En Côte-d’Ivoire Raffles systématiques et bastonnades au menu de l’opération anti-microbe « Epervier 3 »

Connectionivoirienne

Comment allier le souci d’efficacité et le respect des droits humains dans l’opération de sécurisation ‘’Epervier 3’’ lancée le 22 septembre à Yopougon pour lutter contre la délinquance juvénile ?

Les témoignages et les faits qui nous sont rapportés jusqu’ici font état de ce que les forces de l’ordre engagées dans cette opération font montre d’un zèle excessif dans leur mission. Des endroits comme Yopougon sable ou Siporex sont désormais à éviter à partir de certaines heures. Considérés comme les lieux où sévissent ces malfaiteurs des temps nouveaux appelés ‘’microbes’’, les forces de l’ordre y raflent sans distinction et bastonnent des récalcitrants. Les chauffeurs de minicars appelés gbaka et leurs apprentis font généralement les frais de cette opération. Hormis ceux-ci, tous ceux qui ont le corps tatoué, les porteurs des dreadlocks, les porteurs de chaussures appelées lèkê ou de tenues délabrées sont pris pour cible.

Romaric, un jeune ouvrier d’une société de la zone industrielle de Yopougon et ses collègues ont ainsi été raflés une nuit alors qu’ils venaient de descendre de l’usine. Il a fallu l’intervention de leur chef de personnel pour les sauver des mailles de la police. Ce jeudi 28 septembre 2017, dans l’après-midi, au niveau de Yopougon sable, un chauffeur de Gbaka a dû abandonner son véhicule qui était en stationnement pour fuir les corps habillés qui venaient vers lui. Quand il est revenu plus tard, il a raconté à ses passagers que, la veille, l’un de ses collègues avait été enlevé de son véhicule, bastonné sans motif valable et sans ménagement. C’est pour échapper à de tels sévices qu’il a préféré prendre la fuite.

Nos forces de l’ordre sont coutumières de tels débordements. Sur le théâtre des opérations ils violent souvent les consignes d’usage. Pis, certains corps habillés trouvent là l’occasion de se remplir les poches. Selon des témoignages, des raflés seraient soumis à verser de l’argent en contrepartie de leur libération. Pendant ce temps, les vrais criminels opèrent en toute impunité. La lutte contre le phénomène des microbes a pourtant besoin d’une action discrète que ce spectacle déshonorant que servent des brebis galeuses parmi nos forces de l’ordre.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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