Côte-d’Ivoire: Partagé entre Gbagbo, Affi, Nady, Simone etc. Comment le FPI a déjà perdu la bataille de 2020

Le FPI , un parti politique ruiné par les divisions internes

Avril 2011 n’a pas été que la date qui a marqué la fin de la crise ivoirienne. Cette date s’associe également au début de l’effondrement du mythe politique du FPI, parti de Laurent GBAGBO, dont la direction a été décimée à la suite de son incarcération. Que vaut le parti aux roses désormais fanées à l’orée de l’élection présidentielle de 2020 ?
FPI, une direction politique décimée par la crise

Le 19 septembre 2002, les Ivoiriens apprenaient avec effroi la mort du ministre de l’Intérieur BOGA Doudou, architecte clé de la politique de décentralisation du Gouvernement FPI. Élu deux ans plus tôt, Laurent GBAGBO enregistrait une première grosse perte dans ses rangs. Sa stratégie politique en sera fortement affectée tout au long de sa gouvernance. En 2011, alors que de violents combats se déroulent autour de sa résidence, le ministre de l’Intérieur Désiré TAGRO mourrait dans des conditions troubles, au moment de l’arrestation du couple GBAGBO par les forces venues de BOUAKÉ et soutenues par l’armée française.

S’en est suivie l’arrestation et l’incarcération des autres cadre ; Pascal Affi N’Guessan (président du FPI), Aboudramane Sangaré (vice-président du FPI), Alcide Djédjé (ancien conseiller diplomatique de Laurent Gbagbo, ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement postélectoral), Martin Sokouri Bohui (ex-député, secrétaire national chargé des élections au FPI), Geneviève Bro-Grébé (présidente des Femmes patriotes), Philippe-Henri Dacoury-Tabley (ex- gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, la BCEAO, Alphonse Douati (secrétaire général adjoint du FPI, arrêté le 18 août 2012), Moïse Lida Kouassi (ministre de la Défense au cours des premières années de Laurent Gbagbo, arrêté au Togo le 6 juin 2012 et extradé le même jour), Justin Koua (secrétaire national intérimaire de la Jeunesse du FPI, arrêté le 7 juin 2013), Narcisse Tea Kuyo, Séka Obodji, le colonel Konandi Kouakou et Nomel Djro.

De nombreux cadres ont réussi dans la même période à se mettre à l’abri dans différents pays voisins de la Côte d’Ivoire et ailleurs dans le monde. C’est le cas de l’ancien président de l’Assemblée nationale le Pr Mamadou KOULIBALY qui depuis son retour du Ghana fait désormais cavalier seul, parti du FPI depuis lors. L’exil a donc achevé de déstructurer le parti de Laurent GBAGBO, marque incontournable de la démocratie ivoirienne. Huit ans après, quelles ressources pour le FPI ?

Quelle vitalité politique aujourd’hui pour le FPI ?

Après ce chapitre violent de la vie de ce parti politique ivoirien, le regain de vitalité du FPI est plus que jamais difficile. Après avoir pleuré d’illustres disparus dont Aboudramane Sangaré, et célébré une libération à rebondissements spectaculaires de Laurent Gbagbo intervenue dans la première quinzaine du mois de février, le parti semble éprouver des difficultés à retrouver son unité sous la présidence d’un Laurent GBAGBO encore influent, mais en exil. L’unité et la vitalité au sein du FPI n’est pas facilité par l’attitude et la posture d’un Affi N’GUESSAN qu’on accuse de trahison. Alors président du FPI contesté, il avait assigné en justice le Comité de contrôle de ce parti pour avoir validé la candidature de l’ex-Chef de l’État Laurent Gbagbo à la présidence du FPI, alors qu’il briguait un autre mandat.

Le FPI s’en était trouvé très divisé, et une branche dirigée par feu Sangaré avait vu le jour avec l’accord de Laurent GBAGBO, incarcéré à La Haye. À cela, il faut compter les affaires privées de LG qui affectent profondément les militants. Simone GBAGBO, libérée en aout 2018 pour donner suite à une loi d’amnistie prise par le président Ouattara, semble aujourd’hui très affectée par un rapprochement de son époux d’avec une femme qui hante son couple depuis plusieurs décennies ; Nady BAMBA. L’accès à la résidence du couple avait même été refusé à Simone lors d’une visite dans la ville natale de GBAGBO courant février 2019.

Un « mot » pour raviver la flamme politique du Parti

Incontestablement Laurent GBAGBO reste l’homme fort du FPI malgré les années de prison et la distance d’avec le pays. La sympathie que les militants lui vouent frôle une idolâtrie fétichiste que GBAGBO aurait pu mettre à profit pour sauver le parti et revenir dans la course au pouvoir politique. Toutefois, même s’il le voulait, sa candidature tomberait sous le coup de la constitution ivoirienne qui exige une présence d’au moins cinq ans sur le territoire national, pour se présenter à une élection présidentielle. Alors, un appel aux militants pour annoncer le retour de Mamadou Koulibaly au sein du parti, avec des arguments de qualité, aurait suffi, après négociation avec MK pour redynamiser le parti.

Une option politique non négligeable du fait de l’aura que LG conférait à Koulibaly par son soutien à celui-ci, alors cadre du parti. Ou alors, désignez Simone GBAGBO pour succéder à Aboudramane Sangaré. Cette passe, Simone l’espérait depuis, même si les relations entre les deux conjoints ne semblent pas au beau fixe. Un choix de raison judicieux qui aurait servi la cause du FPI prétend lutter pour la démocratie, et pour laquelle tant de sacrifices ont été faits. Un choix qui aurait pu cumuler le retour de MK comme Jocker pour reconquérir le pouvoir d’État et continuer la lutte pour l’émancipation de la Côte d’Ivoire dont se réclame ce parti depuis des décennies. Mais aujourd’hui, à 20 mois de l’élection présidentielle, le FPI cherche encore ses repères politiques, là où Henri Konan Bédié et Guillaume Soro tentent de l’absorber dans une alliance.

Nelson ZIMIN
Avecfrique-sur7.fr

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