« Surpris » par la destruction du marché de St-Jean à Cocody en Côte-d’Ivoire, les commerçants accusent le « promoteur »

Manuella YAPI

Sur les gravats, brisures de verres et feuilles de tôles morcelées, les restes des magasins détruits samedi au marché de l’espace Saint-Jean de Cocody, à l’est d’Abidjan, des enfants jouent aux enquêteurs pendant que des commerçants tentent de récupérer ce qu’ils peuvent sous les décombres.

S’ils admettent tous avoir eu vent de la destruction de ce marché, mis à leur disposition après l’incendie du premier marché en 2007, les commerçants assurent ne pas avoir eu de précision sur la date de mise en exécution et accusent le « propriétaire des magasins » de ne les avoir pas avertis.

« On ne nous a pas dit la vérité », lance Jocelyn Gnahé, assis sur une chaise loin des décombres, déçu de réaliser, après des renseignements pris à la mairie, que le « promoteur continuait de percevoir les loyers » alors que le responsable de la commune lui a demandé « de ne plus encaisser de loyer auprès des commerçants ».

Informé par un appel tôt le matin, Jocelyn, également conducteur de taxi, a constaté à sa « grande surprise » la destruction du marché et n’a pu récupérer qu’une partie des vêtements stockés dans son magasin grâce à sa collaboratrice ,selon ses dires, rapportant que les commerçants présents lors de la démolition ont été « gazés » par les policiers pour éviter toute protestation.

« Tout a été cassé, tout », déplore un jeune commerçant, Franck Ouédraogo, en sueur sous un soleil de plomb, expliquant, lui aussi, avoir plusieurs fois été rassuré par le promoteur sur le fait que le marché ne serait pas détruit.

Contrairement à Jocelyn Gnahé et Franck, une commerçante qui a requis l’anonymat a réussi à récupérer l’ensemble de ses affaires: » je dormais dans le marché quand ils sont arrivés vers 4h du matin. J’ai enlevé une partie et récupéré le reste quand les policiers sont partis », dit-elle, les yeux rouges.

Les commerçants indexent également la mairie, d’une part pour ne pas avoir donné de suite à leurs demandes d’éclaircissement sur la date précise fixée pour la destruction du site, et d’autre part pour n’avoir pas contribué à la baisse des prix des magasins du nouveau centre commercial construit sur le site de l’ancien marché brûlé.

« Le maire nous dit qu’il y a un autre marché qui a été construit, mais nous n’avons pas d’argent pour louer des magasins qui coûtent sept millions FCFA », affirme Gauthier Aké, locataire d’un local de traitement de texte détruit.

« Nous avons perdu des machines qui coûtent entre 300.000 et 800.000 FCFA sur le marché en ce moment, où trouver ces sommes pour nous réinstaller? », s’interroge-t-il, ajoutant que le taux de chômage ne fera qu’ »augmenter », vu l’ampleur des dégâts matériels.

Les prix des magasins du nouveau marché, jugés élevés, attirent peu les commerçants qui préfèrent « se débrouiller ailleurs » pour se refaire une santé financière.

« Un jeune commerçant comme moi ne peut pas s’installer dans le nouveau local. Les boxes sont à trois millions FCFA et les étals sont à un million FCFA pour moins d’un m2, c’est trop élevé », estime Jocelyn, le regard perdu.

Des habitants de Cocody centre ont été réveillés samedi aux environs de 4h00 min (GMT) par l’odeur du gaz lacrymogène libéré dans l’air lors de la démolition du marché provisoire de l’espace Saint-Jean, menacé de destruction à plusieurs reprises depuis au moins un an, selon des commerçants.

Alerte info/Connectionivoirienne.net

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