Côte-d’Ivoire à l’ONU un haut fonctionnaire ivoirien épinglé – Le scandale des emplois vendus

UNTC 27-02-2015 S.E. M. Bafétigué Ouattara Ambassadeur Représentant permanent adjoint de la République de Côte d'Ivoire ratifie le Traité sur le commerce des armes
UNTC 27-02-2015 S.E. M. Bafétigué Ouattara Ambassadeur Représentant permanent adjoint de la République de Côte d’Ivoire ratifie le Traité sur le commerce des armes

Par Sylvie Kouamé avec G.D.A.| Connectionivoirienne.net 27 mars 2015

L’éviction de Youssoufou Bamba de la tête de la Représentation de la Côte-d’Ivoire auprès de l’ONU à New-York n’a pas encore fini de révéler tous les secrets. Au fur et à mesure que le temps s’écoule les langues se délient, contredisant la version «officielle» propagée par certains médias. En effet, le site Inner City Press, sous la plume de Matthew Russell Lee, dans une série d’articles récents nuance la version connue, et attribue à la révocation de M. Bamba à un scandale d’emplois de fonctionnaires de l’ONU vendus par un haut fonctionnaire de l’État ivoirien. Ce haut cadre en mission pour la Côte-d’Ivoire auprès de l’ONU à New-York est le diplomate Bafétigué Ouattara, adjoint de Yossoufou Bamba, que ce dernier n’aurait pas su valablement couvrir. La première question qui se pose alors peut-être la suivante. Pourquoi sanctionner Youssoufou Bamba pour des emplois vendus avec la responsabilité établie par les enquêteurs de l’ONU de son adjoint Bafétigué Ouattara ?

Youssoufou Bamba

Sur ce point comme déjà mentionné sur ce site [Connectionivoirienne.net], des sources à New-York, Abidjan et Washington restent fermes, il s’agit d’une cabale, d’un complot, d’un limogeage pour raison politique. Les protecteurs de Bafétigué Ouattara à la présidence ivoirienne, ligués depuis de longues années contre l’Ambassadeur Youssoufou Bamba, ont en effet le temps aidant, fini par convaincre le grand patron [Alassane Ouattara] du manque de loyauté de son Ambassadeur à l’ONU et de son rapprochement avec son collègue diplomate et «parrain » Essy Amara.

Selon Inner City Press, les protecteurs de Bafitigué Ouattara à la présidence ivoirienne se nomment Birahima Tênê Ouattara [photocopie], Mamadi Diane et Roland Adjo Lessing, tous trois des conseillers du chef de l’Etat ivoirien. Roland Adjo Lessing le moins connu pour les «pas introduits», est conseiller à la Présidence de la République de Côte d’Ivoire chargé des Relations avec le système des Nations Unies. Mamadi Diane lui, est connu comme un conseiller très influent de Ouattara, chargé des Relations Internationales et Diplomatiques. Proche de Blaise Compaoré, il possèderait des «entrées solides» aux USA où il aurait vécu de longues années.

Inner City Press accuse aussi Hervé Ladsous, le chargé des Opérations de maintient de la Paix de l’ONU d’être en complicité avec les autorités ivoiriennes en étant l’un des protecteurs de Bafétigué Ouattara. Matthew Russel Lee va plus loin en accusant la France, le pays d’origine des quatre derniers responsables à ce poste hautement stratégique au sein de l’appareil onusien.

L’Affaire des emplois vendus en court résumé

L’enquête menée par la division des investigations du Bureau des services de contrôle interne de l’ONU est présentée dans un rapport classé «strictement confidentiel» de 49 pages produit le 20 août 2014, dont nous avons consulté une copie.

Dans son introduction ce rapport indique que «le 24 juillet 2013, la Division des investigations du Bureau des services de contrôle interne [BSCI] a reçu des informations faisant état de possibles pratiques de corruption dans la sélection et le recrutement des policiers ivoiriens affectés en qualité de membres de la police des Nations Unies à des Opérations de Paix» en Haïti et en République démocratique du Congo. Le rapport consultatif de l’enquête sera présenté au Secrétaire Général adjoint chargé des Operations de Maintien de la Paix, Hervé Ladsous, le 22 avril 2014.

Dans leurs constations et conclusions, les enquêteurs affirment:

«Au vu de toutes les preuves réunies au cours des neuf enquêtes diligentées par le Bureau d’investigation sur les allégations de corruption dans le recrutement de membres de la Police des Nations Unies et de l’examen de ces preuves, comprenant en particulier l’analyse de la crédibilité des témoins, des pièces qu’ils ont fournies, de leurs liens avec d’autres parties et des raisons qui les ont poussé à agir, la BSCI constate ce qui suit :

1- Sur instruction de Mme Hubertine Foué, Mme Coulibaly a les 1er et 2 juin 2012 déposé un montant de 10 000 dollars sur le compte de Mme Foué à la Trust Merchant Bank en RDC, argent provenant de sommes en espèces que lui ont remis huit policiers des Nations Unies arrivés à la MONUSCO [mission de l’ONU en RDC] le 29 mai 2012.

2- Mme Foué a sciemment menti au BSCI lorsqu’elle a prétendu que les 10 000 dollars déposés par Mme Coulibaly sur son compte en juin 2012 étaient destinés à une tontine dont elle était partie prenante durant son stationnement à la MONUSCO.

3- Mme Foué a reçu 2000 dollars [dont 1000 dollars par virement du 2 août 2012] de la part de Mme Sery afin de faciliter l’affectation de cette dernière dans une mission des Nations Unies.

4- Mme Foué a reçu de l’argent [dont 2000 dollars le 23 juillet 2012] de lap art de M. Yoboué afin de faciliter l’affectation de ce dernier dans une mission des Nations Unies.

5- De son compte de la République démocratique du Congo, Mme Foué a viré 18 834 dollars [hors frais bancaires] sur le compte de M. Bafetigué, Représentant permanent adjoint auprès de l’ONU de la République de Côte-d’Ivoire. Sur ce montant, qui a été viré en trois versements successifs les 4 juin, 4 août, et 10 août 2012, 13 000 dollars provenaient de policiers ivoiriens des Nations Unies à la MONUSCO le 29 mai 2012.

6- Pour tromper la vigilance des autorités américaines, certains paiements au Diplomate Bafetigué Ouattara s’effectuaient en voitures et autres objets de valeur.

[…]

Mamadi Diane
Mamadi Diane

Suspension des recrutements

Convoquée par l’ONU pour être entendue, madame Foué sera interdite de voyage par le gouvernement ivoirien. Les fonctionnaires détachés auprès de l’ONU restent dépendants des autorités de leur pays d’origine, puisque que ceux-ci sont sensés reprendre leurs postes d’origine dans la fonction publique une fois leur mission auprès de l’ONU achevée.
A la suite de cette affaire de vente d’emplois toujours pendante, tous les recrutements de fonctionnaires de nationalité ivoiriennes pour des missions de l’ONU ont été suspendus jusqu’à nouvel ordre. Selon les sources diplomatiques à New-York, l’affaire des emplois vendus dont nous ne voyons qu’une petite partie, remonte au passage de Soro Guillaume et de Paul Koffi Koffi à la Primature.

Par GDA [Gbansé Douadé Alexis, directeur de publication Connectionivoirienne.net]

Les vidéos conférence sur l’affaire

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