Côte d’Ivoire « Ni les militaires, ni les banques…mais la justice permet à un pays de rester debout » (Simone Gbagbo)

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Photo AFP

 

L’intervention de madame Gbagbo qui a valu des salves d’applaudissements :

Pour son « dernier mot » avant le délibéré de la cour, madame Gbagbo était attendue et, l’ex-première dame avec son art oratoire redoutable, a assuré. L’assistance ne s’est point empêchée de déroger à l’une des règles strictes de la cour en applaudissant à tout rompre la prestation de Simone Gbagbo. « Je comprends maintenant l’acharnement du régime Ouattara contre cette dame. Simone Gbagbo, on peut la condamner si on veut, on peut ne pas l’aimer, mais une chose est sure, elle est convaincante dans ses dires. C’est une femme de conviction, il n’y a pas de doute là-dessus », s’est empressé de commenter un témoin de l’audience de ce matin qui a vu défiler plus de 70 personnes à la barre y compris Sangaré Abou Drahamane (Fpi), Affi N’guessan (Fpi), le gouverneur Dakoury Tabley, le général Dogbo Blé et bien d’autres cadres du régime déchu de Laurent Gbagbo. C’est que le message de Simone Gbagbo était structuré autour de trois centres d’intérêt. Ses félicitations au juge Tahirou qui a conduit de ‘’façon satisfaisante’’ les débats depuis le début, son pardon face aux offenses et humiliations subies et enfin le rôle que doit jouer la justice dans la régulation de la société. C’est sur ce dernier point que l’épouse de Laurent Gbagbo a été plus explicite. Puisant dans les saintes écritures, l’ancienne dirigeante de Jeunesse estudiantine catholique (Jec) a expliqué en quoi la justice doit représenter le « manteau de cuirasse » pour notre jeune nation. Ce manteau de cuirasse autrefois utilisé par les soldats pour se protéger le corps contre les agressions ennemies. Pour Simone Gbagbo, un pays est à l’image du corps humain qui, privé de sa colonne vertébrale, ne peut rester debout. On a beau être un karatéka aguerri mais sans la colonne vertébrale, on ne peut rester debout, a-t-elle imagé. « En Côte d’Ivoire comme ailleurs, ce ne sont pas les militaires qui permettent à un pays de rester debout. Ce ne sont pas les banques qui permettent à un pays de rester debout. C’est la justice en tant que dernier recours. Quand les politiciens font leurs palabres, quand les hommes d’affaires se battent entre eux, qui est le dernier recours ? C’est le juge chargé d’appliquer et d’interpréter la loi. C’est encore lui qui permet que la constitution soit respectée. Aujourd’hui on ne parle plus de Fpi ni de Pdci, on ne parle plus de vainqueur ni de vaincu. C’est fini ! On parle de la Côte d’Ivoire qui doit rester debout. Messieurs les jurés, nous comptons sur vous. Ne regardez pas nos douleurs, ne regardez pas nos plaies. Débarrassons-nous de toute douleur et sauvons la Côte d’Ivoire. Vous devez vêtir la Côte d’Ivoire du manteau de la justice », a plaidé madame Gbagbo dans une salle devenue calme tout au long de son audition.
L’ex-première dame de Côte d’Ivoire s’est posée en victime en plaidant non coupable. Madame Gbagbo a dit qu’elle pardonnait les accusations et les humiliations dont elle fut affublée demandant même, au nom de la réconciliation, au juge de lui permettre d’aller vers les avocats de l’Etat pour exprimer ce geste de pardon, vu, selon elle, qu’ils étaient allés loin dans leurs accusations contre elle. L’accusée s’est ainsi offusquée de l’audition d’un témoin le jour de son passage. Celui-ci avait indiqué que Madame Gbagbo a distribué des orgues de Staline à ses partisans pour s’en prendre aux populations pro-Ouattara. ‘’Je me demandais même si ce témoin savait de quoi il parlait’’, a commenté Simone Gbagbo qui attend maintenant son verdict. Depuis 14 h 50 (GMT) la cour s’est retirée pour les délibérations au cas par cas. L’audience suspendue à cette heure-là pourrait reprendre jusqu’à 18 heures comme l’a confié un avocat de la défense.

SD depuis le palais de justice d’Abidjan Plateau

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