Côte d’Ivoire revendications sociales: la réponse discriminatoire de Ouattara

Palais mutinerie

LIDER News

LIDER s’interroge sur la vitesse de réaction du président de la République Alassane Dramane Ouattara face aux revendications des mutins du 18 novembre 2014.

Abidjan – Le mois de novembre a vu plusieurs catégories socioprofessionnelles présenter des revendications au gouvernement. Toutes ont été ignorées, sauf une.

Les chefs des établissements scolaires privés dans lesquels l’Etat affecte des élèves et étudiants lui réclament plus d’une cinquantaine de milliards de fcfa d’arriérés de paiement pour ne pas jeter les enfants hors des salles de classes. Leur plaidoyer auprès du gouvernement est resté sans suite.

Les étudiants des universités revendiquent depuis de longs mois la mise à disposition de bibliothèques, de laboratoires, de connexion internet, d’amphithéâtres, de salles de classe et de chambres qui manquent complètement dans des universités réhabilitées à plus de 180 milliards de fcfa, allant jusqu’à se mettre en grève à diverses occasions. Leur plaidoyer auprès du gouvernement est resté sans suite.

Les médecins et les cadres supérieurs du secteur de la santé revendiquent leur intégration à la fonction publique, avec menaces de grève à l’appui. Leur plaidoyer auprès du gouvernement est resté sans suite.

Les victimes des différentes crises, face à la prise en charge de leurs bourreaux par plusieurs programmes gouvernementaux, demandent justice et réparation à l’Etat. Leur plaidoyer auprès du gouvernement est resté sans suite.

Les ex-Fds, devenus depuis avril 2011 Frci, donc membres à part entière des forces armées régulières de Côte d’Ivoire, demandent la régularisation de leur situation salariale en suspens ces dernières années. Après que le ministre délégué à la Défense ait promis la résolution de leurs cas le 18 novembre, ils n’ont été pas été conviés aux discussions avec le président de la République le lendemain. Leur plaidoyer va-t-il lui aussi rester sans suite ?

Plus de 8 400 éléments des forces armées des forces nouvelles, devenus eux aussi entre temps Frci, donc membres à part entière des forces armées régulières de Côte d’Ivoire, revendiquent quant à eux le paiement de deux années et demi de salaire d’avant leur intégration dans l’armée régulière, courant de la période de 20009 jusqu’à la création des Frci par Ouattara en 2011. Cette fois tout change. Ils sont immédiatement reçus par le président de la République, qui confirme qu’il leur paiera 50 milliards de fcfa en deux temps : 25 milliards à la fin de ce mois de novembre, et le reliquat de 25 milliards en fin décembre.

A LIDER, nous nous posons un certain nombre de questions face à cette attitude pour le moins curieuse du gouvernement.

1. Pourquoi Ouattara ne réalise-t-il pas toutes les promesses faites aux uns et aux autres pour accéder au pouvoir ? Est-ce un refus volontaire ou une incapacité technique ou politique ?

2. Selon quels critères répond-il favorablement à certaines doléances et négativement à d’autres ? Lorsque les plaignants ont des armes ou lorsque qu’ils n’ont que leurs voix pour se faire entendre ?

3. Avec l’engagement du gouvernement de payer 50 milliards de fcfa hors budget à des mutins, le président ne montre-t-il pas qu’il a la capacité de résoudre tous les problèmes sociaux hors budget et que sa célérité à le faire dépend de la manière de revendiquer ?

4. Comment d’ailleurs trouver, sans endettement supplémentaire de l’Etat, ce financement de 50 milliards de fcfa qui ne peuvent qu’occasionner un déficit budgétaire ?

5. Et puis au fond, pourquoi l’Etat de Côte d’Ivoire (donc le contribuable ivoirien) doit-il payer la solde d’éléments de la rébellion, déjà pris en charge par La Centrale (ministère des finances des Forces nouvelles, pour ceux qui ne s’en souviennent peut-être plus) avec les fonds issus des casses des banques centrales dans les zones Cno, les prélèvements obligatoires sur les productions agricoles détournées et les recettes de tous ordres (racket, douanes, impôts, taxes foncières, taxes routières, taxes minières etc.) ?

6. Pourquoi après avoir refusé l’unicité de caisses entre 2003 et 2011 (qui, soit dit en passant, n’est toujours pas effective partout à ce jour), les dirigeants des forces armées des forces nouvelles imposeraient-ils leur prise en charge par le Trésor public de la république sans que la justice ne leur demande des comptes pour tous les crimes économiques commis à l’époque ?

7. Enfin, pourquoi M. Ouattara, par la voix de son ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, a-t-il promis aux mutins qu’aucune sanction ne serait prise à leur encontre, sans qu’il ne soit clarifié qui se cache derrière les soulèvements ayant eu lieu à Abidjan, Bouaké, Korhogo, Daloa, qui ont terrorisé les populations et les hommes d’affaires et troublé l’ordre public le 18 novembre 2014 ?

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