleine ». Il faut par ailleurs rappeler que le FPI a toujours remporté des victoires par la rue. Et parce que la configuration est ce qu’elle est aujourd’hui, ce parti doit s’ouvrir pour que sa capacité d’entraînement dépasse les clivages. En fait, lorsque nous écoutons les Ivoiriens, il ressort qu’ils veulent la paix. Mais pas au prix d’arrangements éphémères et plutôt intéressés. D’ailleurs, les Ivoiriens sont devenus beaucoup plus rigoureux qu’il n’y paraît. Il convient de s’en rendre compte et le considérer.

Nous attendons la direction du FPI dans la rue et non dans la rhétorique qui ne mènera nulle part. Il est temps que la société civile qui a été l’alliée de Macky Sall au Sénégal, lève de la voix pour se faire entendre de cette classe politique qui s’affaire dans sa bulle, pendant que le peuple qui se paupérise, est en proie à un attentisme sans fin.

Claude KOUDOU

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