Weah compte se servir de sa notoriété pour redorer le blason du Liberia

Anselme BLAGNON

A 51 ans, l’ex-footballeur Georges Weah, en tête à l’issue du premier tour de la présidentielle dans 12 des 15 comtés du Liberia, compte se servir de sa notoriété pour redorer le blason de son pays terni par deux guerres civiles et l’épidémie d’Ebola.

« Mister Georges », l’unique Ballon d’or africain converti à la politique depuis 12 ans, vise pour la troisième fois consécutive la présidence du Liberia, occupée depuis 2005 par Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue à la tête d’un Etat africain.

Au premier tour, il a obtenu 38,4% des suffrages contre 28,8% pour son rival Joseph Boakai. Les deux hommes qui figuraient déjà sur des listes électorales rivales en 2005 et en 2011, s’affronteront au second tour, fixé au 07 novembre.

« Le changement est nécessaire pour que notre pays puisse aller de l’avant », avait confié Weah à un journal français le 25 septembre, assurant avoir « gagné en expérience » politique et appris de ses échecs. Pour y parvenir, il compte mettre « l’éducation et la création d’emplois » au cœur de son programme de société.

Né le 1er octobre 1966 à Monrovia de parents modestes, George Weah est élevé par sa grand-mère à Gibraltar, l’un des bidonvilles de la capitale.

Marié, il est père de trois enfants dont Timothy, un footballeur international qui a signé en juillet 2017 son premier contrat professionnel avec le club français: le Paris Saint-Germain (PSG).

Tout comme son fils, Weah débute sa carrière sportive dans son pays avant de rejoindre le club camerounais du Tonnerre Yaoundé où il est repéré, à 22 ans, par le technicien français Arsène Wenger alors entraîneur de Monaco.

Outre Monaco, l’ex-international libérien a évolué dans plusieurs grands clubs européens dont le Milan AC où il a remporté à 29 ans (1995) le Ballon d’or et raflé presque tous les titres individuels cette même année: Ballon d’or africain en janvier (la seconde fois après 1989), joueur africain de l’année par la CAF, meilleur joueur d’Europe et joueur FIFA de l’année.

En 2001, « Mister Georges » opte pour les Emirats arabes unis, à Al Jazira, son club, où il joue quelques matchs avant de mettre un terme à sa carrière pour se convertir à la politique.

Une carrière politique taillée sur-mesure

Issu du groupe ethnique kru, l’un des principaux du Liberia, Weah ne fait pas partie de l’élite descendante des anciens esclaves américains qui domine traditionnellement la vie politique.

Candidat pour la première fois à la présidentielle en 2005, il arrive en tête du premier tour avec un peu plus de 40% des voix, mais perd au second, face à Ellen Johnson.

Il se présente à nouveau en 2011, mais cette fois pour la vice-présidence, sur la liste du candidat Winston Tubman. Son parti, le Congrès pour le changement démocratique, s’impose au premier tour, mais boycotte le second pour « irrégularités », avant d’accepter les résultats pour « la préservation de la paix ».

Après ces différents échecs, il parvient à se faire élire dans le comté de Montserrado, face à Robert Sirleaf, le fils de la présidente sortante.

Les détracteurs de Weah jugent son programme « vague et flou » et lui reprochent d’avoir choisi comme colistière Jewel Howard-Taylor, l’ex-épouse de Charles Taylor, ancien chef de guerre devenu président de la République de 1997 à 2003, puis, condamné par la justice internationale à 50 ans de prison pour son présumé rôle dans la guerre en Sierra Leone (1996 et 2002).

Critiqué pour son manque « d’éducation et de diplômes », Georges Weah est retourné sur les bancs et a décroché une licence en administration des affaires en 2010 et un master en administration publique en 2011 à Devry University de Floride (USA).

Depuis son entrée en politique, l’ex-joueur s’attire les faveurs des jeunes et des plus défavorisés, séduits par sa réussite sociale, en dépit d’un parcours scolaire limité.

« La jeunesse place son espoir en Georges Weah parce qu’elle a foi qu’il va mener le Liberia à la prospérité, au développement et repositionner le pays au niveau international », a expliqué à Alerte Info, Roland Seh, un journaliste libérien.

Alerte info/Connectionivoirienne.net

Commentaires Facebook