Soulèvement contre un nouveau mandat de Bouteflika en Algérie – La police charge

« Le peuple algérien refuse ce régime datant de 1962 »

Les dispositifs sécuritaires impressionnant, mis en place les 22 et 24 février 2019 pour contrôler les manifestations sur tout le territoire algérien, n’ont pas empêché le peuple algérien, dans sa très large majorité, à crier haut et fort leur hostilité à Bouteflika et aux hauts gradés militaires.​

Bien que le gouvernement algérien avait espéré étouffer ces mouvements de protestations en obligeant les Imams des Mosquées à faire un prêche hostile à toute manifestation, le peuple algérien a bien battu le pavé dans les rues algériennes en chantant à l’envi « Chaab et Chorta khawa khawa (peuple et policiers sont des frères), « chaab yourid tagh’yir nidham » (le peuple veut changer le système), franchissant un nouveau palier dans leurs revendications en exigeant désormais le changement de régime et non uniquement le départ d’Abdelaziz Bouteflika.​

Pour les journées des 22 et 24 février 2019, des dizaines de milliers de citoyens se sont rassemblés à Bordj Menaïel (Boumerdès), Annaba et Bougaa (Blida) à Relizane et M’Chedallah (Bouira), à Oran, à Tiaret et à Sétif ainsi que d’autres villes au cours desquelles près de 41 personnes au moins ont été interpellées « pour troubles à l’ordre public, actes de vandalisme, dégradation des biens, violence et voies de fait ». Des manifestations qui ont eu lieu également le 24 février 2019 à Montréal, Londres, Genève, Paris, Marseille.​

A noter qu’à Batna des milliers de citoyens se sont présentés, le 22 février 2019, lors des manifestations contre le cinquième mandat de Abdelaziz Bouteflika, devant le domicile de l’ex-président algérien Liamine Zéroual qui les a salué et apporté tout son soutien.​

Quant à Rachid Nekkaz, candidat déclaré à la présidentielle en Algérie, très populaire grâce à son activité sur les réseaux sociaux, il a été sommé par la police de quitter Alger le 23 février 2019, après avoir drainé plusieurs centaines de personnes dans la capitale.​

S’agissant d’Ali Belhajd, ancien leader du Front Islamique du Salut (FIS), dissous au tout début des années 90, il a été hospitalisé, le 23 février 2019, à Alger, après avoir été violemment tabassé par des policiers en civil, à proximité de son domicile situé en banlieue algéroise.​
Il y a lieu de signaler que les antennes et chaînes de la radio et télévision publiques algériennes ont totalement passé sous silence ces manifestations. Une décision qui a mis en colère Meriem Abdou, Rédactrice en Chef de l’antenne francophone de la Radio Nationale, la Chaîne 3, qui a confirmé qu’elle démissionnait de ses fonctions.​

Face à ce vent de colère, l’aéroport Houari Boumediène d’Alger est pris d’assaut depuis le 19 février 2019 par des passagers inhabituels. Il s’agit de familles de hauts fonctionnaires Algériens qui voyagent vers l’Europe par mesure de sécurité car elles fuient ce pays qui risque de s’embrasser d’un moment à l’autre par des millions de jeunes abandonnés à leur sort.​

Quant à voir Bouteflika inaugurer la Grande Mosquée d’Alger et un nouveau terminal aéroportuaire de la capitale algérienne le 24 février 2019, cela est devenu utopique du fait qu’il se trouve en Suisse pour des examens médicaux. ​

An final, l’Algérie s’installe inexorablement dans l’instabilité, un peu comme au Venezuela, son fidèle allié, du fait que la rue algérienne se lève contre Bouteflika, rejetant la rhétorique de la peur. Du jamais-vu dans l’histoire de l’Algérie ! L’heure de la vérité vient de sonner pour les dirigeants algériens !​

Farid Mnebhi, correspondance particulière

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