L’acquittement de Bemba: L’espoir pour les millions de pro Gbagbo/Blé Goudé en Côte-d’Ivoire

RFI

L’acquittement en appel de Jean-Pierre Bemba par la CPI a fait réagir l’opposition en Côte d’Ivoire. Condamné en première instance à 18 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité en Centrafrique, l’ancien vice-président congolais a finalement été acquitté vendredi 8 juin. La majorité des juges d’appel de la CPI a estimé que de sérieuses erreurs dans le jugement avaient fait disparaître sa responsabilité pénale. A la suite de ce verdict, les soutiens de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, jugé depuis plus de deux ans à La Haye, aux côtés de son bras droit Charles Blé Goudé, se sont réjouis. Les deux hommes doivent aussi répondre de crimes de guerre et crimes contre l’humanité devant les juges de la CPI.

« Gbagbo arrive ! », titre le Quotidien d’Abidjan. « L’espoir désormais grand pour Gbagbo », renchérit Le Temps. Pour la « presse bleue » ivoirienne, proche de l’opposition, il n’y a pas de doute, l’acquittement, vendredi, par la CPI, de Jean-Pierre Bemba laisse présager une issue identique pour l’ex-président ivoirien. Un enthousiasme partagé par Georges Armand Ouégnin, président de la plateforme EDS (Ensemble pour la démocratie et la souveraineté) qui rassemble notamment la frange « dure » du FPI, le parti de l’ex-président Laurent Gbagbo.

« Je crois que c’est un bon présage. M. Bemba vient d’être acquitté et pour ce qui est du président Gbagbo et du ministre Charles Blé Goudé, on a entendu les 82 témoins de l’accusation qui n’ont pas réussi à apporter suffisamment de preuves et c’est la raison pour laquelle nous restons très optimistes. Cette décision nous donne beaucoup d’espoir parce que nous pensons qu’il en sera de même pour le président Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé. On a toujours dit que quand on rentre à la CPI on n’en sort pas mais aujourd’hui cette décision prouve que l’on peut rentrer à la CPI et puis ressortir acquitté », a déclaré Georges Armand Ouégnin.

Georges Armand Ouégnin souligne aussi le fait que les juges de la CPI viennent d’autoriser l’ex-président ivoirien et son ancien ministre à plaider l’acquittement à la suite de la clôture du dossier de l’accusation.

« On espère que la CPI va prouver sa capacité à rendre des jugements équitables », renchérit Boubakar Koné, le porte-parole du FPI tendance Sangaré. Changement de ton donc pour une opposition plutôt habituée à tirer à boulets rouge sur la CPI.

Comparaison entre les deux cas

Beaucoup, aujourd’hui, font donc la comparaison entre le cas de Jean-Pierre Bemba et celui de Laurent Gbagbo, en détention depuis huit ans et jugé depuis 2016, également pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Ses avocats soutiennent, depuis le début, que le dossier d’accusation est vide et ils ont déjà présenté treize demandes de remise en liberté provisoire qui ont toutes été rejetées par la Cour.

Joint par RFI, Maître Habiba Touré, l’une des avocates de Laurent Gbagbo, pense, par conséquent, que le cas de Jean-Pierre Bemba servira de jurisprudence : « C’est surtout une remise en question du mode opératoire de l’accusation et non du bureau du procureur puisque jusqu’à preuve du contraire, c’est le bureau du procureur qui a la charge de la preuve. Donc, ce qui est gravissime dans ce type de procédure, c’est que monsieur Bemba a fait quand même dix ans de détention. Dix ans pour rien. Dans le cas du président Laurent Gbagbo, on en est à peu près à la même chose, c’est-à-dire qu’il y a un certain nombre de témoins – plus de 80 témoins de l’accusation qui sont passés – sans que l’on puisse relier ces témoins et les faits qu’ils ont pu évoquer à la personne du président Laurent Gbagbo ou de Charles Blé Goudé et même aux faits qui leur sont imputés. Donc, en ce sens-là, effectivement, la décision rendue en droit dans le dossier Bemba est une jurisprudence qui pourrait servir la défense », a spécifié Maître Habiba Touré.

http://www.rfi.fr/afrique/20180610-rca-rdc-cote-ivoire-jean-pierre-bemba-acquittement-laurent-gbagbo

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5 réflexions au sujet de “L’acquittement de Bemba: L’espoir pour les millions de pro Gbagbo/Blé Goudé en Côte-d’Ivoire”

  1. Espoir ??

    Non, juste la démonstration que la communauté internationale se fout complètement de nous !!

    Il n’y a rien de plus sérieux que la justice et la produire à des fins politiciennes et tout ce qu’il y a de pervers.

    Dans tout ça, des milliers de personnes de tout camp meurent et la seule chose qui pourrait permettre de panser les blessures, c’est un rapprochement entre victimes et entre belligérants.

    La CPI à ceci de pervers qu’elle entretient les clivages, qu’elle profite à un clan et pas à un autre, et qu’elle se permet de choisir le sens dans lequel les choses doivent aller, selon les intérêts de ceux qui portent cette institution.

    SI cette CPI refuse de trancher sur la question politique, qui a gagné les élections en cote d’ivoire, pourquoi refuse t-elle donc d’inculper les criminels pro OUATTARA auteur de divers meurtres lors de cette crise post-électorale (sinon OUATTARA lui-même vu qu’il en était le chef) ??

    Et comme toujours, la plus grosse crainte des occidentaux, est que les africains s’entendent et qu’ils forment un bloc, qu’ils passent outre et renoue avec la paix.

    Diviser pour mieux régner !!

    Dabakala !!

  2. Comme tout le monde le sait bien, deux actes criminels similaires en justice se traitent différemment.

    Ce n’est parce qu’un voleur de cabri de Dimbokro a été condamné á 20 ans de prison ferme, qu’un autre voleur de bœuf á Kong connaitra le meme sort devant le meme juge qui avait infligé 20 ans ferme au 1er voleur ?

  3. Dans les deux cas, ils sont au minimum inquiétés par la justice, car le caprin et le bovin ne leur appartiennent pas !!

    Mon cher @srika, on parle bien ici de mort d’homme, de peines et douleurs des victimes et ayant droit.

    Ce sont bien 1200 personnes qui ont été tirées comme des lapins par les rebelles à DUEKOUE !!

    C’est impardonnable, quelque soit l’opinion politique qu’on leur aura attribuée.

    Si la mort de 7 femmes dans un marché a plus de valeur que celle de plus de 600 femmes et 600 hommes à DEUKOUE, qu’on nous le dise officiellement et on prendra acte !!

    Dabakala !!

  4. @DABAKALA….
    Je ne me moque pas des milliers de morts. Ces massacres auraient pu etre evités si………….. Malheureusement l’écoulement du temps n’est pas comparable á une cassette audio que l’on peut rejouer,effacer et re-engistrer.

    Comme tu le sais bien, ce ne sont pas les contenus d’un delit ou d’un acte criminel qui sont tout temps pris en compte en justice. Il y a plusieurs parametres qui sont pris en compte. Tu le sais tres bien. Voilá pourquoi la justice inflige 20 ans de prison ferme á un simple voleur de cabri et donne seulement 1 á 5 ans de prison á un autre qui a eu á voler 100 millions de cfa lors d’un braquage . 100 millions cfa = 3500 cabris

    Si Gbagbo et son clan avaient mis l’interet superieur du peuple et du pays au devant de tout, nous n’en seront pas lá aujourd’hui en train d’accuser tel ou tel.

    Les memes erreurs de Gbagbo+FPI se dessinent encore sous le regime Ouattara.

    They don’t listen and they never listen. It could happen again !

  5. @Srika …

    Je ne partage pas du tout.

    Il ne s’agit pas ici de légiférer à coups de « si », mais de tenir compte des actes.

    Les fautes des uns ne pardonnent pas les fautes des autres.

    La HAYE a proclamé haut et fort qu’elle ne ferait pas de procès politiques et qu’elle n’a pas a se prononcer sur qui a gagné les élections.

    Son rôle est de juger les crimes de sang et de guerre constatés lors de dérives. Il ne s’agit donc pas d’établir une égalité entre camp, mais de tenir compte de la souffrance de victimes innocentes dans un conflit qui aurait pu être évité « si » OUATTARA n’avait pas choisi l’option de la guerre ou de la fraude pour passer !!

    Alors oui, avec des « si » on peut tout faire, mais le tribunal de la HAYE ne se base pas sur des « si » pour se prononcer. Des milliers de personnes sont mortes, exécutées par des rebelles déjantés à DUEKOUE.

    La Haye dit quoi ???

    Quant à OUATTARA, il peut faire ce qu’il veut, et tant que cela n’aboutit pas à des crimes de guerre ou de sang commis par sa faction, à priori, il ne doit pas être inquiété pour sa gestion actuelle par la CPI (qui ne juge pas les interactions politiques, je rappelle). Toutefois, le FPI ne peut se permettre d’assassiner des milliers de civils innocents et dioulas dans le sud, au motif que OUATTARA aurait commis tel ou tel autre acte source de tension et de conflits !!

    Il faut faire la part des choses !!

    On ne vous demande pas d’aimer GBAGBO ou de juger ses actes, mais de dire si les personnes qui sont mortes assassinées ont droit à la justice ou non !!

    dabakala !!

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