Déchets toxiques – La justice va-t-elle se discréditer en Côte d’Ivoire ?

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Par HC Connectionivoirienne.net

Ce que l’on qualifie ce jour de l’Affaire Trafigura, Puma Energy avec l’Etat de Côte d’Ivoire en « intervention forcée » et le Colonel Tibé Bi Balou, ainsi que le procès des victimes des déchets toxiques réunis au sein du Réseau national pour la défense des droits des victimes des déchets toxiques de Côte d’Ivoire (Renadvidet-ci), conduit par son président Charles Koffi devant les tribunaux est la vrai face visible d’une justice ivoirienne accusée à tort ou raison de corruption dans tous les milieux.
L’audience du 11 juin 2015, qui avait été reporté de deux semaines, à la demande des parties Trafigura et Puma Energy, à l’effet de mander une suite à la réplique de l’Etat a effectivement eu lieu devant le président du Tribunal, Hamed Coulibaly jeudi 25 juin 2015.

Les parties Trafigura et Puma Energy ont réagi à « la bombe » de l’Etat [dans ses écritures], comme nous l’écrivions. L’Etat s’est désolidarisé de ces deux sociétés pollueuses sur interprétation du protocole d’accord qui, selon lui n’est opposable ni au demandeur, c’est-à-dire le Colonel Tibé Bi Balou, encore moins à l’Etat lui-même.
Ce qui s’est d’ailleurs justifié par le mutisme de l’Etat quant à la réponse au deux sociétés pollueuses poursuivies par le Colonel Tibé Bi Balou pour « dommage et intérêt » portant sur la somme de 300 milliards FCFA (environs 460 euros).

Aussi, naturellement que cela puisse paraître, Hamed Coulibaly n’a eu d’autres recours que de renvoyer l’affaire pour conclusion du ministère public. Autrement dit, il appartient au Procureur de la République de prendre ses réquisitions qui qu’il transmettra au président du tribunal de 1ère instance lequel a fixé la date du 30 juillet 2015, pour délibération.

Si jusque-là, la procédure n’est entachée d’aucune ambigüité, des zones à élucider demeurent dans la mesure où, à l’audience du 11 juin 2015, le président du tribunal avait annoncé publiquement qu’il avait reçu «des instructions pour que le dossier soit bouclé le 9 juillet 2015.» C’est ici que nous avons du mal à expliquer le renvoie de la délibération au 30 juillet 2015, sans aucune explication de sa part.
La justice ivoirienne gagnerait à se rappeler du souhait du Président Alassane Ouattara qui sait qu’elle tient une place de choix dans les Institutions qu’il ambitionne de renforcer. « Mais force est de reconnaître qu’en ce moment, face aux nombreux griefs qui lui sont faits et qui ne sont, hélas, pas toujours infondés, notre justice n’est pas au mieux de sa réputation. » Ce propos est de M. Alassane Ouattara. Il l’a tenu le 24 mai 2011, lors de l’investiture du président de la Cour suprême.
A l’opposé, la lutte que mène le président du Réseau national pour la défense des droits des victimes des déchets toxiques de Côte d’Ivoire (Renadvidet-ci), Charles Koffi au tribunal du Plateau-Abidjan va rebondissement en report.

Le dilatoire pour couvrir des présumés coupables ?

L’affaire du Probo Koala, cette catastrophe environnementale et humanitaire, survenue en Côte d’Ivoire le 19 août 2006 ayant provoqué la mort de 17 personnes et l’intoxication de dizaines de milliers de personnes, au Port Autonome d’Abidjan (PAA) semble n’émouvoir outre mesure, les auteurs nouveaux milliardaires nés sur les cendres des victimes des déchets toxiques.

MM. Gohourou Ziallo Claude François, Koné Cheick Oumar, Mmes Digbeu Léocadie et Awa N’ Diaye épouse M’ Baye condamnés à 20 ans d’emprisonnement ferme dans l’affaire relative au détournement des 4,658 milliards FCFA destinés à indemnisation des 6.624 victimes des déchets toxiques sont-ils couverts par la justice ivoirienne ?
La question mérite d’être posée, tant le déroulement de l’affaire fait couler beaucoup d’encre et de salive. Les « manigances » pour laver l’image de Koné Cheick Oumar et empêcher la condamnation solidaire d’Afriland First Bank au payement des 4,58 milliards de FCFA n’échappent pas à ceux qui suivent le procès et particulièrement au Réseau national pour la défense des droits des victimes des déchets toxiques de Côte d’Ivoire (Renadvidet-ci), conduit par son président Charles Koffi.
Me Diavatché Pierre qui s’est constitué partie civile pour les 6.623 victimes depuis le premier cabinet d’instruction du Plateau et qui a même réitéré ladite constitution en étant l’auteur exclusif de l’appel interjeté contre la décision du 13 Janvier 2015, a été dénié par la cour. Pis, la première présidente de cette cour voulant tellement être aussi l’un des conseils de Koné Cheick Oumar s’était directement adressée auxdites victimes pour leur demander d’aller porter des plaintes individuelles en menaçant ensuite leur conseil de se désister quant à leur défense.

Face à la situation, le Renadvidet-ci prévoit ce qui suit : « nous avons sollicité une audience à la CNC et au secrétaire général du RDR et nous nous rendrons dès fin de ce mois à Daoukro pour exposer au président Bédié nos griefs sur notre justice fortement gangrénée par la corruption, les immixtions politiques et l’ incapacité apparente de M. Alassane Ouattara à régler ces problèmes et nous aviserons à la future campagne présidentielle quant au bilan de sa gestion également apparemment clientéliste dans le domaine de la justice qui au terme de 4 ans de mandat apparaît comme un échec manifeste,» soutient le chargé des affaires contentieuses du Renadvide-ci, Gnimple Casio.
Autant de faits qui donnent raison au Président Ouattara qui soutenait que les « griefs » qui sont faits à la justice ivoirienne « ne sont, hélas, pas toujours infondés. » « Notre justice n’est pas au mieux de sa réputation. » Cette justice ivoirienne va-t-elle se débarrasser de sa carapace dans cette affaire des déchets toxiques où Trafigura et Puma ont perdu tous les procès où ils ont été assignés ? Entre la mort des Ivoiriens, les victimes des déchets toxiques, les victimes administratives les Hommes en toges semblent fermer les yeux.

Hervé Coulibaly

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