Côte d’Ivoire – L’appel de Daoukro porte en lui les germes de la destruction du pays

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PRAO Yao Séraphin

« La métaphysique consiste à essayer de prouver l’incroyable en faisant appel à l’inintelligible »
(Henri Louis Mencken)

A Daoukro, le Président Bédié a décidé de soutenir le candidat Ouattara aux prochaines élections présidentielles. Pour lui, « l’objectif d’une telle candidature est double : assurer le succès du RHDP aux élections de 2015 et ensuite aboutir à un parti unifié dénommé PDCI-RDR pour gouverner la Côte d’Ivoire, étant entendu que ces deux partis sauront établir entre eux l’alternance au pouvoir dès 2020 ». Le président Bédié a donc décidé de conduire son parti dans un mariage pervers, tellement l’idéologie des deux partis diffère. Peu importe ! Que cela ne soit pas un obstacle à la vie des autres partis. Mais l’aspect qui nous intéresse dans cette réflexion c’est le caractère nocif de cet appel pour notre pays.

Le contentieux constitutionnel non réglé

La politique en Côte d’Ivoire a longtemps été rythmée par les questions d’inéligibilité des candidats. Le cas du président Ouattara est un exemple. C’est par un arrêt en date du 6 octobre 2000 que la Cour suprême a rejeté la candidature du président actuel au motif « qu’il ne réunissait pas toutes les exigences légales pour être candidat à l’élection présidentielle de 2000 ». Pour sortir de la crise politique, le Président Gbagbo a fait du président actuel un candidat exceptionnel par une décision du 5 Mai 2005. Le président Bédié a également bénéficié des largesses de l’article 48 de notre constitution puisque le Président Gbagbo l’a utilisé pour faire des deux autres Présidents des candidats exceptionnels mais uniquement pour les élections de 2010, selon les accords de Pretoria. En clair, selon notre constitution actuel, le président Bédié et l’actuel président ne peuvent plus être des candidats aux futures élections.
Avec toute la sagesse du Président Bédié, il aurait dû appeler les Ivoiriens à se pencher sur ce cas. Mais il ne l’a pas fait. Or, il sait bien que la constitution est le texte des textes, donc inviolable. Il n’a pas cherché à encourager au règlement du problème.

L’appel de Daoukro est un bras d’honneur fait à la constitution

Si le Président Bédié veut soutenir le candidat du RDR, c’est certainement parce qu’il se moque de la constitution actuelle de notre pays. A vrai dire, le président Bédié et le président Ouattara veulent modifier la constitution pour des mobiles différents : l’un cherche à se maintenir au pouvoir pendant que l’autre cherche un poste de vice-président. Dans leur projet de PDCI-RDR, il faut modifier la constitution pour créer un poste de vice-président et modifier l’article 35 et d’autres articles pour « vendre » le pays aux plus offrants. Dans tous les cas, l’appel de Daoukro est nuisible à la Côte d’Ivoire.

Le Président Bédié et son appel de tous les dangers

Dans notre constitution, selon l’article 126, la révision de la constitution n’est définitive qu’après avoir été approuvée par voie référendaire à la majorité absolue des suffrages exprimés. Autrement dit, si le président actuel veut modifier la constitution, alors les Ivoiriens doivent aller au référendum. A quelques mois des élections, le pays a-t-il les moyens de financer un référendum plus les élections ? Ou bien les gouvernants actuels ont-ils un calendrier caché que les Ivoiriens ignorent ? Or si après le 30 octobre 2015, la Côte d’Ivoire n’a pas un nouveau Président, alors une transition s’imposera car le président actuel serait illégal.
Même dans le camp des ex-forces nouvelles, le poste de vice-président n’enchante pas leur chef devenu président de l’assemblée nationale car il ne serait plus le dauphin constitutionnel. Dans ce cas, avec l’appétit politique qu’on connait au président de l’assemblée nationale, son mécontentement ne passera point inaperçu. Le président Ouattara et son « grand-frère » Bédié veulent brûler simplement la Côte d’Ivoire.

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