Accusé de « harcèlement tribal et politique », le gouvernement en Côte-d’Ivoire se fait « menaçant »

Assemblée nationale: « Jeter un discrédit » sur un autre pouvoir est « inacceptable », selon le ministre de la Justice

Jean-Marc BOUAZO

Le ministre de la Justice et des droits de l’homme, Sansan Kambilé, a jugé dimanche à Abidjan, « inacceptable » que le pouvoir législatif se soit « autorisé à jeter un discrédit » sur le pouvoir judiciaire, après que le vice-président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Privat Oulat, ait déclaré qu’ »il est nettement mieux d’avoir une justice outillée, qui réponde véritablement aux aspirations du peuple », dans une déclaration.

« Le fait pour un député (…) de s’autoriser à jeter un discrédit sur un autre pouvoir constitutionnel est inacceptable », a déclaré M. Kambilé, ajoutant que cela « ne saurait être toléré », dans une note portant son seing.

Vendredi, le bureau de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire avait demandé à la justice, « la suspension des poursuites » contre le député du Plateau (centre des affaires d’Abidjan) Jacques Ehouo, « inculpé » dans une affaire de détournement de fonds publics, estimés à plus de 5 milliards.

Dans son discours, M. Oulat avait affirmé que « les députés qui ont voté les dispositions légales connaissent, mieux que quiconque, l’esprit et la lettre des différents articles de la Constitution ».

M. Kambilé a souligné qu’être « député d’une législature ne signifie pas qu’on a voté toutes les lois (ni) qu’on en connaît mieux que quiconque, l’esprit et la lettre » de celles-ci.

Le garde des Sceaux a rappelé que « les animateurs du pouvoir judiciaire ne font qu’appliquer les lois de la République », précisant que « le magistrat est protégé contre toutes formes d’ingérence, de pression, d’intervention ou de menace ayant pour effet de nuire à l’accomplissement de sa mission ».

Le ministre de la Justice a par aillers expliqué que la Constitution a prévu les pouvoirs législatifs et judiciaires, dont la première a la fonction d’ »édiction » des lois et la seconde s’occupe de son « application ».

Sansan Kambilé a finalement appelé les parlementaires « au respect de l’indépendance du pouvoir judiciaire ».

JBO

Affaire mairie du Plateau: le gouvernement met en garde contre les propos menaçant la cohésion nationale

Serge Alain KOFFI

Le gouvernement ivoirien a mis en garde dimanche et menacé de poursuite les auteurs “de propos faisant peser de graves menaces sur la cohésion nationale’’ dans l’affaire du nouveau maire élu du Plateau, Jacques Ehouo, poursuivi par la justice pour “détournement de fonds publics’’.

“Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité rappelle que la diffusion de propos faisant peser de graves menaces sur la cohésion nationale et l’ordre public tombe sous le coup des dispositions du code pénal’’, écrit le ministre Sidiki Diakité, dans un communiqué.

Jacques Ehouo est soupçonné d’avoir été l’un des acteurs d’un détournement de fonds (portant sur près de 6 milliards FCFA) organisé par la mairie du Plateau, alors dirigée par son oncle Noël Akossi-Bendjo qui avait été démis de ses fonctions en août par le gouvernement.

M. Akossi Bendjo vit désormais à Paris. Vendredi, le procureur de la République a émis à son encontre un avis de recherche dans le cadre d’une enquête pour “détournements de fonds publics’’.

Les deux hommes sont du même groupe ethnique et issus de la même formation politique, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) qui s’est récemment retiré de la coalition au pouvoir.

En Côte d’Ivoire, certains supporters de M. Akossi Bendjo et M. Ehouo n’hésitent pas qualifier ces poursuites judiciaires de “règlement de compte politique’’ ou de “harcèlement contre le peuple Atchan’’. Ce que rejette le gouvernement.

Ils “ne sont nullement visés en raison ni de leur origine ethnique ni de leur appartenance politique’’, assure le ministre de l’Intérieur, qui précise que “ses services ont été instruits à l’effet de rechercher et appréhender les auteurs ainsi que les commanditaires de tels actes pour qu’ils en répondent devant les juridictions compétentes’’.

Alerte info/Connectionivoirienne

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