Côte d’Ivoire: Quelle coalition de l’opposition pour faire barrage au passage en force de Ouattara ?

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La Côte d’Ivoire naguère, pays moteur de la sous-région Ouest-africaine est aujourd’hui malade de certains de ses enfants. Après le décès du président Houphouët, la crise socio-politique qui avait commencé à se cristalliser, s’est déclarée au grand jour. Bédié qui a hérité du fauteuil présidentiel à la faveur de l’article 11 de la Constitution d’alors, n’a pas crée les conditions pour que le pluralisme politique déjà acté sous Houphouët, puisse allègrement poursuivre son cours. Après, les Ivoiriens ont connu le 24 décembre 1999. Ils ont ensuite connu le 19 septembre 2002. Ils ont enfin connu le 11 avril 2011. Devant tout ce gâchis, les Ivoiriens, avec à leurs têtes les élites ou supposés, continuent de baigner dans une relative légèreté, s’habituant aux effets de la corruption et aux élans de la culture du clientélisme. Les Ivoiriens sont dans une traversée du désert. C’est à ce moment qu’il convient de poser quelques questionnements. Et c’est aussi à ce moment-là que tout le monde semble être attentif et réceptif. Que s’est-il donc passé ? Et que veulent les Ivoiriens aujourd’hui ?

Les ingrédients d’une crise cyclique – Sans perdre de vue la période du « régime » de Robert Gueï, on peut retenir que des leaders estudiantins ont participé à la lutte pour arracher le multipartisme. A l’accession de la gauche ivoirienne au pouvoir, ceux-là voulaient leur part du gâteau. Dans un environnement où l’ancien parti unique et ses alliés résistent, pour la perpétuation de l’ordre ancien, en ruminant au passage leurs rancoeurs liées au coup d’Etat de robert Guéï, où la naïveté méthodique, l’angélisme et les égoïsmes d’autres ont propagé des rhétoriques soporifiques, les appels du pied de cette jeunesse ont été inaudibles. Alors que le président Laurent Gbagbo ne cessait de répéter : « Ne mangez pas seuls ». Certains de ces jeunes ont donc basculé du mauvais côté. Mais s’allier ainsi à des prédateurs, pour balafrer la patrie de tous les Ivoiriens aux fins de satisfaire son égo ou ses humeurs, ne saurait trouver une justification qui vaille. Pourtant les faits sont là ; et ils résistent aux épreuves des fuites en avant à défaut d’une autoflagellation. Puisque chaque Ivoirien dit aujourd’hui aimer son pays, il importe de mobiliser toutes les intelligences pour relever la mère patrie. La Côte d’Ivoire vit une crise dont les causes sont connues. S’il y a à déplorer les drames avec toutes les conséquences traumatiques que cela a induites, il serait catastrophique que les Ivoiriens ne trouvent pas en eux des ressources nécessaires pour sortir de là. Dans notre réflexion, nous invitons à intégrer que tant que le vainqueur déclaré des élections présidentielles ne sera pas celui désigné par les Ivoiriens, par l’expression de leur vote ; tant que les élections ne seront pas transparentes, crédibles et donc démocratiques ; tant que le vainqueur proclamé ne sera pas le vrai élu, il n’y aura pas la paix dans les cœurs. Ce pays aura alors du mal à avoir une paix durable. Disons simplement que la paix ne sera pas possible. Il importe également de noter qu’après un pouvoir fort qui a duré plus de trois décennies, les responsables politiques qui suivent, doivent prendre toute la mesure de ce qu’est ce pays. Pendant qu’Américains et Européens … vont vers la formation de grands ensembles pour peser dans les relations internationales, les Africains s’ingénient à se diviser. Il est vrai que de tels comportements ont des explications et des motivations qui sont recevables. En effet, quand les politiques iniques des prédateurs et de leurs représentants locaux – que sont les dictateurs des pays africains, surtout de l’espace francophone -, multiplient des causes de frustrations notamment les injustices, il n’est effectivement pas étonnant que les frictions, les conflits et donc les divisions trouvent des champs fertiles à favoriser leurs sécrétions. Mais nous connaissons le diagnostic depuis des décennies. Il faudrait alors trouver la riposte qui convient face au jeu néo-colonial des prédateurs. Ces derniers trouvent que l’Africain est un être émotif qui ne saurait réagir avec du sang-froid et de l’expertise.

La nécessité d’une grande coalition en vue d’obtenir des élections ouvertes et démocratiques – Il convient aujourd’hui – tout bien pesé – d’opposer la réaction appropriée. Les émiettements constituent un grand défaut auquel il faut nécessairement palier, malgré la multiplication des causes de leur développement. Ainsi, que ceux qui combattent les injustices se mettent ensemble, au-dessus des questions accessoires pour se battre sur le front des contradictions principales. Voilà ce qui devrait inspirer les partisans du combat pour la démocratie en Côte d’Ivoire. C’est pourquoi, il est impérieux que les acteurs de la CNC (Coalition Nationale pour le Changement), puissent identifier les points focaux de la lutte pour « booster » la mobilisation du peuple de Côte d’Ivoire, devant cette autre imposture qui se prépare sous nos yeux, dans une atmosphère quasi-anesthésiante. Nous constatons que nombre de candidats défilent en France pour se donner du crédit aux yeux de l’Elysée. Cela pose des questions sur la place qu’on donne au peuple dans notre combat pour la démocratie. Comment mobiliser les peuples pour arracher la liberté comme dans des pays de l’Amérique latine ? Au-delà de la question de l’inéligibilité de Ouattara, la CNC revendique une CEI consensuelle et un listing électoral crédible pour ne citer que ces points … La crainte qui existe, c’est que l’Elysée et/ou d’autres « décideurs » amènent certains de ceux qui se sont déjà portés candidats à l’élection présidentielle, à soutenir Ouattara. Ce qui ne sera pas nouveau. Nous savons que certains acteurs de la CNC peuvent abandonner la lutte dès lors que leurs intérêts seraient menacés par leurs liens à l’international qui demanderaient un soutien à Ouattara. Sachant l’appétence de certains responsables politiques aux sommes d’argent, – les mêmes n’ayant laissé aucun souvenir d’actes de bravoure dans nos souvenirs – s’ils plient à l’approche des échéances électorales, que feront les autres composantes de la CNC devant ce fait accompli ? Vu que des responsables politiques longtemps insoupçonnés ont sauté pieds joints « dans la garnison de l’adversaire », la posture de ces âmes, qui hier, parce qu’édifiées, savaient le sort réservé à Laurent Gbagbo et qui ont cautionné, qui ont collaboré, se présente insolemment comme sujette à caution. Que faire pour que le grand ensemble de l’opposition soit le réel moteur qui contraigne le pouvoir d’Abidjan à aller à des élections transparentes et crédibles ? L’insécurité reste une grande préoccupation pour le pays ; il n’y a pas eu de désarmement comme prévu ; Ouattara annonce plus de trois millions de nouveaux électeurs ; la justice des vainqueurs sévit ; les emprisonnements arbitraires se poursuivent… Autant d’indicateurs qui montrent que le pouvoir est dans une logique de passage en force. Nous savons qu’en vue des élections de 2010, Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara avaient signé une charte de bonne conduite. Cette charte a été violée par Ouattara avec l’appui de certains acteurs de la CNC. On dira que « l’eau est versée. On ne peut plus la ramasser. » Mais tout de même, il convient « de mettre » les différents éléments sur la table pour construire de réels gages au peuple ivoirien qui n’a plus besoin des postures circonstancielles. Il faut dans cet ordre d’idée, noter que « le Conseil national de la Résistance (CNR) était l’organe qui dirigea et coordonna les différents mouvements de la Résistance intérieure française pendant la Seconde Guerre mondiale, toutes tendances politiques comprises. Ce conseil était composé de représentants de la presse, des syndicats et des membres de partis politiques hostiles au gouvernement de Vichy à partir de la mi-1943. ». La CNC est donc la bienvenue devant le tyran d’Abidjan. Mais pour changer, avons-nous changé nous-mêmes ? Cette problématique doit parallèlement faire l’objet d’un examen minutieux au cours de cette trajectoire collective qui a vu son initiation le 15 mai dernier. Il faut que les acteurs de l’opposition prennent toute la mesure pour agir en responsables. Car cette fois-ci, il nous semble que la duperie ne passera pas.

Dr Claude KOUDOU

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