Peinture nouvelle génération: Le recours aux sources, prétexte de création de l’artiste Djéka

De tous les artistes plasticiens de la nouvelle génération, en Côte d’Ivoire, l’artiste Kouadio Jean-Baptiste Arsène dit Djéka est de loin celui qui a choisi de recourir aux sources de la pensée africaine pour donner une âme à ses créations.

En prélude à son exposition, prévue du 23 mars au 9 avril 2017, à la galerie Houkami Guyzagn, il a instruit la presse sur son esthétique. « Mon point d’ancrage, c’est la pensée africaine », a-t-il affirmé pour dire l’origine de son inspiration lorsqu’il est seul face à la toile. A propos de cette pensée africaine, Djéka dit à qui veut l’entendre que « préserver la pensée Waoulé (Baoulé), c’est préserver la pensée africaine ».

Dans ses créations, Djéka se fait la voix et même le porte flambeau de la tradition ancestrale africaine. Il s’inspire donc des concepts anciens pour permettre à l’Africain de prendre conscience de ses richesses et valeurs ancestraux très souvent vouées aux gémonies.

Selon le critique d’art Mimi Errol Auguste, commissaire de l’exposition de l’artiste, cette inflexion sur ses racines pousse Djéka à travailler pour communiquer au plus grand nombre sur le plan international. Ce qui lui fait dire, d’ailleurs, que c’est en se parlant qu’on parle au monde.

Quand l’artiste dans ces créations se penchent sur l’histoire millénaire et aussi récente de l’Afrique, à travers l’exode des peuples de l’Egypte, la bataille de Kirina (Empire du Mali), la Reine Abla Pokou, Samory Touré, Béhanzin… sa perception diffère de l’histoire écrite diffusée auprès du public africain.

Par exemple, la toile qui relate la bataille de Kirina est frappante par les symboles qui y figurent avec l’ergot de coq blanc qu’il prend le soin de bien mettre en évidence. Selon Djéka, cette bataille démontre la façon intelligente des Africains à mener à l’époque une guerre où les vies sont préservées. Cette guerre dira-t-il est plutôt un duel où les partisans du vaincu se soumettent à l’autorité du vainqueur. Pour Djéka, les Africains doivent refuser de percevoir des « leaders » tels Samory Touré, Béhanzin… présentés dans un prisme déformant par les occidentaux comme des sanguinaires. « Il faut qu’on valorise notre histoire et notre mode de pensée », ressasse-t-il.

L’art de Djéka, il faut l’avouer ne manque pas de spiritualité. Comment pouvait-il en être autrement quand on sait que le mode de pensée ancestrale qu’il défend, résume le monde en un monde visible et spirituel. Même à propos du choix du format de ses tableaux constitués souvent des carrés parfaits, l’artiste explique que cela découle du principe d’équilibre. Et vise à montrer que la pensée africaine est solide.

A travers ses créations, une trentaine que le public aura l’occasion d’apprécier, Djéka entend insister sur la nécessité de transposer ainsi les mémoires africaines dans la modernité.

CHEICKNA D. Salif

salifou.dabou@fratmat.info

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