Côte-d’Ivoire Mt Péko – le journaliste A. Ilboudo Lebel [Le Patriote] et Zébré S. [proche de Soro] cités comme propriétaires terriens

Par Hervé Coulibaly | Connectionivoirienne.net

Une liste de propriétaires terriens que nous avons pu consulter ces derniers jours laisse apparaitre les noms de messieurs Alexandre Ilboudo Lebel [journaliste au quotidien Le Patriote] et Zébré Souleymane [présenté comme conseiller de Soro Kigbafori Guillaume]. Ils sont respectivement propriétaire de 15ha pour le journaliste et de 30ha pour le conseiller du président de l’Assemblée nationale [voir liste ici bas]. Monsieur Ilboudo Lebel fait aussi office de conseiller en communication de l’association des clandestins de la réserve du Mont Péko, située entre Duékoué et Bangolo dans l’ouest de la Côte-d’Ivoire. La complexité du déguerpissement maintes annoncé puis annulé des clandestins du Mont Péko trouverait ici un début d’explications.

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Brimade, extorsion de fonds, racket et assassinat dans des forêts classées et réserves à l’ouest

Un préfet dissous le mouvement des occupants du Mont Peko et la gendarmerie met aux arrêts une dizaine de personnes.

Le préfet de la région du Guémon, préfet du département de Duékoué Sory Sangaré et le Commandant de la compagnie de gendarmerie de Guiglo, le commandant Kouakou Mathias, ont frappé fort dans le camp qui prospère à l’ombre des forêts classées et réserve de l’ouest. Dans la région du Guémon, le conseil représentatif des occupants du mont Peko (CROMP) a été dissous après d’innombrables plaintes des occupants de la forêt du Mont Peko. A Guiglo, plus de dix personnes liées aux ventes de parcelles de la forêt classée de Goin-Débé ont été mises aux arrêts par les brigades de gendarmerie de Guiglo pour extorsion de fonds en bande organisée, association de malfaiteurs et assassinat.

Ces graves révélations qui ont mis le préfet en colère

Après l’arrestation d’Amade Ourémi le 18 mai 2013, une structure appelée Entreprise Kebre Bagohouo (EKB) a vu le jour, créée Seydou Kiebré, un opérateur économique ivoiro-Burkinabè. Cette structure illégale aurait soutiré plus de 400 millions de FCFA aux paysans, selon Zongo Amidou, un occupant du Mont Peko. « Les responsables d’EKB nous ont dit qu’ils avaient négocié avec le gouvernement pour la location du parc. Et qu’à la longue nous deviendrons les propriétaires des parcelles que nous avons louées », raconte-t-il. Cela était bien évident faux.
Après le succès de cette « vaste escroquerie », le fondateur d’EKB a eu l’idée de mettre sur pied une structure plus grande, avec en ligne de mire tous les occupants de la réserve du Mont Peko. Le CROM est ainsi né en juin dernier pour légaliser les activités d’EKB. A cause de son carnet d’adresses bien fourni, Souleymane Zebre, conseiller à l’Assemblée nationale, a été choisi pour présider les destinées du Cromp. Seydou Kiebré s’est placé au secrétariat général tandis que la communication a été confiée à un journaliste de la place.
La mise en place du CROM a eu pour conséquence la destruction à grande échelle de pans entiers des forêts vierges restantes et l’arrivée d’orpailleurs. Selon un document de l’Office ivoirien des parcs et réserves(OIPR) dont nous avons eu copie, la destruction du parc s’est en effet accentuée à cause du CROM. Des membres du CROM ont aussi commencé à narguer et défier les forces de l’ordre chargées de la protection du parc. Le 16 octobre dernier, le caporal Moussa Bakayoko des Frci et un stagiaire Yéo Amara de l’OIPR en mission de vérification dans le parc ont été agressés à la machette par un individu se réclamant du CROMP, surpris en pleine activité de destruction de la forêt.
Pendant ce temps, les responsables du CROMP multipliaient les déclarations de bonne intention : « Nous demandons au gouvernement de nous donner trois de plus avant de partir, nous avons interdit tous les nouveaux défrichements, nous voulons reboiser le parc sur trois ou quatre ans… ».
Et pourtant, sous les arbres du mont Peko prospérait un tout autre business. Le CROMP prévoyait un nouveau recensement des clandestins : il était prévu que chaque personne recensée paie 10 000 FCFA. Les planteurs devaient payer la location des parcelles qu’ils occupent (un an de report de la décision d’évacuation égale à un an location à payer au CROMP). Le Cromp entendait avoir et garder le monopole de l’achat du cacao dans la zone. Il avait fixé le prix d’achat du kilo du cacao à 700 frs. Les 150 frs prélevés devaient servir à renflouer les caisse de l’organisation et à payer les traites des 8 camions qu’il mettait à la disposition des planteurs pour faire sortir le cacao des entrailles du parc jusqu’aux magasins. Le CROMP entendait aussi déployer ses propres hommes dans la forêt pour sécuriser la campagne de commercialisation du cacao 2014-2015.

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Quand le gouvernement a lancé le 7 octobre 2014 le recensement des occupants du mont Peko en vue de leur prochaine évacuation, ces derniers ont commencé à s’interroger sur les promesses du CROMP. « Même si sur le papier les dirigeants du Cromp ont des plantations dans le parc ce n’est pas le cas en réalité. Nous ne voulons pas être les esclaves de gens qui ne sont pas des occupants du Mont Peko mais qui défendent leurs propres intérêts. Grâce aux mesures prises par les responsables de l’OIPR notre cacao est acheté cette année à 850frs et c’est ça que le CROMP ne veut pas voir », peste un infiltré au port sec de Petit-Guiglo. Les occupants du Mont Peko ont alors saisi les autorités avec preuves à l’appui demandant de l’aide pour mettre fin au racket auquel ils sont soumis. Après enquête, le préfet a décidé de dissoudre le Cromp. La gendarmerie a été saisie pour entendre ses responsables. Seydou Kiebré s’est défendu en assurant qu’il avait voulu collecter des fonds pour défendre les intérêts de ses compatriotes. Mais il a également fait des propositions alléchantes au préfet pour qu’il revienne sur sa décision. En vain.
A Guiglo, c’est Yameogo Kouraogo Salam qui a été mis aux arrêts avec plusieurs de ses lieutenants. Cet homme, qui se faisait passer pour le chef terrien de la forêt classée de GoinDébé, possède, selon des clandestins, près de 500 hectares de plantations. Des documents compromettants ont été découverts chez lui : des reçus de recensement des occupants de la forêt classée de Goin-Débé, des tickets de sécurité que les clandestins achètent 25 000 FCFA par mois.
Il est reproché à Salam d’avoir chassé 300 planteurs Baoule et des centaines de Burkinabé dans la forêt classée de Scio en 2011. C’est après avoir acquis Scio qu’il a déposé ses bagages à Goin-Debe. Des planteurs Baoule qui ont trouvé refuge à Duekoue depuis 2011 précisent que l’homme est d’une cruauté sans égale. Ils assurent avoir payé 71 millions à cet homme originaire du Burkina en une seule année pour qu’ils les laissent travailler. « Quand nous avons refusé de payer ces taxes, trois d’entre nous ont été tués. Ils te font comprendre que c’est un dû, que le territoire est à eux. Nous avons été obligés de fuir nos plantations pour trouver refuge à Duekoue », soutient Yao René, le chef du campement de Yacekro. Certains planteurs ayant refusé de payer sont portés disparus jusqu’à ce jour.

Saint-Tra Bi
Correspondant régional
Fraternité Matin

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