10 morts dans un incendie à Paris, 37 blessés, une dame en garde à vue

Un immeuble qui s’enflamme en quelques minutes. De nombreux morts. Des dizaines de blessés. Des centaines de pompiers mobilisés. Les incendies très violents de ce type surviennent le plus souvent dans des bâtiments vétustes de quartiers pauvres. Mardi 5 février, au milieu de la nuit, c’est au contraire un immeuble moderne du très chic 16e arrondissement de Paris qui a été le théâtre d’un tel drame. Au 17 bis, rue Erlanger, à deux pas de la porte d’Auteuil, le feu a provoqué la mort d’au moins dix personnes, et en a blessé 37, dont 6 pompiers, selon les informations disponibles mardi en fin de matinée.

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Cette fois-ci, l’incendie semble d’origine criminelle, selon les premiers éléments recueillis sur place. Une enquête pour « destruction volontaire par incendie ayant entraîné la mort » a été ouverte par le parquet de Paris, et confiée à la police judiciaire. « Elle fera toute la lumière sur les circonstances de ce drame », a promis le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz.

Une habitante en garde à vue

« Nous étions dérangés par ma voisine qui avait mis la musique très fort chez elle. […] Hier soir [lundi soir] ma compagne est allée frapper à sa porte, et elle s’est fait insulter. Je suis pompier professionnel à la BSPP [Brigade des sapeurs-pompiers de Paris] et c’est pour ça que j’ai appelé le 17, vers 23 h 50. J’ai attendu quarante minutes pour m’entendre dire que ce n’était pas une situation d’urgence. […] Les policiers m’ont dit de partir. Je suis sorti avec ma compagne, je voulais passer la nuit ailleurs. J’ai cru que les policiers l’avaient embarquée donc nous sommes revenus. Mais je suis tombée nez à nez avec ma voisine dans les escaliers. Les policiers étaient repartis. Après leur départ, ma voisine a essayé de défoncer ma fenêtre et ma porte pour se venger. Un voisin m’a expliqué qu’il y avait du papier devant ma porte avec du bois. Elle a dû mettre le feu chez moi pour se venger. Quand je l’ai croisée, elle m’a souhaité bon courage en me disant que j’étais pompier, et que j’aimais bien les flammes. Là, je sens l’odeur de brûlé. »

Il y a « du feu partout »

Il est environ minuit et demi lorsque les pompiers sont appelés sur place, tout près du boulevard Exelmans. Il y a « du feu partout », relatent les témoins. Des flammes jaillissent de toutes les fenêtres. En particulier aux septième et huitième étages, là d’où l’incendie pourrait être parti. L’immeuble sur cour s’est transformé en brasier à une vitesse prodigieuse. Les habitants tentent de fuir. Ils crient au secours. Certains se juchent sur le rebord des fenêtres, avec 20 mètres de vide au-dessous d’eux. Une dizaine d’autres se réfugient sur le toit, au-dessus du huitième étage.

Les quelque 200 pompiers mobilisés, eux, ont de grandes difficultés à accéder aux lieux. « Il faut traverser l’immeuble sur la rue, et on arrive sur une courette desservant le bâtiment qui s’est embrasé, explique le capitaine Clément Cognon, porte-parole des pompiers. C’est pourquoi nous n’avons pas pu déployer nos échelles automotrices, les échelles automatiques, les véhicules. » A la place, les pompiers doivent prendre les échelles à main, traverser le premier immeuble, passer dans le corridor, et, une fois dans la cour, utiliser leurs équipements. Objectif : éteindre le feu, et sauver les personnes menacées.

Les pompiers commencent alors l’ascension de la façade, et parviennent à mettre hors de danger une cinquantaine de personnes qui étaient sur le toit, les corniches et les bords de fenêtres. Certaines descendent par les échelles, d’autres en rappel, accrochées à une corde.

Deux immeubles adjacents sont évacués, par mesure de sécurité. Une soixantaine de personnes se retrouvent ainsi à la rue. Une vingtaine d’entre elles sont abritées dans la mairie du 16e arrondissement, où sont installés des lits de fortune. Les autres trouvent refuge chez des voisins, des amis.

Et ce n’est qu’après 6 h 30 du matin, à l’issue de plus de cinq heures d’intervention, que les pompiers finissent par maîtriser le feu. A 10 heures, mardi, ils étaient toujours sur place pour éviter une reprise de l’incendie, et tenter d’empêcher que le huitième étage s’effondre sur le septième.

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Par Yann Bouchez et Denis Cosnard
Lemonde.fr avec AFP

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