Côte d’Ivoire – La CNC , Quelle logique concertée pour un changement ?

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Par Claude Koudou

Le pays est en danger. Une dictature féroce veut malgré son impopularité, se maintenir au pouvoir ou à défaut rééditer ses actes de violence pour précipiter le pays dans le chaos. A côté de cela, nombre d’Ivoiriens, fouettés par leurs souvenirs, surtout quand ils sont sombres, repoussent toutes sortes de rapprochement. Ils n’ont pas forcément tort. Mais ils doivent en même temps regarder comment le monde fonctionne autour d’eux pour adopter les ouvertures qui peuvent convenir. On a fraîchement l’exemple grec sous nos yeux ; ce pays européen que certains ont voulu précipiter dans l’abîme parce qu’ils sont forts et/ou ont les moyens de mettre les autres à genoux. Mais pour beaucoup d’Européens, il fallait par solidarité ne pas laisser un de leur pays en marge. Parce que aller vers ou conserver un grand ensemble est une force envers les autres. La Grèce a quand même été diabolisée. Parce qu’il fallait lui mettre la pression pour le rendre vulnérable. C’est ainsi que ce monde, monopolisé par les tenants de la finance, procèdent.

Ce sont des mécanismes qu’il convient d’intégrer dans nos approches méthodologiques pour éviter d’être en décalage par rapport à notre temps. Il y a lieu de le comprendre pour nous asseoir, dans la cohésion un nouveau paradigme avant de revendiquer aux autres des espaces de développement. C’est là où il faut rechercher au plus profond de soi, les ressources pour franchir l’obstacle. En Côte d’Ivoire, Il y a eu des alliances faites et défaites (Front républicain ; RHDP) souvent pour des objectifs précis et des orientations limitées dans le temps. Les réserves ou la répulsion émises par certains compatriotes sont par ailleurs légitimes. Mais doit-on pour autant s’enfermer dans des situations sans issue ? Il importe au contraire de faire le point sur soi pour que les mêmes erreurs ne se reproduisent pas. Pourquoi la CNC ? Il y a à expliquer aux Ivoiriens l’importance d’un tel instrument. Certains pensent que son utilité doit sauter aux yeux de chaque compatriote. C’est une erreur. Tous ceux qui s’interrogent à tort ou à raison veulent pour la plupart comprendre de bonne foi. La CNC est utile. De par la culture ou les expériences de chacun, on peut être enclin à se replier sur soi. Mais là au contraire, même si ceux qui se retrouvent dans ce creuset n’ont pas forcément la même idée de la République, il y a aujourd’hui urgence à au moins sauver le pays. Dans une alliance, chacun a des intérêts à défendre. Il y a donc une mise ensemble des forces pour se donner les moyens de se battre collectivement par rapport à des intérêts respectifs. L’érection de la vigilance a donc tout son sens. Mais on ne doit pas s’enfermer épidermiquement sur la base d’un rejet parfois un peu paranoïaque. Il faut que le débat ait lieu et sainement. Mais il faut également noter qu’à chaque étape de la lutte, il y a lieu de faire le point et ajuster la pratique suivant les enjeux et les forces en présence. Les Ivoiriens surtout de la Diaspora ont organisé des marches pacifiques, expliquer, sensibiliser et mobiliser l’opinion pour relayer les revendications démocratiques. Nous sommes arrivés à un point où la situation impose d’avoir une autre approche, une plus adaptée à la situation réelle du pays. Ainsi, la CNC a montré que les Ivoiriens peuvent à nouveau avoir de l’espoir.

Le pouvoir qui est dans une logique autiste en a peur. Il faut donc bien sûr encourager la CNC même si des débats sont utiles. Mais il faut toujours rester dans le sens de la construction, en évitant alors des rhétoriques de rupture ou vindicatives. On s’interroge par rapport au passé ; c’est légitime. On s’interroge sur telle ou telle personnalité qui n’a pas signé la Charte et qui se déclare candidate ; c’est un paramètre qu’il faut considérer et avancer. On s’interroge sur une cacophonie relative à tel ou tel sujet. Les sensibilités ne sont pas les mêmes. Et cela est connu. Ce qui est plus préoccupant, c’est que nous sommes seulement à trois mois des élections et comme le RDR se montre avec un monopole de la violence, les démocrates ne sont pas très proactifs. Il y a là matière à se mettre véritablement en éveil. Parce que le pouvoir multiplie des actes au vu et au su de tout le monde pour un passage en force. En face, nous pouvons constater que l’opposition n’a pas encore construit de dispositif qui soit à la hauteur de battre en brèche la propagande gratuite de Ouattara. C’est pourquoi, tout bien pesé, on doit retenir que la rancune étant mauvaise conseillère en politique, il faut toujours raison gardée savoir identifier là où se localise l’intérêt général.

Claude Koudou

Enseignant-Ecrivain ; Directeur de la Collection « Afrique Liberté » chez les Editions L’Harmattan ;
Président des CPDA (Convergences pour la Paix et le Développement de l’Afrique).

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