Lorsque Jeune-Afrique fait les relations publiques du régime Ouattara « Packages au prix fort »

Alassane Ouattara, dans son bureau du palais du Plateau, lors de l'entretien accordé à Jeune Afrique, le 17 avril 2013 © DR
Alassane Ouattara, dans son bureau du palais du Plateau, lors de l’entretien accordé à Jeune Afrique, le 17 avril 2013
© DR

« Les « packages » proposés par « Jeune Afrique » aux « sponsors » se paient au prix fort, indique-t-on de bonne source à Abidjan, où ce mélange des genres a choqué plus d’un industriel: 2500 euros pour les plus modestes et 6000 euros pour les plus fortunés. Pourquoi un grand pays comme la Cote d’Ivoire a besoin de se discréditer en demandant aux journalistes de « Jeune Afrique » de se livrer à une communication aussi grossière? Comment des journalsites peuvent-ils se prèter à de telles aventures politico commerciales? » (TK)

Par Nicolas Beau Mondafrique.com

Le 29 janvier 2014, s’est tenu à Abidjan un vaste forum économique à l’intention des partenaires étrangers de la Cote d’Ivoire. Plus surprenant, c’est la magazine « Jeune Afrique » qui a fait la promotion de cet événement patronné par le président ivoirien Ouattara et où la patronne du FMI, Christine Lagarde, a pris la parole. Avec un petit dédommagement à la clé pour nos confrères de « Jeune Afrique »!

Voici la lettre qu’a adressée le directeur commmercial de Jeune Afrique, Florian SERFATY, à un certain nombre de groupes financiers pour vanter le modèle économique ivoirien et proposer ses services. Il est vrai qu’il avait été « mandaté » en ce sens par la présidence ivoirienne.

« Cher Monsieur,

J’ai le plaisir de vous informer que nous avons été mandatés par la Présidence de la République et la Primature, via le Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire (CEPICI), pour organiser le prochain Forum « Investir en Côte d’Ivoire – ICI 2014 » qui se tiendra du 29 au 1 er février 2014 à L’Hôtel Sofitel Ivoire à Abidjan.

Comme vous le savez, la Cote d’Ivoire est engagée dans une ambitieuse stratégie de développement qui doit la conduire à rejoindre les rangs des pays émergents en 2020. La détermination du gouvernement et les efforts engagés par toutes les composantes de la Nation ont permis à la Côte d’Ivoire d’enregistrer, dès 2012, un taux de croissance du PIB proche de 10 %.

Pour réussir pleinement et s’inscrire dans la durée, cette stratégie a besoin d’une forte mobilisation des opérateurs économiques, ivoiriens et internationaux, décidés à s’appuyer sur l’exceptionnel potentiel du pays, à tirer parti de ses ressources naturelles et humaines pour accroître leur compétitivité et développer leurs activités et leurs marchés.

Le Forum « Investir en Côte d’Ivoire -ICI 2014″ s’inscrit dans cette dynamique :

Associer étroitement les hommes d’affaires, les entrepreneurs et les pouvoirs publics, ivoiriens et internationaux, aux opportunités créées par la croissance.

Placé sous le haut-patronage de Monsieur Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, en présence de Madame Christine Lagarde, Directrice générale du Fonds monétaire international, invitée d’honneur, cet événement d’une portée exceptionnelle se tient à Abidjan en janvier 2014 à l’Hôtel Ivoire.

Nous souhaiterions vous associer à cette manifestation d’importance en vous proposant d’être l’un de nos prestigieux sponsors.

Vous trouverez ci-joint la brochure de présentation du Forum ainsi que les différents packages proposés »

Les « packages » proposés par « Jeune Afrique » aux « sponsors » se paient au prix fort, indique-t-on de bonne source à Abidjan, où ce mélange des genres a choqué plus d’un industriel: 2500 euros pour les plus modestes et 6000 euros pour les plus fortunés. Pourquoi un grand pays comme la Cote d’Ivoire a besoin de se discréditer en demandant aux journalistes de « Jeune Afrique » de se livrer à une communication aussi grossière? Comment des journalsites peuvent-ils se prèter à de telles aventures politico commerciales?

Publié le 08 Fév, 2014

Publié par Nicolas Beau

Ancien du “Monde”, de “Libération” et du “Canard Enchainé”, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l’Institut Maghreb (paris 8) et l’auteur de plusieurs livres : “Papa Hollande au Mali”, “Le vilain petit Qatar “, “la régente de Carthage” (La découverte, Catherine Graciet) et “Notre ami Ben Ali” (La Découverte avec Jean Pierre Tuquoi).

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