Quand la “lumière” loge à l’hôtel en Côte-d’Ivoire – Pseudo-élites « maçonniques » auto-cooptées

archives gabon

Shlomit Abel

A l’heure des démolissions tous azimut en Côte d’Ivoire, les maçons bâtisseurs, alliés des démolisseurs se sont retrouvés en congrès à l’hôtel Sofitel. Hamed Bakayoko, première truelle, officiait en maître; entre les maçons arrivés en avance le 22, et ceux qui ne repartaient que le 25, désirant s’immerger au maximum dans cette émergence tellement prégnante, il n’y avait que du beau monde à l’hôtel Sofitel pour l’Assemblée Générale de la Grand Loge de Côte d’Ivoire convoquée le 23 avril, dans la salle des fêtes de l’établissement Ouverte sur l’extérieur, la loge accueillait très chaleureusement les frères venus de l’Étranger. Et pourtant le code vestimentaire était strict, car en Côte d’Ivoire, on ne badine pas avec le protocole, on le suit à la lettre, c’est une affaire de respect et de dignité : costume noir, chemise blanche et cravate noire ! Heureusement que certains savaient que le ministre de la Défense, Alain Donwahi, et celui de l’Emploi, Moussa Dosso, étaient de la partie, car dans leur costume strict et leur lunettes Ray-Ban, tous ces jumeaux-maçons étaient méconnaissables, interchangeables. Comme dans les films des X-men.

Mais passé le sérieux de l’Assemblée Générale, ces maçons du cœur artificiel, en panne d’humanité, n’auront laissé de leur passage que la trace purulente de leur contagion mortifère. Ils n’auront pas rebâti les quartiers sinistrés par les bulldozers, ils n’auront sorti de leur bagage ni matériel, ni fond d’entraide pour les enfants jetés à la rue par la politique du régime, car le tablier de leur gloutonnerie, l’équerre de leur obséquiosité et le compas de leur nombrilisme occupaient toute la place. Après d’obscurs conciliabules ignorés du petit peuple, la messe noire était dite, c’est l’heure de poursuivre les agapes chez le grand-entrepreneur qui soufflait sa première bougie d’anniversaire de grand-patron, dans « sa seconde résidence, à Abatta,près de Bingerville”. Et comme c’est à deux pas de l’aéroport international, les invités se sont sentis à l’aise, passant de Loge en Lodge et de Lodge en Lounge VIP pour décoller bien repus et bouffis d’orgueil. Selon la nouvelle habitude en Côte d’Ivoire, intégrée au protocole exigé du Frère des frères, les frères-ministres et affiliés se sont retrouvés sur le tarmac et ont accompagné du geste et du regard le décollage des frères d’ailleurs venus jeter la pierre à l’espérance agonisante d’un pays vampirisé.

Quand donc la champignonnière nourrissante d’une citoyenneté libre et heureuse remplacera-t-elle enfin le chancre social stérilisant de ces pseudo-élites auto-cooptées ?
________________
A partir de la dernière Lettre du Continent (11 mai 2016), très légèrement remaniée pour les besoins de la cause…
Shlomit Abel, 12 mai 2016

Commentaires Facebook