Côte-d’Ivoire Supérieur et Recherche scientifique: Le calme avant la tempête ?

Depuis l’arrivée du Dr Mabri Toikeusse à la tête du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, la paix semble revenue au sein de ce département, notamment au niveau de l’administration centrale. L’atmosphère délétère qui prévalait jusque-là a fait place à l’apaisement.

Pour rappel, il ne se passait pas de jour sans que le personnel administratif et technique ne manifeste son mécontentement aux autorités face à la non prise en compte de ses préoccupations liées au paiement d’une prime trimestrielle, conformément aux résolutions de l’atelier de Bingerville de décembre 2016. Se sentant floués et traités avec mépris, les agents portés par leur remuant syndicat-le SYAAC-ont multiplié les grèves, allant jusqu’à faire un sit-in aux pieds des tours de la cité administrative, qui avait nécessité le déploiement d’un impressionnant détachement des forces de l’ordre pour tenter de contenir la fureur des manifestants. Toutes ces tensions avaient plongé le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique dans une impasse avec pour conséquence prévisible le limogeage retentissant de la Ministre Bakayoko Ly Ramata. C’est donc dans un contexte tendu qu’est intervenue la nomination de Mabri Toikeusse. Et comme il fallait s’y attendre, les agents ont accueilli cette nouvelle dans une liesse populaire d’autant plus qu’ils considéraient le nouveau Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique comme l’homme providentiel, capable de régler enfin ce problème de prime trimestrielle.

Plus de trois mois se sont écoulés ; et la ferveur collective née autour de l’arrivée du nouveau Ministre est en train de céder la place au doute. C’est l’heure des interrogations. Malgré les propos de Mabri qui se veut rassurant quant à sa volonté de mettre un terme aux souffrances des agents, ces derniers estiment qu’il est maintenant grand temps de traduire toutes ces déclarations d’intention en actes concrets, avec l’adoption d’une grille de primes et d’une échéance claire de paiement. Le syndicat des agents de l’administration centrale (SYAAC-MESRS) qui continue de jouer la carte de l’apaisement, s’étonne de ce que son secrétaire général Modeste Zoulou soit privé de salaire depuis 8 mois, sous l’instigation du Directeur des ressources humaines, Diakité Djimbala, sans qu’il soit mis un terme à cette injustice inacceptable. Comment le nouveau Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique qui est lui-même un ancien syndicaliste peut-il cautionner une telle violation du droit syndical au mépris même de la trêve sociale ? Le Drh n’essaie-t-il pas de l’induire en erreur ? En tout cas, on se perd en conjectures, eu égard aux bonnes dispositions d’esprit que le premier responsable de l’enseignement supérieur a montrées jusque-là.

A l’évidence, l’heure ne semble plus à la sérénité au sein du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Est-ce le calme avant la tempête ? Tout porte à le croire, car les agents ne cessent de grogner depuis quelque temps. De source bien introduite, un mouvement d’humeur serait en préparation. Ce Ministère est-il en train de se diriger à nouveau dans un cycle de turbulence ? Va-t-on encore assister à un bras de fer entre les agents et l’autorité de tutelle ? Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on se rappelle que les tensions liées à la question des primes avaient été fatales à Bakayoko Ly Ramata.

Que fera exactement le Ministre Mabri ? Lui qui aspire à diriger ce pays un jour, commettra-t-il les mêmes erreurs que son prédécesseur Bakayoko Ly Ramata, en tentant de rouler les agents dans la farine ? Ou au contraire, laissera-t-il parler son cœur en octroyant des primes trimestrielles au personnel administratif et technique, comme il l’a fait à maintes reprises dans les Ministères où il est passé ? Les jours qui suivent seront décisifs pour l’avenir du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Nous y reviendrons.

Juliette Obodji

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