Côte-d’Ivoire: Le régime va-t-il interdire Facebook après les menaces de la Justice contre des administrateurs de page ?

D’aucuns avaient cru à une rumeur, un faux document signé du Procureur de la république en Côte-d’Ivoire, invitant une dizaine d’administrateurs de compte Facebook jugés, à se rendre à une réunion de concertation et d’information à ses bureaux situés au sein du Palais de Justice d’Abidjan-Plateau. Mais que non, l’arnaque, la fakenews à laquelle les internautes ivoiriens s’attendaient s’est avérée loin d’être un mauvais poisson d’avril. Une rencontre a bel et bien eu lieu le mardi dernier [27 mars] entre le Procureur Adou Richard [photo] et six administrateurs de compte Facebook, tous résidents en Côte-d’Ivoire. Au total dix administrateurs avaient reçu des convocations. Cette rencontre rocambolesque démontrerait de la fébrilité du régime au pouvoir en Côte-d’Ivoire vis-à-vis des réseaux sociaux, Facebook en tête. Quelques jours avant cette réunion, Philippe Kouadio Yao, citoyen ordinaire, avait écopé de 12 mois de prison, pour une publication sur son compte Facebook appelant «au meurtre de gendarmes a M’bahiakro». Que fera la Côte-d’Ivoire face aux nombreux pro-Gbagbo cyber activistes notoires, exilés dans plusieurs pays de la sous-région, en Europe et en Amérique, qui passent le clair de leur temps à l’attaquer sur les réseaux sociaux ? Abidjan va-t-il interdire Facebook ? Rappelons qu’au plus fort de la crise postélectorale le régime de Laurent Gbagbo avait vainement tenté de bloquer certains sites internet considérés comme «hostiles». Cette mesure n’avait pas pu aboutir, vu l’état de déliquescence avancé du régime d’alors.

Paul Raoul Abié

Côte d’Ivoire : La justice doit-elle contrôler les propos tenus sur les réseaux sociaux ? (Jeune-Afrique)

Par Vincent Duhem – à Abidjan

La question est posée depuis la condamnation d’un homme à douze mois de prison ferme pour dérive sur les réseaux sociaux et la rencontre, mardi, entre six administrateurs de pages Facebook et le procureur de la République de Côte d’Ivoire.

Sur la dizaine d’administrateurs de groupes Facebook invités par Richard Adou, le procureur de la République de Côte d’Ivoire, à « une séance de travail », mardi 27 mars, six se sont finalement déplacés. Au programme : « Sensibilisation sur la gestion de l’informatique de sécurité, relecture des textes de lois applicables et collaboration pour un internet sûr et pacifique », selon les termes du courrier électronique reçu par les concernés.

« On m’a appelé sur mon numéro personnel samedi pour m’informer de cette réunion. J’ignore comment le bureau du procureur a eu mon numéro », réagit Assane Couliblay, administrateur de la page Facebook Police-Secours, qui participait à la rencontre. « Le procureur a voulu nous sensibiliser sur certaines dérives constatés sur nos groupes. Il nous a rappelé nos responsabilité et montré les textes de loi. Il a demandé à ce qu’on sensibilise nos membres. C’est une bonne chose car nous sommes tous témoins des propos parfois tenus sur les réseaux sociaux », poursuit-il.
(…)

Inédite, cette rencontre a surpris un certain nombre d’observateurs.
Cette rencontre intervient alors que la justice ivoirienne a condamné, lundi 19 mars, un homme à 12 mois de prison ferme et à une amende de 5 millions de F CFA, pour des propos tenus sur les réseaux sociaux. Le prévenu, Philippe Kouadio Yao, a été reconnu coupable « d’incitation à la violence ». Il lui est rapproché d’avoir appelé au meurtre et à la violence contre les familles de gendarmes sur le réseau social Facebook, alors que de violentes émeutes avaient cours dans la ville de M’bahiakro (Centre) suite à l’assassinat d’une adolescente de 13 ans. « Il faut commencer à égorger les enfants des gendarmes et nous sommes en train de nous organiser ici à M’Bahiakro. Restez à l’écoute », avait-il écrit sur Facebook.

Nouvelle loi sur la presse
Cette condamnation a été rendue possible par l’application de la nouvelle loi controversée sur la presse, votée fin 2017. L’un de ses articles stipule que : « Est puni d’un emprisonnement d’un an à cinq ans et d’une amende de 300 000 à 3 000 000 de F CFA, quiconque par voie de presse ou par tout autre moyen de publication : incite au vol et au pillage, au meurtre, à l’incendie et à la destruction (…), à toutes formes de violences exercées à l’encontre de personnes physiques et morales (…) ; incite à la xénophobie, à la haine tribale, à la haine religieuse, à la haine raciale et à la haine sous toutes ses formes. »
La suite de l’article à lire sur Jeune-Afrique

Commentaires Facebook

6 réflexions au sujet de “Côte-d’Ivoire: Le régime va-t-il interdire Facebook après les menaces de la Justice contre des administrateurs de page ?”

  1. Mark Zuckerberg va faire des millionnaires (en dollars, mais milliardaires en fcfa) en Côte d’Ivoire. Pourquoi ? Parce si un internaute qui renseigne des données privées et qu’il souhaite voir cachées est appelé sur son portable, traqué et finalement arrêté dans son pays, cela pose le problème de la gestion et de la divulgation des données personnelles par Facebook. Après le scandale Cambridge Analytica, cela fait tâche, mais c’est « propre » pour nous en Côte d’Ivoire : procès à Facebook après la sortie de prison. Plus vite que le PMU, l’argent vraiment en vitesse ! 🙂

  2. Facebook avait déjà fait tomber (en tout cas, fortement contribué) Ben Ali en Tunisie et Compaoré au Burkina. La fébrilité actuelle se comprend donc.

  3. j’ai toujours pensé que le site police secours travaillait au moins en collaboration avec la police. Pourquoi l’administrateur est étonné que le supérieur hiérarchique des policiers sache son numéro?

  4. Quand on lit ceci :
    « « Est puni d’un emprisonnement d’un an à cinq ans et d’une amende de 300 000 à 3 000 000 de F CFA, quiconque par voie de presse ou par tout autre moyen de publication : incite au vol et au pillage, au meurtre, à l’incendie et à la destruction (…), à toutes formes de violences exercées à l’encontre de personnes physiques et morales (…) ; incite à la xénophobie, à la haine tribale, à la haine religieuse, à la haine raciale et à la haine sous toutes ses formes. » »

    On dirait que l’on parle ici du « patriote » de OUATTARA et se son RDR !!

    Maintenant qu’il est au pouvoir et que l’opposition le gêne, on se souvient que l’on peut à travers la justice redresser l’opinion publique !!

    Bravo !!

    On attend la fin du film et on verra si tous ces propriétaires de forums sur facebook s’interdiront de se moquer du pouvoir RDR !!

    A toute répression correspond une révolution qui y met un terme !!

    OUATTARA est en train de mettre sur pied et/ou de redynamiser les sites et réseaux sociaux qui se repaitront de sa chute prochaine !!

    Il aurait du rester cool !! Ce n’est pas en bâillonnant les gens qu’on peut les empêcher de crier ou de mordre !!

    Au contraire !!

    Dommage !!

    Pop !!

  5. J’ai lu ces articles je n’ai vu nulle part des propos du procureur qui pourraient faire penser à une interdiction de Facebook. Bien au contraire le procureur sensibilise les acteurs sur l’arsenal jurique qui régit ce domaine. À mon sens c’est une initiative très louable visant à responsabiliser davantage les administrateurs de pages Facebook dans l’exercice de leurs activités.

  6. Personne ne parle d’interdire facebook !! Qui le pourrait ??

    Le problème est que ce pouvoir essaie de formater le type d’intervention qui se ferait sur ce média, en opposition à toute liberté d’opinion et d’expression.

    Et vu que les facebookers sous couvert d’avatars ne sont pas facilement saisissables, on essaie de faire pression sur les propriétaires de fora connus et identifiés à qui on demande de valider toute intervention avant diffusion (pour un forum ayant plus de 120.000 adhérents, c’est impossible !! Les participants sont tenus de respecter le code du forum et ils sont éliminés par dénonciation et non par contrôle préalable. C’est la règle.) Si on veut faire des propriétaires des fora les responsables des actes des internautes, pourquoi ne pas carrément aller vers le propriétaire de facebook pour l’obliger à contrôler les internautes qui utilisent son réseau pour briser la loi ??

    Trop facile !!

    Le Pouvoir aura pu mettre la main sur un facebooker indélicat qui ne s’était pas suffisamment protégé. Il s’en est félicité et s’est tapé la poitrine, mais il sait pertinemment qu’il ne peut tenir en ses mains les centaines de milliers d’internautes (!!) qui tirent sur lui. IL monte donc d’un étage et s’attaque aux propriétaires de sites de libre expression, ce qui n’est pas du tout fair.

    Le pouvoir veut verrouiller un canal d’expression qui a pourtant été plus qu’utile quand il était encore dans l’opposition. On se souvient de la diffusion rapide et globale d’images de personnes incinérées vivantes sous GBAGBO LAURENT, qu’il a été impossible de contrer pour les pro GBAGBO, malgré le fait que c’était des images provenant d’un autre pays et non de la Cote d’Ivoire. Le mal était fait la toile tout entière s’est enflammée, juste avant que l’on ne retrouve l’élément diffusé sur France 24 et TV5 !!

    Cette action de blocage des fora et de facebooker aurait un sens si et seulement si il existait une certaine neutralité d’état, une certaine justice qui veillerait à ce que les internautes qui se compromettraient, qu’ils soient d’un camp ou d’un autre, soient tous frappées de la même manière, conformément à ce que la loi prévoit !!

    On dit bien ici  » des propos qui inciteraient à la xénophobie, à la haine tribale, à la haine religieuse, à la haine raciale et à la haine sous toutes ses formes  »

    Il suffit donc de lire les interventions de pro OUATTARA pour savoir qu’elles ne se distinguent point de celles des pro GBAGBO.

    Frapper un pro GBAGBO reviendrait à frapper autant des pro OUATTARA sur la même base.

    Sinon le pouvoir a le droit de faire régner le silence sur les foras, s’il le veut, mais cela signifie qu’il devra tout autant souffrir de ce manque de communication et de propagande insufflée par les fameux commandos de communication mis sur place par BRUNO KONE et MAMADOU TOURE pour contrer les pro GBAGBO sur les forums et sur tout support média en ligne avec possibilité de commentaire !!

    Il ne faut donc pas confondre la loi au service de tout citoyen et l’usage que l’on veut en faire pour son propre camp en difficulté sur les fora !!

    Ce n’est pas de notre faute si des communicateurs pro OUATTARA n’arrivent pas à rétorquer face à des @steve beko ou des @Kyria epicètou !!

    Si vous voulez fraper le @POP, vous devrez tout autant frapper le @GOZO.

    C’est cela la justice.

    Si vous mettez la pression sur le @GBANSE, il nous exclura, mais cela ne réglera aucun problème car la solution se trouve dans le dialogue, qu’il soit houleux ou pacifique.

    Il est temps de parler à GBAGBO LAURENT, au lien de bâillonner les sites de libre expression et les fora facebook !!

    Pop !!

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