Côte-d’Ivoire: Sans maitriser son propre agenda Laurent Gbagbo « a pris le FPI en otage » depuis sa cellule de prison

Il y a une seule chose à comprendre dans la valse des communiqués contradictoires qui proviennent des missionnés de La Haye. Cette chose structure la vie de l’opposition ivoirienne depuis 2011. Laurent Gbagbo ne veut pas de « plan B » pour le camp qu’il représente. Il est le premier « Gbagbo ou rien ». C’est ce qui a créé les problèmes avec Koulibaly, Affi et aujourd’hui Simone. Or il n’est pas maître de son agenda et ne sortira que si la « communauté internationale » dont il est le prisonnier le veut bien. Il faut noter que dans « Gbagbo ou rien », il y a « rien ». Et que « rien » ça veut dire le règne sans partage et sans opposition sérieuse des branches de l’ex parti unique. Cette stratégie personnelle, qui s’apparente à une roulette russe aux dépens de ceux qui souffrent de l’ordre actuel, ne peut réussir qu’en usant sans limites des armes du culte de la personnalité et de la propagande mensongère. Elle ne peut se faire qu’en mettant de côté le devoir élémentaire de gratitude et la bienséance, mais aussi toute la culture politique de gauche qui faisait du FPI un parti moderne et contradictoire face aux clubs de soutien RDR et PDCI.

Mais il faut aussi s’interroger sur la stratégie de ceux qui sont parvenus à incarner à eux seuls l’entourage de Gbagbo, parce que les sanctions européennes qui les touchaient ont été levées avec une rapidité surprenante. Quand ils auront fait du FPI un tas de ruines, Gbagbo sortira de prison comme un Samson sans cheveux et sans force, scalpé par une Dalila contemporaine que nous nous garderons bien de nommer.

Tambou Tchagain

Côte d’Ivoire: Gbagbo contre Gbagbo au FPI?

Par RFI Publié le 18-11-2018
Il y a du rififi au FPI de Gbagbo après la mort le 3 novembre dernier d’Aboudramane Sangaré. Dans un communiqué publié vendredi soir et qu’il a fait signer par le secrétaire général Assoa Adou, Laurent Gbagbo, toujours en prison à La Haye, reprend clairement la main sur sa branche du FPI. Le président intérimaire et 1er vice-président Aboudramane Sangaré étant décédé, Laurent Gbagbo décrète qu’ « il n’y a plus d’intérim » et qu’ « il assume pleinement la direction du parti ». La mort d’Aboudramane Sangaré ouvre-t-elle une nouvelle crise au FPI ? Assiste-t-on à une rivalité entre Laurent et Simone Gbagbo pour le leadership du FPI ?

Le jour même du décès d’Aboudramane Sangaré des dissensions sont apparues. Simone Gbagbo convoque un secrétariat général d’urgence. Aussitôt, Laurent Gbagbo suspend toutes les activités politiques du FPI jusqu’aux obsèques.
Moins de deux semaines après ce couac, Laurent Gbagbo reprend les rênes dans un communiqué en forme de recadrage. C’est lui qui convoquera les réunions, qui seront présidées par les vice-présidents, donc par Simone Gbagbo, devenue la première d’entre eux. Mais c’est le secrétaire général Assoa Adou qui gérera le parti au quotidien.

Simone Gbagbo n’est donc pas la nouvelle présidente intérimaire. Et beaucoup voient dans cette reprise en main l’amorce d’une bataille entre les époux Gbagbo. « L’impasse a commencé, il y a maintenant 3 tendances au FPI », constate le politologue Jean Alabro, pour qui aucun des deux n’a toutefois intérêt pour l’instant à sortir de sa posture : « La figure tutélaire emprisonnée d’un parti martyr pour lui », et « le rôle d’apôtre du pardon depuis sa libération début août » pour elle.

Pour l’analyste politique Sylvain Nguessan, ce bras de fer résulte en partie d’une rivalité entre Simone Gbagbo et la 2e épouse de Laurent Gbagbo, Nady Bamba. « Laurent Gbagbo se prémunirait ainsi contre Simone qui, humiliée dans sa vie privée pourrait retrouver ses réflexes de femme politique et préparer sa candidature pour 2020 si elle prenait la direction du parti ».

« Ce qui se profile maintenant c’est une bataille sur la ligne du parti après le départ de Sangaré, prédit Jean Alabro. Comme dans tous les partis de gauche en crise on va assister maintenant à une fracture entre les pragmatiques autoproclamés et les tenants de la ligne pure et dure. »

Commentaires Facebook

2 réflexions au sujet de “Côte-d’Ivoire: Sans maitriser son propre agenda Laurent Gbagbo « a pris le FPI en otage » depuis sa cellule de prison”

  1. OUI.. c’est la VÉRITÉ…. @Srika l’avait dit…….

    Le FPI doit faire sa politique en mettant « dans une chambre froide » le cas Gbagbo en attendant le verdict de la CPI.

  2. L auteur se contredit. Si Mr Gbagbo est « l otage de la communauté internationale », la pire des choses qui lui arriverait c est d être hors du jeu politique ivoirien. Cv est justement l erreur que paye Mr affi en ayant cru que l objectif de ceux qui lui demandait de ranger Gbagbo au placard était d aider le fpi. Non ç était pour le condamner sans conséquence locale.

    Mais diantre on est ivoirien. Mr ouattara avec son fameux mandat d arrêt international qui pensait qu’ il allait revenir? Son destin à été sauvé par la pugnacité de ses militants avec leur ado au rdr ou rien.

    Au pdci l obstination des opportunistes de ce parti à mettre Mr bedie au placard depuis son fameux coup d état est à la base de la dislocation de ce parti.

    Pour ces trois grands partis, vivants leurs leaders seront incontournables. Les gens pensent que la démocratie qu’ ils voient à la télé sur cnews c est la même que chez nous !

    Gbagbo ne sera libéré que si sa sortie est indispensable au jeu politique ivoirien. Sinon c est plus simple pour le grand organisateur de se débarrasser d un eveilleur de conscience gênant.

Les commentaires sont fermés.