L’opposition en Côte-d’ivoire a perdu son droit d’aînesse

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« Le courage d’un Homme ne consiste pas à mentir sur le cadavre d’un lion »
PRAO Yao Séraphin

Y-a-t-il une véritable opposition en Côte d’Ivoire ? A voir l’évolution de la situation sociopolitique nationale et la désespérance des populations, nous sommes tentés de répondre sans rire à cette question par la négative. L’opposition existe mais est invisible. Et pourtant, il y a suffisamment de sujets et de combats qui devraient mettre en verve les partis d’opposition. L’opposition ivoirienne a tout simplement perdu son droit d’aînesse. Pour les religieux, le droit d’aînesse est un héritage spirituel qui établit à perpétuité son possesseur prêtre de sa famille et de sa tribu. Celui-là possède le privilège d’être le dépositaire et le communicateur des secrets divins. Il constitue un anneau dans la chaîne des descendants qui donnera le jour au Messie. Il tient fermement le flambeau de l’espérance messianique. Face à la dislocation de la nation ivoirienne, l’opposition n’avait pas d’effort à faire pour être porteuse d’espérance. Elle a failli et simplement démissionné. Ces lignes exposent les faiblesses d’une opposition qui doit tout de même sauver les Ivoiriens du bourbier actuel.

Un pouvoir fort, anthropophage et dictatorial

Depuis 2011, année de l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir, les opposants Ivoiriens ont vu progressivement les portes de la RTI se fermer sur eux. Cette télévision est devenue le lieu de propagande du clan Ouattara. Pas une seule fois, les leaders de l’opposition n’ont été appelé pour apporter leurs points de vue sur les questions brulantes de l’actualité ivoirienne. Les opposants n’ont pas pu apporter la contradiction dans les débats sur les sujets importants du pays. Face à un pouvoir qui ne lâche rien, tous les partis d’opposition ont abandonné le terrain politique aux partisans du parti au pouvoir qui en profitent parfois pour menacer la démocratie. Le cas de monsieur Amadou Soumahoro, menaçant de conduire les opposants au cimetière est encore vivace dans les esprits. Ces déclarations attentatoires à la démocratie et suffisamment graves sont passées comme une lettre à la poste. Le régime actuel tue dans l’impunité, frappe tout le monde, travaille contre les Ivoiriens et pille le pays et empêche la réconciliation. Dans un tel décor, l’opposition est devenue une momie qu’il est temps de ranger dans un musée.

Une opposition amorphe, coincée et tétanisée

En dépit des nombreuses dérives du régime Ouattara, on observe une opposition molle, timide et pratiquement inactive qui ne se contente que de fades déclarations inaudibles. Or, l’opinion publique attend d’elle des actions fortes capables de contrer le régime dictatorial en place qui, devient un loup pour la démocratie ivoirienne.
Sous Ouattara, aujourd’hui, les libertés démocratiques sont constamment menacées au vu et au su d’une opposition inactive et en panne d’inspiration. Pendant ce temps, les scandales pleuvent à un débit effrayant. Devant cette décapitation de la démocratie en Côte d’Ivoire, l’opposition est inexistante sur le terrain politique. Les raisons de cette démission sont diverses.

En Côte d’Ivoire, l’opposition est d’abord victime des crises internes en raison des calculs politiciens parfois en déphasage avec les réalités du terrain. Les guerres de leadership côtoient étroitement l’inorganisation des partis. Pour certains partis, le programme de gouvernement se résume à la question de savoir qui sera son candidat à la future élection présidentielle. Pour d’autres, on ne sent pas une organisation sérieuse tellement la gestion du parti ressemble à celle d’une entreprise familiale. A tout cela s’ajoute le manque de moyens pour donner corps à une véritable opposition dans notre pays. C’est pourquoi, le combat pour le financement des partis politiques par l’Etat doit être une réalité et une priorité comme sous d’autres cieux. On arrive à la conclusion selon laquelle le manque d’audace, d’initiatives concrètes et de ressources expliquent les errances de l’opposition ivoirienne qui croise les bras devant les déviances du régime Ouattara.
L’opposition peut retrouver son droit d’aînesse en se rassemblant
Dans cette misérable situation, l’opposition peut retrouver son droit d’aînesse. Les fourmis ont appris aux humains que le rassemblement est la première des forces à rechercher. L’opposition ivoirienne doit se rassembler pour restaurer la Côte d’Ivoire. Dans ce grand Rassemblement Pour la Restauration de la Côte d’Ivoire (RPRCI), les forces et les idées triompheront sur le mal endémique actuel. Ce rassemblement doit inclure les partis membres de l’Alliance des forces démocratiques (AFD), de la Troisième voie (3V) et de tous les autres partis et associations qui refusent la dictature actuelle. Au Sénégal, si l’opposition était amorphe et inactive comme c’est le cas dans notre pays, le Président Abdoulaye Wade serait encore au Pouvoir. C’était une forte mobilisation qui a donné ce résultat qui fait aujourd’hui l’honneur du peuple sénégalais dans la sous-région et dans le monde. Les étapes suivantes peuvent s’avérer utiles pour cette nouvelle opposition.

D’abord se rassembler pour mener des combats nécessaires

Il est vrai que le pouvoir actuel est répressif. Mais l’opposition pourrait habilement réussir à échapper à la répression qui s’abat sans pitié sur les forces politiques, pour défendre une cause légitime : l’accès de l’opposition aux médias de service public. Une marche pacifique et improvisée peut conduire les ténors de l’opposition à la RTI pour réclamer l’accès équitable aux médias de service public.

Cette opposition devra obligatoirement mener le combat pour une commission électorale indépendante, car celle proposée par le régime actuel est irrecevable et inacceptable. Accepter une telle commission serait suicidaire pour l’opposition et une insulte à la mémoire de ceux qui sont tombés pour la démocratie dans notre pays.
Nous devons également exiger en Côte d’Ivoire le désarmement car tous ceux qui détiennent les armes en Côte d’Ivoire n’ont pas l’autorisation d’en détenir. Les armes se vendent comme des galettes dans un pays à qui on souhaite l’émergence économique. Douze années après la rébellion armée, l’opposition doit pouvoir exiger le désarmement effectif en Côte d’Ivoire.
L’opposition ivoirienne doit exiger du pouvoir actuel le financement des partis politiques. Il est démocratiquement inacceptable qu’un régime expose les partis politiques aux financements mafieux, qui à terme, hypothéqueront l’avenir du pays. Pendant ce temps, le régime utilise l’argent des Ivoiriens pour faire campagne sous le couvert des visites d’Etat.
Mais toutes ces actions ne doivent pas être des actions d’éclat. Certes, on ne nie pas que ces actions puissent avoir des effets, mais le plus important, c’est d’adopter une démarche basée sur une stratégie beaucoup plus solide.

Ensuite élaborer un programme de gouvernement

Il faut privilégier les propositions alternatives à la simple propagande. Pour être crédible, l’opposition doit se démarquer des agitations habituelles pour proposer une démarche scientifique et méthodique pour mener des actions qui produiront des résultats probants. Cette démarche doit conduire à l’élaboration d’un programme pour sauver les Ivoiriens. Les problèmes des Ivoiriens sont connus : la réconciliation, la question foncière, l’endettement sans limite, l’extraversion de l’économie, le régime politique, le chômage des jeunes, la question de la vieillesse etc. Un programme simple qui adressera les problèmes des compatriotes sera la fondation de notre prochaine victoire.
Enfin, organiser des primaires pour choisir son candidat
La question de savoir qui nous représentera aux élections si toutes nos revendications sont prises en compte, reste secondaire. L’organisation des primaires ouverts à tous les membres de l’opposition permettra de désigner le candidat de l’opposition. Nous ne devons pas nous focaliser sur les personnes, car le pouvoir vient toujours à la rencontre de celui à qui, le destin a décidé de marier au peuple. Ce sera le candidat le mieux placé pour faire gagner les démocrates ivoiriens et non celui qui est grand, gros, beau ou laid. En tout cas, tel est mon jugement de la situation politique actuelle de mon pays et la riposte de l’opposition.

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