Union Africaine (UA): Comprendre la portée historique d’un éventuel « retour » du Maroc

Retour ou pas de retour ? C’est la grande question. Le Maroc sera-t-il autorisé à (ré)intégrer l’Union africaine (UA) ? Ou restera-t-il aux portes de l’organisation continentale malgré un lobbying intense ces derniers mois, sinon ces dernières années ? A l’ouverture officielle du 28e sommet des chefs d’Etat de l’Union Africaine, ce lundi à Addis-Abeba en Ethiopie, les jeux ne semblaient toujours pas faits. Des doutes persistaient en effet, surtout sur la question du Sahara-Occidental qui divise les Etats africains. Deux poids lourds africains, notamment l’Algérie et l’Afrique du Sud, soutiens historiques du Front Polisario (en lutte pour l’indépendance de l’ex protectorat espagnol), ne seraient toujours pas charmés par un retour du Maroc au sein de l’UA. Le vote est attendu dans l’après-midi de ce lundi.

5 dates clés dans les relations Maroc-UA

Avant sa création en 1963 par 32 Etats africains, la naissance de l’OUA est passée par une période de gestation pas toujours facile.

Août 1960

Feu SM Mohammed V reçoit, à Rabat, le Premier ministre congolais, Patrice Lumumba. Le défunt Roi déclare alors: «Le Maroc est à vos côtés et met à votre disposition les enseignements de son expérience, ainsi que ses moyens d’action diplomatiques, militaires et techniques, pour vous aider à vaincre vos difficultés actuelles. Vous êtes du côté du droit et de la justice qui finissent toujours par triompher».

Janvier 1961

Casablanca abrite une conférence à laquelle ont pris part les chefs d’Etats africains, en vue de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA). Cette conférence a été sanctionnée par la signature de la Charte de Casablanca, prélude à la naissance de l’OUA, deux ans plus tard.

Août 1982

La RASD est admise en tant que 51ème membre de l’Organisation de l’Union Africaine (OUA). Cette décision, jugée illégale et en contradiction flagrante avec les règlements régissant l’Organisation panafricaine, pousse le Maroc à demander le boycott des travaux du Sommet de l’OUA qui, à l’époque, se tient en Libye. L’appel du Maroc à boycotter le Sommet de Tripoli porte ses fruits, puisque seuls 30 pays des 54 que compte l’OUA participent à ce Sommet.

Novembre 1984

Lors du 20ème Sommet de l’Organisation de l’Union Africaine (OUA) à Addis-Abeba, en Ethiopie, le Maroc décide de quitter cette Organisation après la participation de la RASD aux travaux de ce Sommet. C’est sur ces mots de feu Hassan II, prononcé par le Conseiller royal Ahmed Réda Guédira, que le Maroc quitte l’OUA: «Voilà -et je le déplore- l’heure de nous séparer. En attendant des jours plus sages, nous vous disons adieu et nous vous souhaitons bonne chance avec votre nouveau partenaire».

Juillet 2016

Le 17 juillet 2016, SM le Roi Mohammed VI annonce, à l’occasion de la tenue du 27ème Sommet de l’Union Africaine (UA), l’intention du Maroc de réintégrer l’Union Africaine (UA). Le Royaume appelle les membres de l’UA à adopter une nouvelle approche basée sur la neutralité constructive sur la question du Sahara marocain. L’intention du Maroc de revenir au sein de sa famille institutionnelle africaine est accueillie avec ferveur de la part de la majorité des pays membres de l’Union. C’est ainsi que 38 pays soutiennent la décision marocaine de renouer avec l’UA, après 33 ans de rupture.

Fin janvier 2017

Le Maroc est attendu au 28ème Sommet de l’Union Africaine (UA) qui tient ses travaux à Addis-Abeba en Ethiopie. La participation du Royaume à ce Sommet est le fruit d’un travail d’arrache-pied mené par le Maroc qui lui a valu le soutien de presque 40 pays, tous favorables au retour du Royaume au sein de sa famille institutionnelle, l’UA, par la grande porte.

Mouhcine Lourhzal
Le Reporter

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