Idée fausse n°1: Le Franc cfa bénéficie d’une garantie de convertibilité illimitée du Trésor français

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Lider

Un des éléments centraux du programme de LIDER est la rupture avec le franc cfa. Dans la série d’articles que nous commencçons aujourd’hui, nous expliquons les raisons de notre choix et balayons quelques idées fausses sur les soi-disants principes fondamentaux du cfa.

Idée fausse n°1 sur le cfa: la convertibilité des monnaies émises par les différents instituts d’émission de la zone franc est garantie sans limite par le Trésor français.

Faux, car la France, selon ses intérêts du moment, peut décider de façon unilatérale de changer les règles du jeu. Les accords de coopération entre la France et les pays africains de l’Uemoa organisent les rachats des billets de fcfa et des autres créances exigibles sur la Bceao et la Beac par le biais de la convention du compte d’opérations. Et selon ces accords et convention, les banques centrales ont obligation de déposer 50% des avoirs extérieurs au Trésor public français dans le « compte d’opérations » que l’on présente comme le seul compte à découvert illimité de cette institution française, et n’ont le droit de conserver en autres devises, que les sommes destinées à leur trésorerie courante et à l’exécution de leurs obligations envers le Fmi.

Les créances exigibles en devises sur la Bceao et la Beac sont donc théoriquement prises en charge, selon les accords, d’abord par la Banque de France qui les rachète avec le solde du compte d’opérations, puis renvoie les fonds rachetés à la Bceao et à la Beac, qui les trient et les remettent en circulation par le biais des banques et des Trésors nationaux. Or toutes ces opérations coûtent cher en termes de transport, assurances et gestion. Ces coûts sont estimés à environ 3 % de la valeur rachetée. En cas de besoin, lorsque le compte d’opérations est débiteur, les deux banques centrales africaines peuvent obtenir le concours du Trésor public français, mais cela se fait dans un encadrement sévère et les découverts sont rémunérés à des taux sensiblement proches de ceux du marché. Ce mécanisme est supposé jouer aussi bien lorsque le Compte d’opérations est excédentaire que lorsqu’il est déficitaire.

Malheureusement lorsque le compte est devenu déficitaire, alors que les banques centrales africaines s’attendaient à voir jouer le principe du découvert illimité, des voix officielles se sont élevées en France pour plaider en faveur d’un renforcement de la surveillance des banques africaines d’abord, puis de la suspension du rachat des cfa par la France : le Trésor public français ne pouvait continuer à payer chaque échéance de la Banque mondiale pour le compte des pays africains de la zone franc. Cela coûterait trop cher à la France sans pour autant profiter à son commerce en direction des pays africains. Le premier ministre français de l’époque, Edouard Balladur, admettait clairement que la France ne pouvait octroyer des rallonges budgétaires à répétition, parce qu’elle avait des capacités d’aide limitées.

En début de l’année 1993 par exemple, les autorités monétaires de la zone franc africaine en collaboration avec celles de la France, décidèrent de prélever sur le taux de change fixe du franc cfa par rapport au franc français une commission d’environ 3%. Mais cela ne changeât rien à l’évolution des comptes nationaux. C’est alors que le 28 Juillet 1993, l’on décida de la suspension du rachat des cfa exportés hors des pays africains de la zone franc, démontrant ainsi que la libre convertibilité ne marche que quand le commerce est favorable à la France. Mais lorsque les opérateurs africains de la zone cfa vont en Chine, à Hong Kong, à Dubai faire leurs achats, la convertibilité devient limitée, en violation des accords.

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