Antoine Glaser en Côte d’Ivoire: « C’est un leurre de croire qu’il y a encore un leadership français en Afrique »

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Par Connectionivoirienne.net

Conférence-débat autour du livre “Arrogant comme un français en Afrique” –

Le jeudi 2 juin 2016, en début de soirée, a eu lieu à l’Institut français sis au Plateau, la conférence-débat autour du dernier livre d’Antoine Glaser, « Arrogant comme un français en Afrique ». L’auteur s’est livré à une explication de texte avant de se prêter aux questions du public composé d’Africains et d’Européens.
L’auteur a tout de suite levé l’équivoque pour ceux qui interpréteraient le titre comme étant la description du comportement des expatriés français installés en Afrique depuis des années. Selon M. Glaser, son livre fait plutôt référence au comportement des politiques français qui considèrent encore l’Afrique (surtout francophone) comme leur pré carré, une chasse-gardée et qui de ce fait développent une attitude méprisante de domination dans leur rapport avec les dirigeants africains.
« Arrogant comme un français en Afrique », a poursuivi Antoine Glaser, est une sorte de rétrospective des relations franco-africaines et une analyse profonde des occasions perdues par lesquelles la France aurait pu réadapter sa politique africaine et redorer ainsi son blason.

Dans les échanges qui ont suivi, Antoine Glaser a répondu à une question relative à la perpétuation de la domination française sur ses anciennes colonies à travers des vestiges comme le FCFA, la francophonie et la langue française. Sur le sujet, la réponse de l’ancien patron de la Lettre du Continent ne s’est pas fait attendre. « Je ne crois pas que la dépendance financière à travers le franc CFA puisse permettre à la France de continuer son influence. Ni par la francophonie à travers laquelle elle fait la promotion de ceux qui protègent ses intérêts. Je vois mal la France dessiner un nouveau type de partenariat, elle a ses propres problèmes identitaires. C’est un leurre de croire qu’il y a encore un leadership français en Afrique. La seule chose c’est sa diplomatie d’influence et de partage au conseil de sécurité », a déclaré l’auteur. Lequel se dit convaincu qu’aujourd’hui, les chefs d’Etat africains ont une marge de manœuvre qu’on ne l’imaginait il y a quelques années. Il en veut pour preuve, la tournée africaine et particulièrement en Côte d’Ivoire d’un président turc, ce qui était impensable il y a quelques années. Les milieux des hommes d’affaires en France, dit-il, s’est ému de cette visite. Les parts de marché des entreprises françaises s’effritant au fil des ans.

L’ancien journaliste de Jeune Afrique, Cheick Yérim Seck était le modérateur de ce débat. Sur un ton engagé, il a tiré la conclusion que si l’arrogance française doit prendre fin en Afrique avec les nouvelles générations, il ne s’agit plus pour l’Afrique de remplacer l’arrogance française par l’arrogance chinoise ou par l’arrogance américaine. Le combat des africains doit être, selon lui, celui qui rend notre continent maître de son propre destin. Il a estimé que c’est ce combat qui a commencé en Côte d’Ivoire par l’action des « jeunes patriotes » qui était, affirme-t-il, une sorte de contestation de la domination française en Côte d’Ivoire.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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