Nominations dans l’armée de Côte-d’Ivoire: Un écran de fumée qui ne cache pas la réalité

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Les dernières nominations aux commandements des unités et des armées chez les militaires montrent une tentative désespérée de Alassane Dramane Ouattara de donner l’illusion de reprendre le contrôle des forces armées de Côte d’Ivoire, alors que les problèmes posés par la mutinerie sont encore aussi présents qu’il y a quinze jours.

Seuls les mutins de Bouaké sont partiellement payés. Les autres corps habillés murmurent leur désir de ne pas être oubliés au banquet du butin. Les démobilisés et les supplétifs dozos se réorganisent, dit-on, pour s’inviter, à défaut de l’être, au festival des primes. Ne parlons pas des fonctionnaires, devenus souffre-douleur des corps habillés qui n’hésitent pas à les réprimer, tout en leur rappelant qu’il n’y a pas d’argent pour satisfaire tous les employés de l’Etat et qui viennent de suspendre leur grève «pour un mois», suite à la menace de non-paiement de leurs salaires exprimée par le gouvernement.

Au-delà de ces faits, quel constat peut-on faire ?

1) Alors que la branche civile de la rébellion, qui s’était taillée la part de lion en 2011, vient d’être totalement écartée des instances gouvernementales, les chefs de guerre, eux, sont soit confirmés dans leurs commandements, soit y sont nommés, comme pour dire qu’il leur est demandé de reprendre le contrôle de leurs hommes massivement intégrés dans l’armée.

2) Si cette hypothèse est vraie, elle supposerait donc que la lecture que fait le ministre de la défense de la crise actuelle dans l’armée est que c’est le mauvais contrôle des ex-com’zones qui est à la source des soulèvements des militaires.

3) Le gouvernement comprend qu’un commandement dans l’armée ne peut être éternel, sauf que pour que sa rotation ait un sens, il aurait fallu de fortes capacités et des citations, or il n’en est rien.

4) On a donc, comme d’habitude, trouvé des solutions à un problème différent de celui qui était posé, et l’on espère avoir ainsi contenté tout le monde et rassuré les populations sur le fait que l’armée serait de nouveau sous contrôle.

5) Les nominations étaient probablement dans le circuit depuis pas mal de temps, car vu leur étendue, il est invraisemblable qu’elles aient pu être préparées en deux semaines. Ce projet, qui semble suivre la dynamique ayant commencé avec la mise à l’écart de la branche civile de la rébellion, est maintenant présenté comme les suites de la mutinerie dont il devrait être la solution.

Cela est-il le cas ? La mutinerie a-t-elle ainsi trouvé sa solution ? Non ! Sauf à admettre qu’en politique, les problèmes ne sont pas à résoudre, mais à déplacer. Mais jusque quand cette méthode de gouverner la Côte d’Ivoire peut-elle continuer et prospérer, avant d’exploser ?

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