Côte-d’Ivoire – Cherté de la vie, emplois-jeunes, logements…ces réalités qui trahissent le discours de Ouattara !

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Le grand oral du président de la République Alassane Ouattara ce mercredi 07 aout 2014 à l’occasion du 54ème anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire a laissé plusieurs ivoiriens très perplexes sur certaines questions de fond que le Chef de l’Etat a soigneusement pris le soins d’éviter, ou du moins d’embellir, pour ne pas laisser l’impression d’un échec, après trois bonnes années passées à la tête de l’Etat ivoirien. Au titre de ces questions brulantes qui préoccupent la grande majorité des ivoiriens, se trouve en bonne place celle de la cherté de la vie en Côte d’Ivoire, depuis son accession au pourvoir d’Etat, le phénomène insaisissable du racket, tant au niveau des forces de l’ordre que de l’administration, l’emploi-jeune, épine dorsale de son programme de gouvernement, les difficultés d’accès au logement et enfin le problème du transport en Côte d’Ivoire. Dans son adresse à la nation où il était soumis aux questions de deux journalistes de la RTI, et répondant à leur préoccupation sur la cherté de la vie qui frappe de plein fouet la majorité des foyers, le Président Ouattara a fait savoir que des « mesures vigoureuses  » seraient prises en septembre prochain pour faire face à la situation. Or justement, ce n’est pas la première fois que le gouvernement s’attaque à ce phénomène.

Les stratégies pour réduire le coût très élevé de la vie ont déjà fait l’objet de plusieurs travaux au sein, tant bien du gouvernement que de la société civile, sans pour autant donner des résultats probants. La dernière grande rencontre en date autour de cette cherté de la vie reste le séminaire organisé parle gouvernement ivoirien le vendredi 25 avril dernier à la salle des pas perdus de la présidence de la République pour justement plancher sur cette question. Quelles ont été les résolutions prises après ce énième séminaire? Ont-elles été appliquées sur le terrain et quelles ont été les résultats de dette opération? Bien malin qui pourrait répondre à ces questions.

Mais pendant ce temps, les prix sur les marchés, eux n’attendent pas les séminaires. Le prix de la viande de bœuf se négocie aujourd’hui à 2200 FCFA le Kg avec les os et 2400 FCFA sans les os, quand le poulet se présente aujourd’hui comme nourriture de luxe à prix minimum de 3000 FCFA. Outre le Riz dont le pays reste dépendant de l’extérieur, les produits vivriers et maraichers connaissent eux aussi une flambée sur les marchés du fait principalement des forces de l’ordre qui ont fait du racket un mode de vie. Le coût de l’électricité, pourtant exporté par la Côte d’Ivoire vers le Burkina Faso et le Ghana, vient d’être rehaussé avec la résiliation de la subvention de l’Etat sur les compteurs de 5 ampères. L’ivoirien payera donc le prix du KW/H à 65 FCFA au lieu de 35 FCFA. Dans le transport, le coût du super sans plomb vient tout juste d’être rehaussé de 15 précieux francs CFA. Des faits qui ont été volontairement passés sous silence par le Chef de l’Etat lors de son adresse aux ivoiriens. Dans le transport routier, la Côte d’Ivoire semble être assise sur un volcan endormi. Car les dernières reformes dans ce secteur appelées « reformes Gaoussou Touré » du nom du Ministre des Transport, avec l’augmentation du coût du permis de conduire et le péage sur l’autoroute du nord qui relie Abidjan à la majorité des villes de l’intérieur, qui semble être resté au travers de la gorge de nombreux transporteurs , avec des tarifs difficilement supportables, vont tôt ou tard embraser ce secteur. Parlant de racket, le Chef e l’Etat a aussi prévu ses stratégies pour septembre. Or que n’a t on pas déjà fait pour lutter contre ce phénomène? Pas plus qu’en mai 2014 dernier, le Commissaire du Gouvernement Ange Kessy Kouamé et le Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko avaient déterré la hache de guerre contre les « policiers, gendarmes et FRCI véreux ». Mais jusque là, comme le dit si bien ce proverbe en Afrique « le chien ne change jamais sa manière de s’asseoir ». Devant ce laxisme de l’Etat qui hésite encore à prendre des mesures vigoureuses ou encore à protéger certains individus, dont les FRCI, qui font la pluie et le beau temps, le Président Ouattara n’a pas eu ce courage de s’attaquer aux véritable problèmes qui gangrènent aujourd’hui l’armée ivoirienne sur le difficile problème des hommes toujours en armes dans le pays, qui rackettent les citoyens et les entreprises, tant à Abidjan qu’à l’intérieur du pays et dont un des célèbres lieutenants, le commandant Wattao vient d’en faire les frais. Peut être y voit il une force protectrice pendant les prochaines échéances électorales, comme ce fut le cas en 2010? Nul ne le sait. Dans la foulée, le Président Ouattara a aussi abordé le problème du logement à Abidjan, qui, il est vrai, a vu sa population passer du simple au double en moins d’une décennie. Mais là encore, le Chef de l’Etat n’a pas rassuré les ivoiriens.

L’opération immobilière de construction de 100 000 logements sociaux à Abidjan et certaines villes de l’intérieur du pays connait un ralentissement et les populations ne se bousculent pas pour y adhérer. Raison principale: les conditions d’accessibilité à ces logements trop drastiques ou hors de coût pour certains ménages sans grand revenus. Oscillant entre 5 et 15 millions, le coût d’achat de ces logements reste pour beaucoup d’ivoiriens, hors de portée. En effet, combien d’ivoiriens détiennent à ce jour un compte bancaire pouvant leur permettre de prendre des prêts immobiliers en vue de financer cette opération? Là reste la grande question. Les populations vivant dans les bidonvilles et quartiers précaires, ayant quelque fois comme ration alimentaire, un seul repas par jour peuvent elles se permettre un tel luxe? Les populations déguerpies récemment du fait des fortes inondations qui ont fait une trentaine de morts dans la capitale économique du pays peuvent-elles un jour espérer souscrire à ce type d’opération, quand eux-mêmes ne savent pas où loger et comment manger? La solution trouvée par le gouvernement il ya quelques semaines pour ces populations était de leur donner des hypothétiques sommes d’argent (150 000FCFA) pour se trouver un nouveau toit. Mais que peut faire cette somme quant on connait le coût d’un loyer très modéré à Abidjan et la surenchère des propriétaires de maisons? Mais, pour la majorité des ivoiriens, la plus grande mystification dans ce discours est apparue lorsque le Chef de l’Etat abordait le problème de l’emploi–jeunes, pourtant promesse électorale en 2010.

Selon le Président Ouattara, sa promesse de trouver 1 millions d’emplois aux jeunes ivoiriens s’est réalisée à 80 %, soit 800 000 emplois trouvés pour les jeunes en seulement trois ans de pouvoir! Et le Chef de l’Etat de poursuivre que 500 000 de ces emplois concernes le domaine de l’agriculture et 300 000 pour tous les autres domaines sans donner plus de précision. Ce qui surprend plus d’une personne dans ces affirmations, c’est que le Président de la République dans son discours n’a cité aucun programme agricole réalisé où ces jeunes ont été insérés, concernant notamment les 500 000 emplois dans l’agriculture. Dans quel domaine précisément ces jeunes ont pu obtenir les emplois. La culture maraichère, le vivrier ou les cultures d’exportations? Or, si ces programmes avaient été exécutés réellement par le gouvernement, le Ministère de l’Agriculture en serait l’un des pilotes et pouvait dans ce cas donner un bilan à mi-parcours de cette opération d’emploi-jeunes. Pas plus que l’agriculture, les autres domaines où le Chef de l’Etat prétend avoir insérés près de 300 000 jeunes n’ont eux aussi pas été énumérés. Le discours assez vague laisse supposer qu’en réalité, sur ce point précis de l’emploi-jeunes, les objectifs à mi-parcours n’ont été atteints. Combien de jeunes ont pu créer leurs propres entreprises à partir des financements de l’Etat ivoirien? Combien de jeunes ivoiriens ont été embauchés dans des entreprises ou services? Des statistiques tout de même faciles à obtenir lorsqu’on ambitionne d’être émergent dans seulement 5 ans. Des non-dits qui trahissent en effet le Président et laissent planer un épais nuage de doute sur les chiffres avancés. En attendant donc « septembre » pour les grandes décisions, le Chef de l’Etat pourrait par contre s’auto-satisfaire des mesures d’interdiction de la cigarette et des mendiants en lieu public. Mais là encore, les forces de l’ordre en ont fait une poule aux œufs d’or.

Zaraga G.A. à Abidjan.

LeBandama.com

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