Les journées du cacao et du chocolat en Côte-d’Ivoire « ne peuvent pas résoudre nos difficultés », estiment les producteurs (Anaproci)

Anaproci producteurs et Kanga Koffi

Par Connectionivoirienne

En prélude aux ‘’Journées nationales du cacao et du chocolat’’ (Jncc) ouvertes depuis le 28 septembre 2018, les producteurs regroupés au sein de l’Association nationale des producteurs de café cacao de Côte d’Ivoire (Anaproci) ont organisé une conférence de presse pour expliquer les difficultés qui minent encore la filière malgré les nombreuses réformes entreprises par le gouvernement.

La faitière fortement implantée dans les zones de production, par la voix de son président Kanga Koffi, a fait savoir que les producteurs broient du noir pendant que les industriels et autres négociant font la pluie et le beau temps. A propos des Jncc, il estime que non seulement les producteurs n’y sont pas associés mais qu’en plus, elles sont principalement dédiées aux consommateurs. « Ces journées ne peuvent pas résoudre nos difficultés. Avant la consommation, il faut s’intéresser aux pionniers, c’est-à-dire les producteurs. Nous voulons attirer l’attention du gouvernement pour qu’il jette un regard plus humain sur les acteurs du cacao. (…) Nous ne sommes pas associés aux Jncc mais il faut que ces journées soient organisées dans l’intérêt des populations pour des résultats pouvant impacter significativement la vie des producteurs», affirme M. Kanga. Puis le conférencier de poursuivre en énumérant les difficultés.

Destruction des vergers malades – prix moins rémunérateur – tracasseries dans les plantations en forêts classées

L’une des préoccupations majeures des paysans reste, selon Kanga Koffi, la poussée de la maladie du swollenshoot qui réduit à néant des plantations entières. Le traitement préconisé, fait-il savoir, est la destruction totale de la plantation. Mais, se désole-t-il, les mesures d’accompagnement ici, s’avèrent insignifiantes, 50 mille francs par hectare détruit là où les plants mettent 3 ans à 5 ans pour se reproduire. Dans les forêts classées, révèle-t-il, le gouvernement a décidé de déguerpir les paysans clandestins mais avec la permission donnée à ces derniers de récolter leur production jusqu’à ce que les plants reboisés arrivent à maturité. A en croire Kanga Koffi, cette mesure d’accompagnement fait l’affaire des agents des eaux et forêts qui trouvent là une occasion de racket des planteurs qui veulent avoir accès à leurs champs. Ceux-ci paieraient à ces agents entre 3 mille FCFA et 15 mille FCFA.

Autre grief relevé, les producteurs déplorent l’arrêt de la distribution des plants de cacao de la variété ‘’Mercedes’’ pour dit-on limiter la production qui se situe à 2 millions de tonnes en 2017. Pour le conférencier, cette mesure n’est pas nécessaire vu que, de façon naturelle, la maladie du swollenshoot elle-même contribue fortement à réduire la production nationale par les ravages qu’elle fait. Ces ravages sont estimés à la perte de 100 mille tonnes l’an. Les paysans ont aussi plaidé pour que l’Etat à travers des lois protège les producteurs contre les multinationales. Ils font valoir que des produits dérivés du cacao inonde le marché ivoirien pour concurrencer les produits locaux.

Plusieurs autres problèmes ont été signalés au cours de cette conférence. Mais celui qui retient l’attention des producteurs est celui du prix du kilogramme de cacao. Ce prix (700 FCFA, actuellement), selon eux ne prend pas en compte les coûts de production qui seraient très élevés, notamment le coût des intrants servant à entretenir les plantations. C’est pourquoi, selon lui, la pauvreté frappe toujours le milieu rural. Pauvreté accentuée, selon eux, par la mise à mort progressive des coopératives pour défaut de financement. On est bien loin du printemps des coopératives de café cacao du début des années 2000.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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