Kablan Duncan peut-il affronter un Konan Bédié, plus que jamais déterminé à reprendre son «trône» perdu en 1999 ?

Lu dans Jeune-Afrique

Lancement du PDCI-Renaissance : vers une guerre ouverte entre Bédié et Duncan ?

Pour Henri Konan Bédié, la création du RHDP en tant que parti politique signerait la mort du PDCI-RDA. Daniel Kablan Duncan, qui a lancé dimanche 23 décembre un nouveau mouvement dénommé PDCI-Renaissance, pense visiblement le contraire.

Nouvelle casquette pour Daniel Kablan Duncan. Ministre puis Premier ministre, voilà le vice-président de la République de Côte d’Ivoire dans le rôle du pompier, venu éteindre le feu qui se propage dans la maison des Houphouétistes. Depuis le divorce entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, ils sont pourtant nombreux, en coulisses, à vouloir faire asseoir de nouveau les deux anciens alliés à la même table.

Ce 23 décembre 2018, c’est donc aux yeux de toute la nation que près de 9 000 militants du PDCI-RDA, drapés de pagnes aux couleurs et à l’effigie du parti, ont pris d’assaut la patinoire de l’Hôtel Ivoire Sofitel pour dire « non à la rupture ».

Bédié et Ouattara informés
Un rassemblement « nécessaire », selon Théophile Ahoua N’Doli, Inspecteur général d’État et fidèle parmi les fidèles de Daniel Kablan Duncan. Les organisateurs ont pris soin d’avertir Alassane Ouattara comme le président du parti, Henri Konan Bédié. « Nous les avons informés parce que c’était normal de le faire, mais ce n’était pas une demande d’autorisation », précise Théophile Ahoua N’Doli à Jeune Afrique.

HASARD DU CALENDRIER, LE JOUR DE L’ANNONCE, GUILLAUME SORO ÉTAIT REÇU EN GRANDE POMPE PAR HENRI KONAN BÉDIÉ À DAOUKRO

Le rassemblement de ce dimanche a été annoncé six jours plus tôt, lors d’une conférence de presse à Abidjan en présence de cinq ministres PDCI, encore au gouvernement : François Amichia, Alain Richard Donwahi, Raymonde Goudou Coffie, Jean-Claude Kouassi et Pascal Abinan Kouakou. Le jour de l’annonce, le 17 décembre 2018, hasard du calendrier, Guillaume Soro, en rupture de banc avec le RDR d’Alassane Ouattara, était reçu en grande pompe par Henri Konan Bédié à Daoukro.

Depuis qu’il a fait savoir le 8 août qu’il se retirait du parti unifié voulu par le président ivoirien, le leader du PDCI-RDA tente de créer une nouvelle plateforme politique qui pourrait aller du FPI de Laurent Gbagbo aux ex-Forces nouvelles.

« Le PDCI n’a de place qu’avec les Houphouëtistes »
« Il n’est pas normal que le PDCI tourne le dos à sa famille politique naturelle pour faire alliance avec d’autres », dénonce Théophile Ahoua N’Doli. Avant d’expliciter : « le PDCI n’a de place qu’avec les Houphouëtistes ». Les fondateurs du PDCI-Renaissance ne craignent-ils pas de subir le même sort que Kouassi Adjoumani, avec son mouvement « Sur les traces d’Houphouët » ? « Nous assumerons si jamais on était exclus à notre tour », répond Ahoua N’Doli.

Pour Henri Konan Bédié, la création du RHDP en tant que parti politique signerait la mort du PDCI-RDA. Daniel Kablan Duncan pense quant à lui le contraire. L’ancien Premier ministre ivoirien est convaincu d’une chose : pas de paix en Côte d’Ivoire sans l’union de tous les Houphouétistes. « Est-ce que nous voulons à nouveau rentrer en enfer après la grave crise de 2010-2011 ? », demande-t-il à l’assistance acquise à sa cause ce dimanche matin.

Selon le vice-président ivoirien, « le pays se questionne face à la recrudescence de violences en lien avec des scrutins électoraux même locaux« . Pour Daniel Kablan Duncan, « voilà de bien nombreuses années que de tels signaux n’étaient pas apparus dans nos consciences et dans nos préoccupations. (…) Il faut régler sans trop tarder toutes les divergences et tous les conflits existants, et renforcer ainsi la cohésion des filles et fils d’Houphouët-Boigny. » Sera-t-il entendu ?

Alain Aka

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3 réflexions au sujet de “Kablan Duncan peut-il affronter un Konan Bédié, plus que jamais déterminé à reprendre son «trône» perdu en 1999 ?”

  1. Le PDCI a mieux à faire que de s’occuper des jérémiades de prébendiers qui ne disposent d’aucune assise dans leur région respectif.

  2. Le seul atout de duncan c est le fait qu’ il soit l homme de ouattara.

    Vu la façon dont il peine à faire voter son candidat dans sa propre région malgré l armada de renfort là où les autres hommes politiques frôlent les scores soviétiques il ferait mieux de rester ce qu’ il est aux yeux des ivoiriens: un excellent bureaucrate aux ordres à la veste témoin de son statut socioéconomique.

  3. Cela devient épuisant, cette conviction qu’il n’y a qu’UN SEUL clan, UNE SEULE chapelle politique, UN SEUL homme capable de construire ce pays. Tout comme est épuisante cette conviction qu’un perte du pouvoir de la galaxie rebelle (RDR et affiliés) menacerait la paix et la stabilité. Sur 23 millions d’individus et près (ou plus) de 200 partis, il ne se trouverait qu’une seule personne pour conduire le développement ? Cela insulte la Côte d’Ivoire, cela insulte les Ivoiriens : serions-nous donc tous si stupides et si incapables ? Les générations fonctionnent en pile, par empilement : chacun vient apporter sa pierre, et les autres suivent pour apporter la leur. Au demeurant, n’oublions pas que le pont Bédié étai prévu pour être livré en 2000 ou 2001. Tout comme la prolongation de l’autoroute du nord, le 4ème pont, et tant d’autres projets programmés dans le cadre de l’Eléphant d’Afrique, et même pour certains depuis FHB, comme le métro, etc. Mais QUI diantre empêcha quiconque de conduire le développement depuis 1994 tant que ce ne serait pas lui-même en place ? Je vous le donne en mille.

    Duncan est (était) une personnalité consensuelle acceptée par quasiment toutes les chapelles, mais il se fourvoie depuis quelques temps. Rien ne l’oblige à rester au PDCI, tout comme rien ne l’oblige à se faire le héraut du RDRHDP. Un voie autre tracée par lui avait de grandes chances de prospérer, mais vraisemblablement il n’en a ni le charisme, ni le cran. Se pose donc la question de savoir s’il a l’étoffe et la poigne pour rassembler nos suffrages et gouverner un pays durablement criminalisé et violent ?

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