Côte d’Ivoire des campements de Tiassalé en ébullition – Conflits de terre entre Agny, Abbey et Baoulé

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Alors que l’actualité ivoirienne est marquée par la politique et l’ébullition du front social, que des milliers de ressortissants Baoulés installés depuis des décennies dans le département de Tiassalé, région de l’Agneby Tiassa, sont en voie d’être déguerpis par la volonté de certains individus.

Les populations des campements de « Petit Guiglo », Ahua et autres dans la sous-préfecture de N’Douci ne savent plus à quels saints se vouer, quand elles sont menacées de perdre tout ce qu’elles ont bâti depuis des décennies.

« C’est nous les Agnis qui avons installés les Baoulés ici depuis l’époque coloniale. Il n’y a jamais eu de problèmes entre nous. Ce n’est qu’une famille d’Ahua pour des raisons qu’elle seule sait, qui veut chasser ses milliers de personnes installées ici depuis plus de 100 ans. Au début nous avons un problème de délimitation. Depuis 1985 la limitation a été faite à partir de la rivière qui sépare nos deux villages », a expliqué Nanan Amani Ekra, chef de terre du département de Tiassalé, par ailleurs chef de village Batera.

Le secrétaire général du chef de village d’Ahua, Robert Yao Komenan renchérit avec documents à l’appui.

« Le village d’Ahua compte de grandes familles. La famille Mandjou et Adjoumani. L’endroit où sont installés n’appartient pas à la famille Adjoumani. Les Baoulés sont sous la coupole de la famille Mandjou. Elle est la seule habileté à leur demander de partir. Ce qui n’est pas possible pour une population installée depuis 1893. Comme nous sommes ici dans la brousse et n’avons personne pour nous venir en aide, la famille Adjoumani qui a des relations, a soutenu à la cour Suprême, que les campements n’étaient pas habités et que les champs étaient en jachère. Pourtant ici, il y a plus de 1000 hectare de plantations et il n’y a plus d’espaces cultivables. La cour suprême sans enquêtes au préalable à ordonner par documents l’autorisation de nous déguerpir. Mais soyez en sûr, seul la mort pourra nous faire quitter les lieux. La famille Adjoumani a vendu plus de 500 hectares de nos champs à la Société de Culture Bananière (SCB). Ils ont déjà reçu la somme de 5 millions de FCFA. Nous n’avons aucune relation, mais nous allons nous défendre par tous les moyens. Vous devez informer les autorités de notre situation, avant qu’elles ne viennent compter les morts et de constater de nombreux dégâts matériels. »

Pour le représentant du chef du campement « Petit Guiglo », l’heure est grave et que les populations que refusent d’écouter les autorités administratives et sécuritaires de la localité, s’apprêtent à défendre tout ce qui a été construit depuis l’époque par leurs ancêtres.

« Monsieur le journaliste, je vais vous faire la genèse de ce déguerpissement ordonné par la justice. Tout est parti des élections présidentielles en 2010. Nous sommes le seul campement à avoir voté à 100 % Alassane Ouattara. Nos voisins Abbey et la famille Adjoumani nous l’ont reproché et ont menacé de nous faire partir de la région de Tiassalé par tous les moyens. C’est de là que toute cette histoire de déguerpissement est née. Depuis ce temps nous sommes menacés par les Abbey et ladite famille. Nous avons expliqué nos déboires à Madame la sous-préfète, Mireille Gohou, voici ce qu’elle nous a dit : « J’en ai marre de vos problèmes. Allez y voir les autorités à Abidjan. Chacun à un village ici en Côte d’Ivoire. Si les gens ne veulent plus vous voir, alors partez ! » Quant au commandement de Brigade de la gendarmerie, il ne nous a jamais considéré Nous constatons malheureusement, que tout le monde est complice du complot juste pour nous faire payer nos opinions politiques. Des gendarmes sont arrivés plusieurs fois au campement pour nous intimider, et pensant que nous aurons peur pour partir. Nous avons toutes nos vies ici. Nous ne pourrons plus construire une autre vie ailleurs. Vous avez fait le déplacement pour vous rendre compte de l’évidence. Vous avez constaté que nous sommes prêts à mourir. Personne ne veut laisser détruire ses biens. Nous allons nous défendre jusqu’au prix de notre vie. Si les autorités laissent prospérer cette injustice, nous sommes prêts à nous défendre bec et ongles. Vaut mieux mourir que de perdre ce que l’on a bâti depuis l’époque coloniale. Nous espérons que par votre canal, le gouvernement pourra se saisir de cette affaire, sinon nos morts resteront sur sa conscience. En vérité c’est un problème politique, et ça nous ne nous laisserons pas faire. Femme, vieux, enfants sommes tous mobilisés pour nous défendre et ce je précise encore une fois de plus, par tous les moyens. Personne ne s’est rendu au champ pour vous recevoir. Ce sont plus de 5000 âmes. Nous espérons que notre cri de cœur ne tombera pas dans les oreilles de sourds », a conclu le porte-parole du campement.

C’est une population sur le pied de guerre que nous avons laissé quand nous quittions les lieux, tout en espérant que personne n’aura intérêt que les campements s’embrasent à l’orée des élections.

koaci.com

Commentaires Facebook

Les commentaires sont fermés.