Que serait la résistance en Côte-d’Ivoire sans elles ?

Il y a quelques jours, je bénissais (le verbe latin « benedicere » signifie « dire du bien ») Michel Galy, Bernard Houdin, Albert Bourgi, François Mattei auxquels il convient évidemment d’ajouter Alain Capeau, Guy Labertit, Stanley Koudou Prager, Baudoin Ghebache et d’autres infatigables combattants de la liberté qui se sont dépensés sans compter dans cette lutte pour le triomphe de la vérité et de la justice, qui y ont cru jusqu’au bout.

S’ils n’ont jamais jeté l’éponge, c’est en partie grâce aux Jacqueline Chamoix, Christine Tibala, Sylvie Bocquet N’Guessan, Nicoletta Fagiolo, Claudine Hermine Cojan, Karine Ballon… car, que ce soit dans les rues de Paris, devant l’ambassade de Côte d’Ivoire à Paris ou devant certaines institutions françaises, ces Françaises et Italienne firent toujours montre de courage et de détermination, comme Ramatoulaye, N’DeyeTouti, Penda et leurs camarades mobilisées contre l’injustice dont étaient victimes les cheminots du Dakar-Niger dans « Les bouts de bois de Dieu » de Sembene Ousmane. Qui ne se souvient pas de leurs slogans « On ne lâche rien » ou « On ira jusqu’au bout » ? Qui a oublié qu’elles étaient toujours là, en dépit de la chaleur et de la pluie ?

Il ne fait l’ombre d’aucun doute que la résistance n’aurait pas connu l’heureux aboutissement intervenu le 15 janvier 2019 sans elles, sans leur apport qui fut décisif. Refusant de toutes leurs forces l’injustice faite à la Côte d’Ivoire et à Laurent Gbagbo par la communauté dite internationale, ces Amazones des temps modernes apportent ainsi un cinglant démenti à ceux qui pensent à tort que la femme ne peut ou ne doit faire que deux choses : être belle et se soumettre à l’homme.

Par leur insoumission au nouvel ordre international qui enrichit ceux qui sont déjà riches et appauvrit davantage les pauvres, par leur fronde contre un système qui dépossède et clochardise chaque jour un peu plus les peuples du Sud tout en déportant les rares chefs d’État africains qui lui résistent, par leur intrépidité, ces femmes ont écrit les plus belles pages de la résistance féminine à l’oppression et à l’injustice dans le monde. La Côte d’Ivoire, quand elle sera libérée de l’occupation et de la domination françaises, leur doit un hommage appuyé. Les Anne Zingha (Angola), Yennega (ex-Haute-Volta), Kahina (Algérie) qui portaient l’espoir des peuples et n’hésitèrent pas à lancer des armées à l’assaut de l’occupant, les Rosa Parks (USA), Marie Koré, Anne-Marie Raggi (Côte d’Ivoire), Kimpa Vita (Congo) ne peuvent pas ne pas être fières de ces femmes qui ont compris et intériorisé le mot du Pasteur Martin Luther King : « Celui qui accepte passivement le mal y est aussi impliqué que celui qui aide à le commettre. Celui qui accepte le mal sans protester, coopère vraiment avec lui. » En attendant qu’advienne ce moment, je voudrais, modestement mais sincèrement, leur dire merci pour tout et me réjouir avec elles, ce 8 mars qui leur est légitimement dédié.

Jean-Claude DJEREKE

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