Appel de Daoukro – Tapage médiatique et escroquerie politique pour rassurer le noyau dur RDR inquiet ?

ADO
Screenshot RFI

Par Maître Namory F. Dosso

QUESTION : Que vaut l’appel de Daoukro au-delà du tapage médiatique et de l’escroquerie politique pour rassurer le noyau dur du RDR inquiet pour 2015 ?

RÉPONSE: Rien du tout … l’appel de Daoukro ne vaut pas les crottes d’un chien

ANALYSE

1. L’élection présidentielle de 2010, meilleur indicateur de ce qui va se passer en 2015

Les sages en Afrique ont coutume de dire que « ce que l’écureuil confie à la terre, reste dans la terre ». Mais cette fois le secret confié par l’écureuil à la terre n’a pas été jalousement gardé par la terre, et c’est aujourd’hui de notoriété publique qu’Alassane Dramane Ouattara est arrivé en troisième position au premier tour des élections présidentielles de 2010 en Côte d’Ivoire, après Gbagbo Laurent et Henri Konan Bédié. Ouattara était donc disqualifié et n’aurait pas dû participer au second tour de l’élection. La crise dite postélectorale n’aurait pas dû avoir lieu et l’armée coloniale de la France n’aurait pas dû massacrer les populations civiles, faisant des milliers de morts. Bédié lui-même a confirmé l’information lors de son allocution au dernier congrès du PDCI-RDA – la terre a donc fini par vomir le morceau et trahir le secret de l’écureuil.

Devant les congressistes au dernier congrès du PDCI-RDA, sur un sursaut d’orgueil, de revalorisation de soi, après tant de renonciation de soi et de ses valeurs cardinales et intrinsèques, après tant de compromissions publiques humiliantes et compromettantes, et dans un souci de rétablir dans les casiers prestigieux de l’histoire son patrimoine politique, Henri Konan Bédié, l’un des derniers compagnons de Felix Houphouët-Boigny et dinosaures de la classe politique ivoirienne, s’est vu moralement contraint d’aborder le sujet et restituer les faits dans leur vérité historique indéniable. Il a déclaré ouvertement et publiquement, au grand désarroi de ses alliés RHDP du RDR présents et gênés, qu’il n’était pas arrivé en troisième position au premier tour de la présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire, contrairement aux résultats annoncés, par nul autre que le véreux et déplorable Président de la Commission Électorale Indépendante (CEI) Youssouf Bakayoko. Bédié n’avait pas alors disputé la première place qui fut attribuée au candidat Gbagbo Laurent, et il ne l’a pas non plus réclamée. S’il n’a pas contesté la première place de Gbagbo Laurent – l’homme et l’ennemi à abattre – mais a plutôt déclaré solennellement avoir fait mieux que la troisième place, la seule conclusion logique à tirer de sa déclaration est qu’il réclamait la deuxième place qui fut attribuée frauduleusement au candidat Alassane Drame Ouattara. Qui lui logiquement était éliminé dès le premier tour.

2. LE DILEMME DE LA France ET L’ONU EN 2010 : APRÈS TANT DE TAPAGE ET DE MORTS, COMMENT ADMETTRE ET ANNONCER QUE OUATTARA N’A PAS PASSÉ LE 1ER TOUR DES PRÉSIDENTIELLES ?

Mais comment en était-on arrivé là ? Et comment pouvait-il en être autrement ? Pendant plus de dix ans, Alassane Dramane Ouattara a chanté sur tous les toits du monde qu’il est majoritaire en Côte d’Ivoire. Qu’on l’empêchait de participer aux élections avec des arguments intenables sur son identité et sa nationalité parce-qu’on a peur de l’affronter dans des élections ouvertes à tous. Et qu’il gagnerait sans effort les élections en Côte d’Ivoire si on le laissait se présenter. La France a immédiatement, et sans sonder les réalités politiques du terrain en Côte d’Ivoire, avalé tous ces arguments absurdes, aberrantes, grotesques, bouffonnes et risibles d’Alassane Ouattara. Tout de suite la France a tout déployé, medias privés et d’État, diplomatie et armée, pour soutenir Ouattara dans ses ambitions présidentielles mal négociées, démesurées et pithiatiques en Côte d’Ivoire. Sans prendre le temps de vérifier soigneusement et minutieusement les faits et les accusations, du reste infondées de Ouattara, contre les dirigeants de la Côte d’Ivoire, La France a pris fait et cause pour un homme qu’elle connaissait en vérité à peine. La France a mis tout son prestige en jeu pour Ouattara. Jacques Chirac puis après Nicolas Sarkozy étaient prêts à massacrer des populations civiles, des jeunes, des femmes et toute opposition aux ambitions et projets de Ouattara dans un pays qui n’avait jamais fait de problème à la France et dont les entreprises françaises détenaient tous les secteurs clés de l’économie, sans partage et presque sans exception.

À travers ses medias d’intoxication tels RFI, AFP, France24 et consorts, la France a déballé le rouleau compresseur et l’artillerie lourde de la propagande et s’est mise à salir la Côte d’Ivoire et les ivoiriens, nous traitant tous de xénophobes et de monstres. Quels adjectifs péjoratifs et peu flatteurs du dictionnaire les journalistes français n’avaient-ils pas utilisés pour nous décrire, et pour dénigrer la Côte d’Ivoire et ses dirigeants ? À lire les écrits et torchons des medias français à l’époque, on aurait eu beaucoup de mal à croire et accepter que la Côte d’Ivoire avait et a toujours l’un des plus forts taux d’immigrés et d’étrangers en Afrique et dans le monde. Grâce à son influence à l’ONU et dans le monde, la France et ses medias avaient réussi scandaleusement à dresser le monde entier contre la Côte d’Ivoire pour permettre à Ouattara d’être candidat présidentiel afin qu’il remporte, comme il a promis, les élections sans difficulté aucune. En plus de la diplomatie et des medias français et services de presse onusiens, on a mis à la disposition de Ouattara une rébellion armée jusqu’aux dents, l’armée de l’ONU, l’armée française, les soldats d’élite des armées des états voisins comme le Burkina Faso, le Mali, le Niger, etc … plus un nombre infini de mercenaires et soldats de fortune recrutés un peu partout en Afrique et dans le monde. C’est dans ce contexte que nous sommes allés aux élections de 2010. On a tout donné à Ouattara ; il ne lui restait plus qu’à prouver aux élections qu’il est vraiment majoritaire en Côte d’Ivoire. Ironie du sort : le gros lot du contingent des commandos d’élite du Mali est mort en se battant pour Ouattara en Côte d’Ivoire sur instructions de la France, et les armes lourdes de l’armée malienne ont été détruites dans les différents combats en terre ivoirienne. Conséquence immédiate et directe : le Mali est resté sans défense et ses soldats ordinaires ont pris des raclées et la poudre d’escampette quand les djihadistes ont attaqué le nord de leur pays. Ce qui a valu à ATT, entre autres raisons, d’être chassé du pouvoir par coup d’État et il a manqué de peu de se faire assassiner par l’armée qui l’accusait et lui en voulait personnellement pour ses déboires au front. La France qui a poussé ATT dans le bourbier ivoirien n’eut même pas la décence de voler à son secours. Avec des amis comme la France, de combien d’autres ennemis a-t-on besoin ?
A la surprise générale et au grand dam de ses parrains, Ouattara était dans les cordes, il était en difficulté dans les résultats de l’élection présidentielle de 2010 dès le premier tour. Mais en réalité, ce sont les amis français et onusiens de Ouattara qui était surpris par sa défaite spectaculaire aux élections, tant il leur avait chanté pendant des années qu’il était majoritaire et que son élection ne serait qu’une simple formalité. En CI, nous savions la vérité. Nous savions que Ouattara était un brasseur de vent et qu’il ne pesait rien. En l’absence d’un véritable poids politique sur la scène ivoirienne, Ouattara était réduit au tapage médiatique et beaucoup sont tombés dans son piège. Mais celui qui fait beaucoup ou le plus de bruits n’est pas toujours le plus fort – bien souvent c’est le contraire. La forfaiture de la machine à propagande de Ouattara a été découverte après sa défaite au premier tour de la présidentielle de 2010. La Commission Électorale présidée par Youssouf Bakayoko, l’homme de Ouattara, a annoncé Gbagbo Laurent en tête du premier tour, Ouattara deuxième et Bédié troisième. Mais nous avions déjà eu écho de la fraude qui s’était opérée car en réalité Bédié était arrivé en deuxième position, et Ouattara à la troisième place, donc éliminé. Le raciste, le négrier et criminel de guerre ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, le félon sieur Jean-Marc Simon avait convaincu et supplié Bédié de céder sa place à Ouattara. Ce négrier Jean-Marc Simon et bien d’autres leaders français ont le sang de milliers d’innocents ivoiriens sur les mains et tôt ou tard la Côte d’Ivoire devra songer à les poursuivre pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et pour leur rôle dans les massacres de l’armée française dans le pays.

3. SUR PRESSION DE LA France, BÉDIÉ CÈDE SA PLACE A OUATTARA ÉLIMINÉ AU 1ER TOUR

La pilule de la débâcle d’Alassane Ouattara aux présidentielles ivoiriennes de 2010, dès le premier tour, était trop grosse et personne parmi ses parrains de la « communauté internationale » n’était prêt à l’avaler. C’était pire qu’une douche froide au milieu de l’hiver sibérien. Qui l’eut cru ? Qui parmi les parrains de Ouattara avait pensé qu’il prendrait une telle raclée aux élections. Il leur avait conté tellement de contes de fée. Ils avaient tous fait tellement de zèle pour lui. Ils avaient fait la guerre et tué des innocents pour lui. Ils s’étaient engagés dans une guerre d’agression injustifiée contre un état souverain … comme les Nazis, pour lui. Alors comment annoncer au monde entier et expliquer que tous leurs efforts et zèle furent en vain, et que Ouattara n’a pas passé le premier tour des élections présidentielles en Côte d’Ivoire ? A l’évidence ils se sont rendu compte que c’est difficile de défendre un trompeur/maître-chanteur car tout trompeur/maître-chanteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. Pour sauver la face, ils ont contraint Bédié à céder sa place à Ouattara. Là déjà, avant le deuxième tour, Gbagbo aurait dû contester, dénoncer publiquement la magouille et s’opposer vigoureusement et farouchement. Il ne l’a pas fait. Ce fut une autre erreur de taille au nombre de ses nombreuses erreurs dans la gestion de la crise.

4. A LA PRÉSIDENTIELLE DE 2010, GBAGBO A ENCORE BATTU OUATTARA DANS LES URNES MALGRÉ L’APPEL DE BÉDIÉ ET LE SOUTIEN OFFICIEL DU PDCI

Au deuxième tour en 2010, Bédié a appelé ouvertement à voter son ancien bourreau et fossoyeur de Décembre 1999, devenu allié circonstanciel des intérêts du ventre. Et il a mobilisé tout le PDCI officiel derrière Ouattara. Mais dans un parti politique, il y a les instructions que la direction donne et celles que les militants de base qui votent suivent. La discipline de parti qui force à l’obligation de réserve et de respect des consignes de la direction du parti n’est applicable qu’aux dirigeants. Les militants de base font et feront toujours ce qu’ils veulent et ils voteront qui ils veulent sans égard scrupuleux pour les instructions de la direction. Ce qui veut clairement dire que les engagements et déclarations de la direction d’un parti n’engagent qu’elle seule, et ne sauraient en aucun cas garantir ou prédire le comportement individuel des militants de base au moment de voter. Malgré donc et nonobstant l’appel de Bédié, les militants ordinaires du PDCI, c’est-à-dire ceux-là mêmes qui vont aux urnes pour voter, ont marqué dans l’ensemble leur choix et leur préférence pour le candidat Gbagbo. Dès l’instant où le PDCI n’avait plus de candidat propre dans la course, ses militants se sont senti libres de voter pour qui ils voulaient. Et ils ont voté majoritairement Gbagbo. Il ne faut jamais oublier ou perdre de vue que les élections en Afrique ont toujours une dimension ethnique, clanique ou régionale, qu’on aime cette réalité ou pas, et qu’on veuille l’accepter ou pas. Et jamais des élections n’ont été aussi tribalisées que celles de 2010 en Côte d’Ivoire. Pendant dix ans les rebelles de Ouattara avaient tué, violé, volé, mutilé et massacré les ivoiriens mais presqu’exclusivement les gens du Sud avec des rebelles venus du Nord. Donc automatiquement des gens du Sud, quelle que soit leur appartenance politique, avaient exclu totalement de voter pour Ouattara, même à l’appel de Dieu, à fortiori celui de Bédié, vu par beaucoup comme le complice passif de Ouattara dans la rébellion, les massacres et les tueries. Des siècles après l’esclavage, l’Amérique est toujours divisée et il y a des noirs qui ne pardonneront jamais. En Côte d’Ivoire il y a des gens dont la rébellion a massacré toute la famille qui ne voteront jamais pour Ouattara ou son parti le RDR sous aucun prétexte. La plupart des militants du PDCI sont des ivoiriens du Sud – beaucoup ne voteront jamais pour Ouattara. Et Bédié peut se transformer en corbeau s’il veut et se poser sur leur toit pour chanter du matin au soir « votez Ouattara », ça n’y changera rien. Surtout qu’il n’y a jamais eu de vraie réconciliation nationale après les massacres des populations du Sud par les rebelles du Nord.

5. GBAGBO AVAIT REMPORTÉ LES ÉLECTIONS DE 2010 MAIS S’ÉTAIT DÉJÀ LUI-MÊME MIS AU COU LA CORDE POUR L’ÉTRANGLER EN CONFIANT LA CEI A SON OPPOSITION ARMÉE

Gbagbo a bel et bien remporté les élections présidentielles de 2010 dans les urnes car les ivoiriens dans leur grande majorité ont porté leur choix sur lui. Au deuxième tour, les militants du PDCI qui sont majoritairement originaires du Sud, se sont joints à ceux du FPI et d’autres ivoiriens ordinaires pour voter Gbagbo malgré l’appel et le soutien actif de Bédié et la caution officielle de la direction du PDCI à Ouattara. Mais tout le monde avait déjà prévenu Gbagbo à l’ avance que des élections sans désarmement avec une rébellion armée et soutenue par la France et sa communauté internationale, et la commission électorale aux mains de l’opposition, étaient une folie pire que sauter d’un avion sans parachute. On lui a dit que même s’il gagne les élections, la commission électorale dirigée par un membre de la coalition de l’opposition armée ne le déclarerait jamais vainqueur. Et c’est exactement ce qui est arrivé. L’acte de Gbagbo était en lui-même presque comme un « suicide politique ». Mais apparemment il comptait sur Yao N’Dré au Conseil Constitutionnel pour rattraper et corriger toute fraude perpétrée par Youssouf Bakayoko à la commission électorale, ignorant que Yao N’Dré est certes un intellectuel et un grand juriste, mais un intellectuel et un juriste sans couille. Et que vaut un homme de droit sans force de caractère et sans courage ? Rien du tout. Autant se prévaloir d’un analphabète qui fera respecter vos droits, même au prix de sa vie. La vraie valeur d’un homme de droit réside plus dans sa force de caractère que ses connaissances. Car les connaissances juridiques, sans la personnalité indispensable pour les accompagner et les appliquer en tout temps et en tout lieu, deviennent tout simplement un fardeau pour celui qui les détient, et un boomerang pour la société. Tous ceux qui font des études de philosophie ne sont pas des philosophes et tous ceux qui détiennent des diplômes de droit ne sont pas forcément des juristes. Un vrai philosophe vit et meurt dans ses dogmes et vérités philosophiques en séjournant toute sa vie en la philosophie, et autant un vrai juriste doit mourir avec dignité en défendant les principes élémentaires de sa science et son art. C’est le philosophe par ses convictions qui donne toute sa valeur à la philosophie et non l’inverse. Et c’est pareillement le juriste qui donne toute son utilité pour la vie sociétale et son prestige au droit, sinon le droit ne servirait absolument à rien. Le droit sans le juriste de caractère est une science creuse. Ce sont des hommes personnellement intègres de caractère et d’une grande probité morale qui ont développé le droit et les systèmes juridiques dans le monde tels que nous les connaissons aujourd’hui, pas des poltrons, des marchandeurs, tripatouilleurs et tripoteurs. Et il ne peut y avoir pire malheur pour une nation en crise que des hommes de droit lâches et sans audace dont l’ennemi de la nation se sert des attributs intellectuels et références juridico-professionnelles pour faire avancer sa cause contre la nation parce-que ces hommes de droit lâches et traîtres ont pris le parti du faux … exemples : Yao N’Dré et Francis Wodié. Yao N’Dré a trahi son serment et il a trahi le droit lui-même au lendemain des élections de 2010. Mais ça, c’est un autre débat et un autre sujet pour une autre fois. Malgré le soutien de la France, l’ONU, la communauté internationale et l’appel de Bédié en 2010, Ouattara a perdu au premier ainsi qu’au deuxième tour des élections … lamentablement.

6. LA SITUATION ÉLECTORALE DE OUATTARA EN 2010 ÉTAIT BIEN MEILLEURE QUE CELLE DE 2015

Les conditions de 2010 ne pourront plus jamais se réunir autour de Ouattara pour une autre élection dans sa vie, même s’il bénéficie encore du soutien passif et froid de quelques parrains. Jamais tous les anciens et nouveaux négriers de l’Occident ne s’étaient autant mobilisés autour de la candidature et cause électorale d’un homme en Afrique, le portant à bout de bras comme un œuf et comme un bébé. L’ambassadeur de la France à Abidjan Jean-Marc Simon était devenu le boy personnel de Ouattara. On le voyait assis, tout petit, le regard perdu dans le néant comme un enfant inquiet qui attend sa maman et coincé dans le vieil hélicoptère délabré de l’ONU transportant fidèlement chaque jour des vivres – et des putes – pour faire les emplettes de la cuisine du Golf Hôtel qui devait préparer les repas pour Ouattara et sa suite. Les putes convoyées par l’ambassadeur de France dans l’hélico de l’ONU, qui à l’occasion jouait un double rôle de transporteur et proxénète, devaient aider Ouattara et sa clique du Golf hôtel à passer des nuits plus douces après des journées tumultueuses de combats intenses entre l’armée ivoirienne et la coalition rebelle de Ouattara soutenue par l’armée française, les forces de l’ONU, diverses armées africaines et mercenaires recrutés à travers l’Afrique et le monde. Pour Ouattara, le représentant officiel de la France en Côte d’Ivoire était devenu un petit proxénète, et la prestigieuse maison de France était devenue une maison de putes. Le gros porc dégoûtant Philip Carter III, ambassadeur des USA, était devenu l’incroyablement zélé perroquet et la caisse à résonnance de Ouattara qui menaçait et insultait impunément la Côte d’Ivoire et ses dirigeants à longueur de journée dans les journaux. Ainsi tout l’Occident et leur machin ONU s’étaient mobilisés pour que Ouattara réalise coûte-que-coûte le grand exploit électoral qu’il avait promis depuis longtemps, en écrasant dans les urnes, aux yeux du monde, le méchant nègre « xénophobe » Gbagbo Laurent. Ce n’est jamais arrivé. Mais tel était le décor que les historiens ivoiriens et africains un jour auront beaucoup de mal à croire, autour des élections présidentielles de 2010, avant, pendant et après.
Néanmoins, Ouattara a eu l’occasion de se mesurer aux autres et mesurer son propre poids électoral en Côte d’Ivoire. Et il ne pèse rien. Il a été laminé en 2010. On peut mentir au monde entier mais on ne peut se mentir à soi-même, et on ne peut certainement pas cacher la forêt avec une main ou le soleil avec un doigt. Malgré tout l’arsenal politique, diplomatique, médiatique, militaire et les gros moyens financiers, et malgré l’appel de Bédié et du PDCI à voter pour lui au deuxième tour en 2010, Ouattara a été battu … proprement. Et ses parrains furent obligés de déclencher la guerre pour le sauver et pour eux-mêmes se sauver la face. La guerre était leur plan B, et c’est pourquoi le criminel de guerre – l’ingrat qui assassine ses bienfaiteurs – Nicolas Sarkozy avait insisté pour des élections sans désarmement.
En plus du soutien inébranlable militaire et diplomatique de la France et sa « communauté internationale » dont l’ONU et son chef Ban Ki Moon qui a appelé à faire la guerre plutôt que de recompter les voix, Alassane Dramane Ouattara jouissait encore d’une certaine popularité au sein des populations du Nord et quelques personnes du Sud qui avaient fini par avaler tous les éléments de sa propagande au sujet de la future prospérité énorme et sans précèdent en Afrique pour tous s’il est élu président. Donc avant 2010, Ouattara jouissait d’un capital-confiance et crédit presqu’inépuisable et illimité auprès de certains électeurs ivoiriens, principalement ceux du Nord. On avait beau les prévenir de faire attention aux promesses et projets irréalistes de Ouattara, ils continuaient de croire à Ouattara comme le pape croit en Dieu. Ce temps est révolu. Tous ont eu depuis l’occasion de juger Ouattara dans les actes. Dans leur grande majorité, les ivoiriens sont déçus de Ouattara, à commencer principalement par ses partisans du Nord qui avaient pris fait et cause pour lui. Après dix ans de guerre civile, de sacrifices individuels et de souffrances pour qu’il devienne président, les attentes étaient trop grandes.
Rien ne brise une carrière politique plus vite que des attentes plus élevées de l’électorat que les conditions dans le pays ne permettent de réaliser. En temps normal, dans un pays qui n’a pas connu de guerre, la plupart des promesses de Ouattara seraient irréalisables car il a trop élevé la barre. Dans un pays qui sort de dix ans de conflit politico-militaire, la tâche est quasiment impossible. Les promesses électorales sont à la base de la descente aux enfers de Barack Obama aux USA et Hollande en France – ils ont un peu trop promis oubliant qu’ils héritaient de pays profondément en crise. Conséquence on ne veut plus entendre parler d’Obama aux USA ni de Hollande en France alors qu’il leur reste encore du temps au pouvoir. En Côte d’Ivoire c’est pire : l’arrivée de Ouattara n’a rien apporté aux gens ordinaires en dehors de ses infinies promesses d’un avenir meilleur qui ont fini par lasser même les militants de son parti. Pendant qu’il continue de demander aux populations d’être patientes quant à la réalisation de ses promesses, les détournements de fonds et autres malversations financières a coup de milliards de francs CFA par ses ministres, sa famille et son entourage font régulièrement la UNE des journaux, causant davantage de frustration dans la population.
Pour être juste, tous les gouvernements en Côte d’Ivoire d’Houphouët à Ouattara ont volé. Et je ne suis pas sûr que les africains de ma génération – ou même ceux d’après – vivront assez longtemps pour voir en Afrique un gouvernement absolument propre qui ne vole pas. Mais l’équipe Ouattara a trop exagéré : ils volent seuls, ils volent beaucoup et ils mangent seuls. Pendant ce temps, leurs militants qui se sont battus pour eux crèchent dans l’indigence. Une fervente militante du RDR qui s’est battue corps et âme pour que Ouattara arrive au pouvoir fut si désespérée, à force de vivre dans la gueuserie même après l’arrivée de Ouattara aux affaires, qu’elle se donnât la mort violemment par le feu en plein jour. Et l’évènement apparut à la Une de tous les journaux, embarrassant la direction du RDR qui se confondait dans des explications absurdes et insensées. Cette pauvre jeune femme ne demandait de surcroît pas l’aumône ; elle demandait juste au RDR de payer l’argent qu’on lui devait. Pour une militante si proche de la direction du parti, une scène pareille n’aurait pas été possible ni au PDCI, ni au FPI. Le PDCI et le FPI prenaient soin de leurs militants si proches de la direction du parti. Trop de gens et organisations ont contribué à l’arrivée au pouvoir de Ouattara et il est occupé à repayer ses nombreuses dettes politico-financières contractées pendant dix ans de rébellion ; il n’a pas le temps ou les moyens d’aider les militants même de son parti, à fortiori les ivoiriens ordinaires. Et leur satisfaction ou insatisfaction avec son passage au sommet de l’État décidera et guidera leur vote une fois dans l’urne … pas l’appel de Daoukro.
Le mécontentement général de la population est trop grand et insurmontable par un simple appel politique … qui ne vaut pas les crottes d’un chien et certainement pas plus que la carcasse politique de celui qui lance cet appel sachant pertinemment qu’il n’aura aucun impact sur le terrain. On ne juge plus Ouattara sur des promesses ou l’imaginaire ; on le juge concrètement sur son passage à la tête de l’État or sous lui, les ivoiriens n’ont jamais été aussi pauvres et ils ne le cachent pas. Dans une élection transparente et crédible sans candidat du PDCI, les militants du PDCI et du FPI qui sont majoritairement originaires du Sud, qui sont plus nombreux que ceux du RDR, et qui souffrent le plus, voteront le candidat de l’opposition, même si Bédié vient se tenir dans les urnes avec eux. Beaucoup de gens du Nord voteront contre Ouattara dans un vote-sanction. L’appel de Daoukro n’est rien d’autre que Bédié qui défend les intérêts de son ventre et son clan, mais les autres ivoiriens aussi ont faim et ont besoin de manger. Dans l’application des théories de la survie des espèces, chacun défend ses intérêts pour survivre. Et un citoyen affamé, en manque de logement, emploi, de services élémentaires de sante, et écoles pour sa progéniture, essaiera un autre candidat après avoir mis à l’épreuve celui qui a fait dix ans de guerre pour venir au pouvoir et qui finalement n’y a rien foutu à part s’enrichir et enrichir les siens.

7. OUATTARA NE BÉNÉFICIERA PAS EN 2015 DES CONDITIONS DE 2010 – IL SERA AU PIEDS DU MUR

Cette fois-ci ce ne sera pas possible et Ouattara le sait. Il sait aussi que le fameux appel de Daoukro de Bédié, dont sa presse se fait l’écho et fait tant de bruits, n’est que du pur théâtre politique. Car Bédié ne sera pas dans les urnes avec les militants et en conséquence ne pourra pas garantir qu’ils voteront pour lui. En 2010, quand certains naïfs croyaient encore et rêvaient des pluies de milliards de Ouattara, quand le capital-crédibilité de Ouattara était plein à craquer chez certains ivoiriens, et quand la communauté internationale toute entière s’était mobilisée derrière lui, l’appel de Bédié n’a pas été suivi et il a pris une douche froide dans les urnes. Aujourd’hui qu’il a été observé à l’œuvre, les pluies de milliards ne sont jamais tombées et au contraire toutes les illusions sont tombées, les ivoiriens dans la grande majorité vivent dans une misère sans précèdent, tandis qu’ils lisent dans les journaux les détournements de fonds et autres frais de missions pompeux et faramineux des ministres de Ouattara … appel de Daoukro ou pas … qui et combien dans les urnes voteront Ouattara ?
Les réalités sont là, tristes et têtues : l’argent ne circule pas, il travaille, il y a l’insécurité partout à cause des ex-combattants démobilisés mais non rémunérés de la rébellion qui réclament l’argent que Ouattara leur avait promis. Les populations demandent à manger quand Ouattara leur montre les routes et ponts qu’il a construits, comme si ça se mangeait un pont. La liste des problèmes sous Ouattara est infinie et l’appel de Daoukro n’y changera rien. Même dans le camp Ouattara chez ses partisans traditionnels du Nord ça grogne, au point où les imams furent obligés très tôt d’intervenir et exiger que l’argent arrête de travailler et se remette à circuler. Ouattara ne peut même pas être sûr en 2015 de réaliser et répéter parmi les militants du RDR et les ivoiriens du Nord, ses scores électoraux de 2010 au premier et deuxième tour. Il n’y a plus autant d’enthousiasme à se débattre et se sacrifier pour Ouattara car il n’a tenu pratiquement aucune promesse électorale, ni envers la Côte d’Ivoire, et pas même les gens du Nord. Seuls lui, sa famille, ses amis et son entourage ont tiré profit de sa présidence. Et en plusieurs égards, ils ont exagéré plus que tous les régimes avant eux.
8. IL SERA TRÈS DIFFICILE POUR L’ARMÉE DE L’ONU ET L’ARMÉE FRANÇAISE D’OUVRIR LE FEU SUR LES POPULATIONS APRÈS UNE AUTRE DÉBÂCLE ÉLECTORALE DE OUATTARA EN 2015
Objectivement, les performances électorales de Ouattara en 2015 seront pires que celles de 2010. Ce qui veut dire qu’il ne passera pas encore le cap du premier tour. Mais cette fois, il n’y a pas le «méchant» Gbagbo à blâmer pour ses déboires et pour tous les péchés d’Israël. Et l’ONU ne sera pas aussi chaude à tirer encore sur les populations pour le maintenir président. D’ailleurs le monde entier surveille la situation en Côte d’Ivoire depuis que Gbagbo est à la CPI et cette fois ni l’armée française, ni l’armée de l’ONU ne pourront tirer sur les populations pour sauver Ouattara d’une autre débâcle électorale. Tout le monde surveille la Côte d’Ivoire comme du lait au feu. L’acharnement pour la candidature unique, l’emprisonnement et le cisaillement de l’opposition, le contrôle de la CEI et du Conseil Constitutionnel ne sont guère un hasard. Ouattara doit s’assurer que tout est mis en place pour garantir sa victoire, mais dans des conditions que l’opposition pourra difficilement contester pour ne pas que l’élection se termine dans des violences et combats de rue, et finisse à la CPI, cette fois peut-être avec l’inculpation des personnes de son propre camp. Ouattara a déjà perdu les élections de 2015 dans les urnes et il en est conscient. Il essaie donc à tout prix de les gagner à la CEI et au Conseil Constitutionnel. C’est pourquoi l’opposition doit mener et gagner la bataille de la CEI – et le Conseil Constitutionnel si possible – avant d’aller aux élections sinon autant renoncer aux élections. Si on a une CEI crédible, on peut aller aux élections et Ouattara va perdre. S’il essaie de se maintenir au pouvoir par la force, les militants de l’opposition vont certainement faire de la résistance et il y aura inévitablement la violence. La CPI n’aura pas de choix et sera obligée d’inculper Ouattara et son clan pour la crise postélectorale. La CPI a inculpé Gbagbo, Kenyatta et d’autres pour crises postélectorales, elle sera obligée d’inculper Ouattara. Mais si l’opposition tombe dans le piège et va aux élections avec Youssouf Bakayoko et la CEI de Ouattara, je puis vous garantir que certains de ses leaders finiront inculpés par la CPI pour les troubles qui suivront les élections et il y en aura.
En un mot comme en mille, les élections de 2015 troublent Ouattara et il doit en avoir l’insomnie car, malgré les apparences et la rhétorique rassurante pour ses partisans dans les journaux à sa solde, lui et son entourage savent que rien n’est gagné. Et bien qu’ils aient le pouvoir, 2015 sera plus rude que 2010, car leurs faits et gestes seront surveillés avant, pendant et après l’élection. Et ils n’ont pas intérêt à mettre de l’eau au moulin de ceux qui accusent déjà la CPI de parti pris en s’acharnant uniquement sur le camp Gbagbo après les présidentielles de 2010. À analyser les choses plus profondément, Ouattara n’est pas très raffiné politiquement et en réalité l’appel de Daoukro est contre-productif. Il fait plus de mal que de bien. L’appel de Daoukro garantit une seule chose : que le PDCI n’investira pas un candidat officiel. Mais en retour, l’appel de Daoukro crée beaucoup de problèmes dont certains resteront inconnus jusqu’à la dernière minute quand il sera trop tard pour réagir et corriger. L’appel de Daoukro sonne plus comme du désespoir et un aveu d’impuissance qu’autre chose. Si j’étais membre de la direction du RDR, j’aurais déconseillé et proposé autre chose, mais je ne suis pas de leur parti et ce n’est pas à moi de proposer des alternatives meilleures. L’appel de Daoukro est la volonté manifeste mais politiquement mal calculée de Ouattara de vouloir être perçu, à la fin des élections, comme ayant gagné « démocratiquement » mais en contournant les règles élémentaires de la démocratie. Si cette élection finit à la CPI pour son camp, j’espère que Fatou Bensouda interprètera de façon aussi tendancieuse et avec la même ferveur la candidature unique et l’appel de Daoukro comme elle le fait en ce moment avec les slogans de campagne du candidat Gbagbo pour la présidentielle de 2010.

9. LA CLÉ DE CETTE ÉLECTION POUR L’OPPOSITION, C’EST UNE CEI CRÉDIBLE

Je ne peux concevoir aucun cas de figure et aucune stratégie politique ou calcul mathématique où Alassane Ouattara sortirait vainqueur des présidentielles ivoiriennes de 2015 dans les urnes si la question de la CEI est réglée et l’opposition s’organise bien. La Côte d’Ivoire et les ivoiriens sont là où la France était en 2012. En France en 2012, l’humeur des citoyens français était au tout-sauf-Sarkozy tandis que beaucoup de medias, analystes et prétendus experts disaient que c’est impossible, « Hollande ne peut pas battre Sarkozy ». J’avais alors très tôt écrit plusieurs articles sur ma page Facebook et prédit que Sarkozy ne pouvait pas être réélu en France, et que n’importe quel autre candidat le battrait, même Hollande. Et j’eus raison. La Côte d’Ivoire est exactement dans la même situation pourvu que ce soient des élections propres, transparentes et crédibles. Avec une CEI crédible, n’importe quel candidat présenté par l’opposition dans un front uni battra Alassane Ouattara. Il n’y a absolument aucun doute là-dessus.
Si on recompose la CEI et on la confie à une personnalité de l’opposition et on organise des élections propres, crédibles et transparentes en 2015, Ouattara ne passera pas. Il va perdre. Je n’en ai absolument aucun doute. Lui non plus n’en a aucun doute ; il ne s’en fait aucune illusion. Et c’est justement là le nœud du problème. Il sait qu’avec des élections propres, il va tomber. Et tomber avec son parti et tout son clan après dix ans d’efforts de guerre et juste un seul mandat, les chances de finir à la CPI sont plus que bonnes, pour lui-même ou des membres de son entourage, surtout qu’il y a conduit son adversaire qu’il avait pourtant agressé. C’est pourquoi ils font tout pour prendre les élections en otage des maintenant et mettent tout en place pour garantir qu’ils seront déclarés vainqueurs quels que soient les résultats dans les urnes.
Je suis tout sauf naïf et personnellement je ne crois pas que Ouattara et son clan laisseront faire le jeu démocratique. Quand Ouattara avait menacé de faire organiser les élections par Hamed Bakayoko – puis s’est rétracté en parlant de boutade sous l’effet de l’agacement – je puis vous dire que je ne crois pas un seul instant à l’explication d’une boutade motivée par l’agacement. Ouattara a vraiment envie de faire organiser les élections par son Hamed Bakayoko pour se débarrasser définitivement des conditions de l’opposition. Et il l’aurait fait si ses parrains n’étaient opposés. Ouattara aime le pouvoir, il adore le pouvoir, ses honneurs, avantages, privilèges, et il en profite et en jouit au maximum et autant qu’il peut. Il passe du bon temps, il voyage, il suce et profite pleinement de la Côte d’Ivoire. Et il n’est pas prêt à lâcher les caisses de l’État et toutes ces bonnes choses qui entourent le pouvoir. Et pourtant avec de vraies élections et des institutions crédibles pour organiser ces élections, il va tomber et perdre le pouvoir – même avec l’appel de Daoukro – car les ivoiriens voteront tout candidat de l’opposition contre lui. Quel que soit le candidat de l’opposition, il battra Ouattara si on laisse faire le jeu démocratique. Autant la France voulait tout le monde et n’importe qui sauf Sarkozy en 2012, autant la Côte d’Ivoire aujourd’hui veut tout le monde et n’importe qui sauf Ouattara. Mais que fera Ouattara pour rester au pouvoir au-delà de 2015 ? Ça, c’est à voir car c’est impossible par les urnes !

Maître Namory F. Dosso

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