Côte d’Ivoire – Quand le Président Ouattara oblige le peuple à une insurrection morale

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PRAO YAO SERAPHIN

« Quand le gouvernement viole la morale naturelle, l’insurrection est un devoir »

Les Ivoiriens sont humiliés depuis des années sans rien dire. Mais il arrive un temps où le peuple ne peut plus se laisser faire. Il essaie tout, il veut tout, il pense à tout. Ce moment n’est plus loin pour ne pas dire qu’il est déjà là. La colère des Ivoiriens est grande et ils sont très proches d’une insurrection morale. Dans tous les cas, le régime actuel lui donne des raisons pour se soulever contre l’ordre établi. Dans notre société pluraliste, complexe, mouvante, incertaine de son avenir et amnésique de ses héritages, où les idéaux fédérateurs et fondateurs de la démocratie sont devenus, pour beaucoup de jeunes, presque illisibles, les réactions des peuples sont parfois imprévisibles et dynamiques.

Les motifs de l’insurrection morale du peuple de Côte d’Ivoire

Nous pouvons énumérer plusieurs motifs de cette insurrection probable des Ivoiriens. Mais nous allons expressément citer que quatre pour éviter d’être long.
En premier lieu, notre constitution qui est devenue un caillebotis. Depuis des années, notre constitution est vilipendée, déchirée et méprisée. Or c’est elle qui reste le socle de notre dignité, c’est l’âme de notre pays. La mépriser, c’est tuer l’âme des Ivoiriens. Aujourd’hui, il se trouve que le Président Ouattara a un problème avec l’article 35 de notre constitution. Tous les signes juridiques indiquent qu’il ne peut pas se présenter aux élections présidentielles. Mais contre toute attente, il s’obstine à le faire. En clair, c’est une autre manière de n’accorder aucun respect à notre constitution. C’est simplement une insulte aux Ivoiriens. Et cela est inacceptable pour tout peuple digne et respectueux de ses institutions.

En deuxième lieu, le régime actuel persiste avec une commission électorale inféodée au pouvoir. La commission électorale indépendante(CEI) a plusieurs défauts : elle n’est pas consensuelle, elle est illégale et elle manque de crédibilité. Elle n’est pas consensuelle car tous les éléments du processus ne sont pas acceptés de tous. Et la CEI ne comporte pas en son sein les représentants de tous les candidats. Elle est illégale car le mandat de Mr Youssouf Bakayoko est achevé. Il est un médicament périmé, il n’a plus sa place à la tête de cette institution. Elle n’est pas crédible parce que Mr Youssouf Bakayoko n’est pas assez courageux pour proclamer les résultats dans les délais impartis.

En troisième lieu, le régime nous pousse à aller aux élections pendant que l’opposition est interdite au Nord du pays. Depuis 2005, ceux qui sont actuellement au pouvoir ont poussé le régime Gbagbo à aller aux élections pendant que des gens avaient des fusils dans leurs caleçons. Le résultat, on le connaît : des milliers de morts. Cette année encore, les mêmes, cette fois, au pouvoir, nous poussent dans le gouffre. En effet, ils n’ont jamais pu désarmer les ex-rebelles qui vadrouillent avec des armes de façon illégale. Complice ou non de cette situation, le fait marquant c’est que l’opposition ne peut pas faire campagne au nord alors que le candidat du RHDP pourra faire campagne dans le reste du pays. Cette injustice ne peut plus prospérer dans notre pays, sur les terres de nos ancêtres.
En quatrième lieu, le régime actuel transforme notre carte d’identité en simple papier. Sous le régime actuel, on oblige des étrangers à avoir les documents ivoiriens. Pour quelle raison, nous ignorons, mais ils pourront les utiliser pour aller voter. Pourquoi les fausses cartes d’identité circulent en quantité industrielle dans notre pays sans que le pouvoir ne réagisse de façon vigoureuse? La Côte d’Ivoire, notre patrie est violée de toute part, même par ces parties interdites.

Les Ivoiriens sont poussés à bout et leur réaction sera violente si rien n’est fait

Toute l’histoire de l’humanité en témoigne : le peuple fut régulièrement réveillé de sa torpeur voire de ses compromissions par des révoltes, des sentiments intérieurs et profonds au nom de la dignité et aller à contre-courant de la convenance, de la tiédeur ou du conformisme ambiant. Le peuple de Côte d’Ivoire, excédé par le viol incessant de sa constitution ne pourra plus se taire, il réagira certainement mais de deux façons.

Sa première réaction peut s’apparenter au syndrome de Massada. Rappelons que la montagne rocheuse de Massada dans le désert de Judée près de la Mer morte, lieu touristique très prisé symbolise la résistance héroïque, contre la très puissante armée romaine, d’un groupe de Juifs assiégés qui, en 73 apr. J.-C., ont préféré le suicide collectif au déshonneur et à l’esclavage. En effet, la morale humaine procède avant tout d’une révolte morale devant l’injustice, l’oppression, le mensonge, la tyrannie, la corruption, la violence.

Sa seconde réaction peut être la violence. Saint Thomas d’Aquin ne disait-il pas que: « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. » ?
Malgré les comportements aussi vipérins du régime actuel, le peuple ne pourra plus rester silencieux. Pour éviter cette seconde réaction du peuple de Côte d’Ivoire, la communauté internationale doit agir avant l’hécatombe dans notre pays. Les Etats Unis et la France doivent aider la Côte d’Ivoire car les Ivoiriens sont proches d’un drame historique. Il s’agit d’imposer à la Côte d’Ivoire, un compromis politique qui sauvera le pays pendant au moins deux années. Durant cette période, les questions confligènes de notre constitution et celles relatives au désarmement et à la réconciliation nationale pourront trouver des solutions. C’est la seule et unique voie pour éviter à notre pays une décadence humaine.

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