Politique nationale Côte-d’Ivoire: Soro Guillaume ou l’art de se dérober

L’ex président de l’Assemblée nationale de côte d’ivoire, Guillaume Soro a invité la presse à une conférence vendredi 15 février 2019. Comme prévu, cette conférence a eu lieu. Mais de l’avis de la plupart des journalistes présents, cette conférence de presse n’a pas tenu toutes ses promesses. Non pas en termes de mobilisation parce qu’elle a battu un record à ce niveau mais en termes de contenu. Alors que l’on s’attendait à un grand déballage, c’est plutôt du menu fretin qu’à servi ce grand tribun. Soro semblait marcher sur des œufs ménageant à souhait son ex mentor Alassane Ouattara qui lui, au contraire, ne porte plus de gants pour moquer la posture actuelle de son ancien premier ministre qu’il tente de faire passer pour un novice en politique, un gros bébé qui a encore beaucoup à apprendre.

 »Je ne veux pas commenter ses propos » ou bien  »je ne regrette pas d’avoir travaillé avec le président. En politique toute expérience mérite d’être vécue », a-t-il brièvement répondu à quelques questions sur sa nouvelle relation avec le chef de l’État.

La grande surprise du jour aura été l’annonce de la création d’un  »comité politique » par décision administrative sans qu’on ne connaisse vraiment la valeur juridique d’un tel acte.

Il n’y avait donc pas seulement conférence de presse sur son avenir politique mais également conclave ayant rassemblé un cercle de fidèles composé de gens connus et d’illustres inconnus sur l’échiquier politique ivoirien comme Messou désigné porte parole du comité politique et Anne Marie Bonifon qui a lu la déclaration.
Soro avait pourtant éclairé sur sa nouvelle vie de politicien lors de sa démission le 8 février 2019. Dans la foulée, il a envoyé des flèches salées à Alassane Ouattara, révélant ses agissements maladroits ayant conduit à sa démission. Cette escalade du nouvel opposant a ameuté toute la presse et fait bander une certaine opinion anti-ouattara qui voit désormais en lui, le vengeur tant attendu. Soro n’aura été que l’ombre de lui-même, la mine crispée, l’air hésitant, peu rassurant avec des demi-réponses, confondant parfois sympathisants et partenaires politiques. Surtout quand il refuse de dire clairement qu’il va s’inscrire dans le nouveau groupe parlementaire Raci. Même sur la plateforme de Bédié, il aura été évasif en se réfugiant, une fois de plus, derrière son nouveau comité politique qui devrait, selon lui, travailler sur toutes ces questions.

Ses affidés diront que ceci relève de la stratégie des petits pas et de la carte de la prudence car le chemin serait encore long. Une excuse qui ne tient pas la route car à la vérité, en tant que politique expérimenté, Soro a sûrement bien calculé le risque en claquant la porte le 8 février. Ce n’est pas, après avoir été mouillé par le déluge qu’il va rebrousser chemin.

Si l’ancien PAN veut incarner la nouvelle alternative politique dans cet océan de désespoir politique, il gagnerait à être plus audacieux, plus cohérent dans sa démarche, plus communicateur. Il devrait se départir de cette tactique d’un pied en avant, un pied en arrière qui rend suspicieuse toute sa stratégie de conquête. Surtout que certains n’hésitent plus à dire qu’il est dans un deal avec Ouattara depuis que celui-ci a déclaré publiquement les choix que Soro devrait faire et ceux qu’il ne doit pas oser.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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