7ème opération d’évacuation humanitaire depuis Tripoli vers la Côte-d’Ivoire en 2018

7ème Evacuation Humanitaire 2018 : un vol charter de 107 personnes dont une jeune dame ayant subi une intervention chirurgicale de jambes fracturées d’un coût de 10 000 Dollars US financée par l’OI

L’année 2018 enregistre sa septième opération d’évacuation humanitaire, à travers le 14ème vol charter du Boeing 737-800 d’une compagnie aérienne de Tripoli, qui a atterri dans la soirée du jeudi 18 octobre, à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny (côté Djeda), ayant à bord 107 migrants ivoiriens en situation d’extrême détresse et de précarité, rapatriés volontairement de la Libye.

Pour la énième fois, l’action conjuguée de l’OIM (Organisation internationale pour les migrations) et de la DGIE (Direction générale des ivoiriens de l’extérieur) a permis de secourir 32 femmes, 75 hommes, 4 bébés, 10 enfants dont 1 mineur non accompagné. 3 femmes enceintes, 5 cas médicaux dont un cas assez grave d’une jeune dame accidentée qui aurait perdu l’usage des deux jambes, s’il n’y avait pas eu une intervention chirurgicale d’un coût de 10 000 Dollars US financée par l’OIM.

Il a fallu un fauteuil roulant pour faire descendre de l’avion cette jeune dame (qui a requis l’anonymat), qui a été accueillie par sa mère, toutes les deux en pleurs, inconsolables. Personne n’a pu résister à l’émotion de compassion que cette scène a créée sur le tarmac, le triste sort infligé à cette jeune dame victime d’un accident grave dans sa situation de détresse en Libye et qui retourne chez elle dans une chaise roulante.

Si les larmes du corps humain pouvaient tarir, nos compatriotes migrants n’en auraient plus, à l’instar d’une autre jeune dame du nom de Bahi Marie Laure qui, bien qu’ayant accepté de parler, avait du mal à retenir ces larmes. Exerçant le métier de commerçante à Abidjan, elle avait décidé de donner du volume à son activité en immigrant en Europe pour mieux s’occuper de ses parents. Son malheur a été d’avoir opté pour le voyage clandestin par la traversée du désert et de la méditerranée en zodiac, arrêtée par la police libyenne sur les côtes italiennes. « Je suis partie avec 5 personnes, elles sont toutes mortes dans la mer. Je regrette pourquoi nous avons fait cela. Des femmes qui ont abandonné leurs foyers en Côte d’Ivoire pour être violées et enceintées par des passeurs. Celles-ci ne peuvent plus revenir », a-t-elle relaté.

Un autre jeune ivoirien, nommé Kpaézo Ismael, titulaire du BEPC qui a voulu s’essayer à l’aventure en partant de la Tunisie pour l’Europe par le chemin de la migration irrégulière, pleure aussi le calvaire qu’il a vécu dans les prisons libyennes. « La marine libyenne nous a interceptés sur la méditerranée pour nous ramener dans une prison à Zawouia. Là, nous avons tout vu, tout supporté. On n’avait pas de quoi à manger, on nous frappait quotidiennement, on nous traitait comme des animaux. Ce n’était pas du tout facile… », s’est-il lamenté.

En outre, le Directeur Général des ivoiriens de l’extérieur (DGIE), M. Issiaka Konaté, cheville ouvrière de l’organisation de cette évacuation humanitaire, a-t-il souligné plusieurs difficultés qui se posent dans l’exécution de cette mission. Ce sont essentiellement, celles liées à la maitrise des chiffres au niveau du flux migratoire, au fait de se contenter de données qui sont disparates, d’échanger avec la Libye, un pays qui ne jouit pas d’une situation sécuritaire qui puisse permettre un traitement diligent des questions migratoires.

Il y a aussi le caractère assez difficile du phénomène de la migration, très complexe, qui mélange les nationalités, la documentation et qui est encore compliqué par la zone de libre circulation qui existe entre l’Afrique de l’ouest et le Niger.

En ce qui concerne la question d’une fin probable à cette opération de rapatriement volontaire, le DGIE a été clair en présentant la réalité de ce phénomène, à savoir qu’il est impossible de lutter contre la mobilité humaine, un droit fondamental pour chaque individu. Cependant, l’objectif demeure inlassablement la lutte contre la migration irrégulière.

« On est parti d’une estimation de 14 000 ivoiriens en Libye pour aboutir à une estimation de 8052 ivoiriens. Aujourd’hui, la dernière estimation de l’OIM était de 4045, et si on en déduit les 107 personnes de ce 14ème charter, on va dire qu’on se retrouve encore autour de 3900 personnes à faire revenir en Côte d’Ivoire » a expliqué M. Issiaka Konaté.

Il a ajouté que c’est un effort qui va se poursuivre de la part du Gouvernement. Selon lui, ce n’est pas seulement en Libye, car la Côte d’Ivoire a adopté une politique très engagée qui consiste à venir au secours de tous ses ressortissants à travers le monde, qui se trouvent en situation de détresse. « Au total, c’est 4778 personnes qui sont revenues. C’est un travail difficile qu’il est nécessaire de faire », a-t-il confirmé.

Les dispositions pratiques pour l’assistance des migrants de retour ont été expliquées par Mme Marine Schramm, Chef de Mission de l’OIM. Il s’agit d’un dispositif de prise en charge, à travers le profilage des migrants pour leur réinsertion socio-professionnelle. Un appui social systématique par la prise en charge des mineurs non accompagnés, des mineurs et des cas médicaux graves. Ensuite, il y a un hébergement d’urgence de 2 ou 3 jours. Des numéros d’identification que l’OIM offre qui permettent un suivi des personnes. Un pécule d’arrivée de 167 000 F CFA remis à chaque migrant de retour et surtout un appui psycho-social.

JOB
Source: Abidjan.net

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