Entretien avec Annick Pety-Zago (femme politique et auteure): «Je veux motiver mes sœurs ivoiriennes à oser la politique»

Annick Odile Pety-Zago dirige un petit parti politique, la NCI avec lequel elle a gagné un poste de conseillère municipale à Attécoubé. Elle invite les femmes à investir le domaine de la politique en briguant des postes électifs quels que soient leurs moyens. Elle vient de publier un livre dans le sens de son combat ‘’Comment mener une campagne sans grandes ressources’’. La dédicace de ce manuel a eu lieu le 19 mars dernier à Abidjan Plateau. Connectionivoirienne s’est entretenu avec elle

Pourrait-on connaître davantage la femme politique Annick Pety-Zago en son cursus scolaire, universitaire, politique ?

Je suis Annick Odile Péty épouse Zago. Je suis juriste de formation (titulaire d’un DEA de droit Public) obtenu à l’ex-faculté de droit, en 2002 à l’ex Université Félix Houphouët-Boigny. Présidente fondatrice d’une ONG  » ESTHER  » durant huit années, qui aide à la réinsertion économique des femmes démunies en milieu urbain et sensibilise la jeunesse aux valeurs morales, républicaines et entrepreneuriales. Je suis passée après la guerre de 2011, de l’humanitaire a la politique en m’engageant par deux fois (2011 et 2016) à la course à la députation. Native de la région du Sud lagunaire, je suis femme Atchan (Ebrié) de Bidjan Agban (village de la commune d Attécoubé). Je suis actuellement conseillère municipale, dans ladite commune.

Vous venez de publier  »Manuel pour femme politique indépendante – comment mener une campagne sans grandes ressources ». Le titre en lui-même n’est-il pas un paradoxe d’autant plus qu’une campagne politique engage de gros moyens financiers ?

On parle généralement de campagne à l’Américaine justement pour faire allusion à l’engloutissement de grosses ressources financières !
Le titre n’est pas un paradoxe. Effectivement les campagnes électorales comme partout ailleurs exposent à des coûts de financements excessifs. Ce sont des sommes faramineuses qui sont injectées. Par exemple, un candidat peut dépenser plus de 100 millions pour une campagne municipale, plus de soixante millions pour une députation. C’est monstrueux !!! Alors nous les petits candidats qui nous lançons en politique, que devons-nous faire ? Reculer ? Non !!! Je pars de ma propre expérience sur le terrain, moi candidate qui me suis lancée sans grandes ressources, c’est-à-dire sans grands moyens financiers, sans parrain, sans appareil politiques derrière moi. La politique je la définis au chapitre 1 de mon manuel « comme le besoin d’agir… ». Nous nous lançons en politique parce que nous sommes nourris d’une vision, d’un désir de servir, de proposer quelque chose à la communauté… ce sont des facteurs limitants énormes qui se dressent devant nous. Pour participer à des élections, nous devons sans cesse réfléchir à des solutions pour les contourner.

Quelle recette proposez-vous pour limiter ces moyens colossaux et pourquoi spécifiquement la femme. Y a-t-il une campagne pour la femme politique et une autre pour les hommes en quête d’électeurs ?

Tout d’abord j’ai précisé dans le manuel que je n’ai pas une connaissance exhaustive des moyens de comment mener une campagne électorale sans grande ressources. J’y ai apporté mon expérience du terrain : celui de mettre la créativité, l’innovation en jeu. En parcourant le manuel je ne parle que de faire la politique autrement. C’est un leitmotiv pour moi. Aux influences du pouvoir de l’argent nous pouvons apporter notre créativité. Je suis partie de zéro et j’ai réussi à devenir une personnalité politique locale, incontournable.
Je milite beaucoup pour la promotion du leadership politique féminin. Je veux motiver mes sœurs ivoiriennes à oser la politique. La Côte d’Ivoire a besoin d’entendre la voix des femmes. Nous ne sommes pas nombreuses en politique, nous faisons du bruit parce que les femmes sont les plus actives dans les partis politiques, elles mobilisent. Mais combien sont retenues quand il s’agit de choisir des candidates pour participer aux élections locales ? Exemple de notre assemblée nationale qui ne compte que 21 femmes députées sur un ensemble de plus 255 parlementaires. Certes je m’adresse aux femmes en leur donnant quelques clefs et astuces, mais le lecteur peut y tirer de précieux conseils.

Comment jugez-vous la gouvernance actuelle du président Ouattara ?

Personnellement je pense qu’il leur faut mettre l’accent sur plus de justice sociale, que les conditions de vie des populations, l’amélioration du pouvoir d’achat des ivoiriens soient véritablement au centre des préoccupations gouvernementales. Nous avons un pays très riche en matières premières, un pays riche de sa population très jeune. Mais il n’y a pas véritablement de retombées économiques sur les habitants. Et il y a l’épineux problème de la corruption qui gangrène notre nation. Tous les gouvernements qui se sont succédé n’ont pas pu ou n’ont pas eu la volonté de le résoudre. Et hélas ! Cela accentue les disparités économiques.

Un temps vous aviez exprimé votre volonté de briguer la magistrature suprême. Ce rêve vous habite-t-il encore ?

Comme je l’ai écrit dans mon manuel le tome 1, mon rêve est, un jour de voir une femme présidente de la République. Pourquoi pas ? La Côte d’Ivoire depuis des décennies est sous la gouvernance masculine, nous avons vu ce que cela a donné. Je ne dis pas que le navire ivoire conduit par une femme sera l’excellent mais nous devons essayer. Regardons du côté du pays frère le Liberia qui a connu une stabilité sous la gouvernance d’Helene Sirleaf Johnson. Je suis dirigeante d’un jeune parti politique  » UNION NOUVELLE POUR LA CÔTE D’IVOIRE (U.N.C.I). Un parti politique c’est pour la conquête du pouvoir ! Alors wait and see, disent les anglais !

Par SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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