Côte d’Ivoire Bouaké: Les militaires rétablissent l’ordre dans les prisons

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Situation confuse, hier en milieu de matinée, aux alentours de la prison civile de Bouaké. Sur la voie bitumée qui relie le tribunal de 1ère instance au carrefour Feu de la Madone du quartier N’Gattakro de Bouaké, une vive altercation entre d’une part gendarmes et militaires armés et d’autre part des dizaines de gardes pénitentiaires, a failli dégénérer en confrontation sanglante. Durant une vingtaine de minutes, le pire était à craindre, car, les armes des uns et des autres ont été dégainées, paralysant la circulation et contraignant les populations riveraines à fuir les lieux pour trouver, loin, des abris plus sûrs. Selon des informateurs, tout a commencé vers 8H. Un groupe de gardes de prison vient s’attrouper au carrefour du médico-scolaire, juste derrière leur logement. Remontés par la satisfaction des revendications des soldats des casernes, ils ont eux aussi décidé de se faire entendre. Cependant dans la pratique, pour ce qui est de la méthode, pour se faire entendre, des divergences apparaissent très vite entre les mécontents. « Pendant que d’autres voulaient bloquer la circulation au niveau de la voie, d’autres étaient opposés. Quant les premiers posent des troncs d’arbres sur la chaussée, certains s’en plaignent et débarrassent la voie de ces débris. Vers 9H, ceux qui étaient contre la paralysie de la circulation réussissent à prendre le dessus. Et la situation est redevenue calme », rapporte un témoin occulaire. De l’autre coté de la ville, entre les campus1 et 2, les gardes commis à la surveillance des pensionnaires du Camp pénal, observent également le même mouvement de mécontentent. Calmes, assis en groupe avec leur tenue militaire vert et noir sur la déviation en piste qui mène à l’entrée du pénitencier, ils marquaient ainsi leur irritation pour bénéficier des retombées du mouvement de colère, mené récemment par les jeunes caporaux. Il est 10H, lorsque notre équipe de reportage arrive sur les lieux au niveau de la prison civile, sise au quartier Commerce. La tension était palpable mais tout paraissait calme. Pas pour longtemps. L’étincelle qui va mettre le feu aux poudres ne tardera pas. Les choses vont se gâter quant pointe du nez, une patrouille mixte, composée de gendarmes et de militaires. Leur volonté d’accéder à l’esplanade de la prison est bloquée par le groupe de gardes pénitentiaires mécontents, fulminant dans le silence leur colère. Pied à terre, un jeune gendarme en tenue bleue est pris à partie. Les coups viennent de partout, obligeant ce dernier à sortir son pistolet automatique. Ses compagnons volent à son secours, les militaires se mettent en retrait, les mains fermes surles gâchettes des Kalachnikov qu’ils portent en bandoulière. La tension monte d’un cran. C’est la panique généralisée. Dans cette confusion, le pare brise du véhicule de type 4×4 de la patrouille essuie des coups de pierre. Plus de peur que de mal, seulement une petite partie est endommagée. Un peu plus loin, parle fait des agents de la sécurité des prisons, les troncs d’arbres sont remis sur la voie et les usagers sont sommés, sous la menace de gourdins ou de barbelés, de rebrousser chemin. Chez les mécaniciens, tenanciers de maquis, vendeurs et gérants de cabine qui opèrent dans l’entourage, c’est le sauve-qui-peut. Chacun a pris la poudre d’escampette pour se mettre hors de danger. Sur le théâtre de l’altercation, plus déterminées, les forces de l’ordre réussissent à accomplir leur mission.
La protestation est contenue, la voie rouverte à la circulation et les gardes en colère, tenus de se mettre à l’écart. Interrogé, un agent pénitentiaire revient sur les causes de leur exaspération. « Nous sommes concernés par ces arriérés des salaires qui seront payés aux soldats qui sont dans les casernes. De 2009 à 2011, on était avec eux dans les camps. Seulement que dans le cadre de la réinsertion, nous avions été sélectionnés pour suivre une formation et intégrer le corps des agents de la sécurité des centres pénitenciers. C’est ce qui fait que nous sommes dans les camps», a-t-il expliqué.

Marcel Konan
Correspondant régional

L’Expression

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