Côte d’Ivoire 2015 – Guikahué dément son ralliement à Charles Konan Banny ?

Bannyguikahue

Torpillé par Banny dans « La Lettre du Continent »–Pr Kakou Guikahué crache ses vérités aux irréductibles : «Au lieu de vous rallier, je vous demande plutôt de me rallier parce que nous, nous sommes très loin et sur la bonne voie».

Des personnes tapies dans l’ombre veulent faire croire que Pr Maurice Kakou Guikahué, Secrétaire exécutif du Pdci Rda, « est tenté de rejoindre » le camp de Charles Konan Banny (voir « La Lettre du Continent »). Dans cette interview-bilan des activités du congrès de la cardiologie à Yamoussoukro du 6 au 8 mai 2015, Pr Guikahué répond à ces détracteurs.

M. le ministre, vous sortez d’un grand congrès international des cardiologues africains et français tenu à Yamoussoukro, quel bilan en faites-vous de l’Africardio 2015?

Le bilan est très positif. D’abord, sur le plan de la participation des cardiologues, tous nos invités, à 90%, sont venus. Nous sommes des médecins. Au dernier moment, il y a eu des urgences dans certains pays, en Afrique du Sud et au Benin. Nous avons donc connu une participation massive et surtout une participation de la cardiologie française qui a accepté de parrainer scientifiquement ce congrès. Le président de la Société française de cardiologie, qui venait de Taiwan et qui allait, 48h après, à Moscou, est passé par Abidjan. Cela témoigne de la volonté de celui-ci de prendre part à ce congrès. Il y avait 25 cardiologues français. C’est une première en Afrique. Donc, ce 2ème congrès a été une réussite sur le plan de la mobilisation des cardiologues. Au plan scientifique, nous avons abordé un sujet qui va devenir la préoccupation des Ivoiriens dans 5 ans. Cela fait deux ans que nous avons fait le choix des maladies coronaires, c’est-à-dire les crises cardiaques et les infarctus. Le dernier rapport de l’Oms indique que les crises cardiaques seront la première cause de mortalité en Afrique à partir de 2020. Cela veut dire que dans 5 ans, la première cause de mortalité en Afrique sera due aux maladies cardiovasculaires et plus précisément aux coronaropathies qui ont une prévalence importante qui est passée de 0,6% en 1980 à 13,16% en 2014. Donc, nous avons eu le nez creux en portant le choix du congrès sur un tel thème. Troisième résultat positif, les conférenciers ont donné des conférences de très haut niveau. On se croyait dans un congrès Américain ou Européen. Ce sont les mêmes communications qui ont été faites. Et les cardiologues africains, surtout ivoiriens, ont été à la hauteur par leurs communications. Ce qui veut dire qu’il y a une montée et nos jeunes cardiologues se sont affranchis. Ils ont fait de très bonnes communications à telle enseigne qu’il y a eu deux laboratoires pharmaceutiques qui ont été séduits par la qualité des travaux. Il y a eu 4 bourses distribuées. 2 jeunes cardiologues, un Sénégalais et un Camerounais qui ont eu une bourse et sont déjà préinscrits pour Africardio 2017 et 2 jeunes Ivoiriens qui ont eu une bourse pour participer aux prochaines journées Européennes de la société française de cardiologie en janvier 2016 à Paris. Un autre laboratoire a fait don d’appareils d’électrocardiographie…Nous avons été gâtés. C’était un succès total. De tous les congrès organisés en Afrique subsaharienne, nous nous plaçons au-dessus de tous d’après les experts eux-mêmes par la qualité des prestations, par la qualité des conférences.

Qu’est-ce que la Côte d’Ivoire gagne après ce congrès ?

Ce que la Côte d’Ivoire gagne, c’est le premier institut de cardiologie, installé par Houphouët-Boigny en 1976. Donc nous avons un passé glorieux. Nous opérons les malades à cœur ouvert en Côte d’Ivoire. On ne faisait pas les dilatations des artères coronaires. Cela se faisait en France et c’est la corde que nous venons d’ajouter à notre arc. Nous avons fait 150 dilatations de coronaire chez 57 personnes de l’Afrique de l’Ouest, mais il y a eu des Américains et des Français. Nous avons commencé la première coronarographique, parce que nous en avons la compétence. C’est un Français résidant en Guinée qui souffrait d’une douleur thoracique qui était typiquement une douleur angineuse, un infarctus en début. Le médecin guinéen a voulu appeler Europe assistance et l’évacuer en France. Cela fait 6 à 7 heures de vol. Or Abidjan, c’est 2 h. Donc on lui a dit qu’il y a un institut de cardiologie à Abidjan, est-ce que vous voulez aller à Abidjan ? Il a dit, dans tous les cas, si cela doit mal se passer, ça se passera mal parce que si Abidjan ne réussit pas, dans les 6h, je ne pourrai aller en France. Il est venu à Abidjan et la dilatation a été un succès. Aujourd’hui, c’est lui qui est notre ambassadeur auprès du monde entier. Abidjan devient une place sécurisée en matière de pathologie cardiovasculaire et coronaire. Que ce soit un Américain ou un Français, qui a une douleur thoracique, nous pouvons faire la prise en charge comme si le patient était en France ou aux Etats-Unis. C’est ce que nous avons prouvé lors de ce congrès à travers les visites effectuées à l’Institut de cardiologie. Abidjan est devenue une plaque tournante, un lieu qui compte. On gagne beaucoup. Les Français nous ont donné l’assurance qu’ils feront en sorte que des Canadiens, des Québecquois, des Suisses s’ajoutent à nous pour que tous les deux ans, se tienne à Abidjan un congrès francophone de Cardiologie.

Après ce congrès, quelles sont les actions à venir ?

Après ce congrès, nous avons décidé qu’en 2016, nous allons faire le tour de toutes les capitales régionales pour faire la vulgarisation, la sensibilisation sur la prise en charge de l’hypertension artérielle. Parce que nous nous sommes rendus compte que dans les facteurs de risque qui entrainent les crises cardiaques, il y a l’hypertension. Chez nous, c’est 60%. Après viennent le diabète, et le tabagisme, les dyslipidémies et le stress…. Ce sont des facteurs réversibles. Si vous contrôlez la tension, le diabète et que la personne arrête de fumer, vous avez sauvé la moitié de la population. L’Oms vient d’indiquer que ce sera le plus gros facteur de décès en Afrique dés 2020. Donc nous, nous voulons, dès 2016, nous attaquer à ces problèmes. Nous voulons faire en sorte que l’hypertension ne soit plus du seul ressort du cardiologue. Elle peut être traitée par un médecin généraliste. Quel que soit où l’on se trouve en Côte d’Ivoire, si on est médecin, on doit pouvoir maîtriser le traitement de l’hypertension artérielle. C’est cela notre message en 2016. Pour me rendre honneur, la Société de cardiologie et la Ligue ivoirienne de l’hypertension ont décidé d’organiser en août prochain à Gagnoa, les journées de l’hypertension Artérielle. Faire une formation sur comment on traite l’hypertension artérielle, comment reconnaître un électrocardiogramme normal. Et le second jour, des consultations gratuites dans tout le district sanitaire. Donc nous avons décidé de nous engager contre l’hypertension artérielle en Côte d’Ivoire.

Vous avez fait un plaidoyer à Yamoussoukro en ce qui concerne le nombre de cardiologue… ?

Aujourd’hui, nous sommes 60 cardiologues pour la Côte d’Ivoire. 2020, c’est dans 5 ans. Au moment où on atteindra l’émergence, malheureusement, les maladies cardiovasculaires vont émerger aussi. Donc, ça veut dire qu’il faut les prendre en charge. Nous avons donc fait un plaidoyer et le ministre de la Santé y a prêté une bonne oreille. Ce plaidoyer, pour monter le nombre de cardiologues au moins à 100. En Tunisie, ils sont 400 cardiologues et nous, d’ici 2020, nous allons avoir 100 cardiologues, on peut y faire face. Pourquoi 100 cardiologues ? Il y a un Institut de cardiologie qui va être construit à Bouaké. Nous saluons cela, mais il faudra que chaque capitale régionale, elles sont 31, ait un cardiologue. A part Bouaké, Korhogo, San Pedro et puis Abengourou, les autres régions n’ont pas de cardiologue. Alors que dans cinq ans, nous aurons des problèmes. Donc, il faut attaquer le problème maintenant pour ne pas être submergé. Dans 5 ans, le Sida et le paludisme seront encore là mais l’espérance de vie va augmenter et à partir de 55 ans, 60 ans, ce sont les maladies cardiovasculaires qui vont prendre le dessus.

Quels gestes simples doivent avoir les populations pour éviter les maladies du cœur ?

C’est d’avoir une activité sportive. Il faut être actif. Il faut apprendre à maîtriser le stress et puis manger sain. Il faut manger peu gras, peu salé et peu sucré. Ça, c’est l’hygiène alimentaire. Il faut aussi manger beaucoup de fruits et légumes. Il faut privilégier les fruits.

M. le ministre, pendant que vous étiez au congrès des cardiologues, dans « la Lettre du continent », nous avons lu que vous seriez tenté de rejoindre le camp Banny. Qu’en est-il exactement?

J’ai lu l’article dont vous parlez avec étonnement. L’auteur cite mon nom, mais se trompe en disant que je suis le directeur de Cabinet du président Marcel Zadi Kessy, président du Conseil économique et social. C’est archi-faux. Ces informations, en temps normal, ne nécessitent pas de réponse, mais la période que nous vivons est très sensible, parce que nous sommes en contact avec les militants. Donc, il ne faut pas troubler les militants. C’est pourquoi, je vais y répondre. D’abord, je voulais rassurer les militants du Pdci-Rda. Ils me connaissent, ils savent que quand j’ai décidé, j’ai décidé. Notre programme, aujourd’hui, est tracé par le président Henri Konan Bédié que nous suivons, c’est qu’en 2015, on va en Rhdp avec le président Alassane Ouattara et en 2020, on va en Rhdp avec un candidat issu du Pdci-Rda qui va être élu en Rhdp. A l’investiture du président Ouattara, le président Bédié l’a dit clairement et le président Ouattara a répondu pour dire qu’en ce qui concerne les équilibres et l’alternance, il a la même vision que son aîné Henri Konan Bédié. Donc, le problème est réglé. Nous avons mis le cap sur la campagne électorale du président Alassane Ouattara. Parce que l’Appel de Daoukro, je l’ai considéré comme un saut d’obstacles. Je suis le chef de file de la promotion de cette idée, parce que nous sommes les collaborateurs du président Bédié. J’ai pris sur moi l’Appel de Daoukro avec des amis, les rangs ont commencé à grossir. D’abord, il fallait convaincre le Bureau politique, nous l’avons fait. Ensuite, j’ai fait moi-même une grande tournée et les militants ont posé beaucoup de questions auxquelles nous avons apporté des réponses et ils ont adhéré à l’Appel de Daoukro. Ce qui s’est traduit par leur participation massive au Congrès Extraordinaire qui a eu un succès éclatant. Après cet obstacle, nous sommes partis à l’investiture. Les militants du Pdci sont venus nombreux de l’intérieur du pays en cars, ils ont rempli le stade, ils étaient partout avec les autres militants des partis politiques membres du Rhdp. Le président Ouattara a été brillamment investi. Aujourd’hui, nous sommes en train de faire des stratégies pour aller à l’élection et je suis le président du directoire du Rhdp qui mène cette action. Actuellement, nous sommes en train de travailler pour mettre en place, d’ici trois semaines, les coordinations locales du Rhdp. C’est cela notre projet. Donc, c’est avec étonnement que j’ai aussi lu cela. C’est archi faux, que les militants se tranquillisent. Peut-être que les autres ne croyaient pas trop à la réussite de l’Appel de Daoukro, qu’ils avaient aussi minimisé notre capacité de persuasion et ils se rendent compte aujourd’hui que nous sommes l’élément central dans cette sensibilisation pour l’Appel de Daoukro. Donc, il faut brouiller les cartes, jeter un peu l’anathème sur les gens pour décourager les militants. Il n’en est rien du tout. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois. Après la réunion du bureau politique et qu’on est sorti du congrès, les gens ont commencé à écrire. Le journal « Le Bélier » surtout qui dénigre à outrance et comme ça ne marchait pas, c’est sur les réseaux sociaux que les gens ont commencé à dire que je fais l’Appel de Daoukro, la journée, et autre chose, la nuit. Ils se sont rendus compte que ça n’a pas pris et maintenant qu’ils voient qu’on a fait cette investiture fabuleuse. J’étais le coordonnateur de cette investiture. Les gens sont désemparés, Mais je voudrais lancer un appel à tous les irréductibles. Je leur dis qu’il n’y a pas de honte à avoir une ambition. S’ils se rendent compte que de plus en plus l’Appel de Daoukro prend, je sais que nous sommes sur la bonne voie, qu’ils abandonnent alors leurs ambitions et qu’ils nous rejoignent. Et qu’ils remettent leurs ambitions pour plus tard. C’est ce que nous leur conseillons. Donc, au lieu de les rallier, je demande plutôt qu’ils viennent nous rallier parce que nous, nous sommes très loin et sur la bonne voie.

Sercom PDCI

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