Interview de Kémi Séba depuis Abidjan: «Il arrivera un moment où la Côte d’Ivoire retrouvera son autodétermination, sa souveraineté»

En tournée de mobilisation (interrompue) –

Personne ne peut accepter la situation qui est celle de Gbagbo

Kémi Séba est arrivé à Abidjan dimanche à l’invitation d’une jeune militante des droits humains. Lundi, il a rencontré l’activiste des droits de l’homme, Pulchérie Gbalet au siège de son organisation Forsci. Là, il a dévoilé son agenda dans lequel était inscrit une visite à l’ex-première dame Simone Gbagbo, une rencontre avec des étudiants à Mermoz et le clou dimanche 31 mars au Baron de Yopougon. Lors de son entretien avec Mme Gbalet, Kémi est revenu sur sa récente déconvenue au Sénégal d’où il avait été expulsé manu militari après avoir brûlé un billet de CFA. Il a accusé Macky Sall et le président Ouattara d’être derrière ces mauvais temps passés à Dakar. Pour lui, tout a été fait pour que la dynamique panafricaniste ne puisse pas prospérer en Côte d’Ivoire. Houphouët-Boigny porte une grande responsbilité de cet état de fait, en tant que ‘’l’un des grands piliers de l’impérialisme’’, selon lui. Traqué à Abidjan, ce lundi, l’activiste, président du mouvement ‘’Urgences panafricanistes’’ n’a pu s’empêcher de parler à la presse. L’homme, on le sait, n’a pas sa langue dans sa poche pour dénoncer les travers de ce qu’il qualifie de néocolonialisme français en Afrique francophone. Connectionivoirienne l’a rencontré.

D’où tirez-vous ce courage d’entreprendre des voyages dans des pays qui vous sont hostiles, dans des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire où des sujets sur la problématique du FCFA sont vus par les autorités comme une offense ?

Moi je suis né en disant que les obstacles sont faits pour être franchis et quand un obstacle est à une certaine hauteur, l’objectif c’est de s’entraider, de prendre son courage à deux mains, de l’abnégation et de tout faire pour transcender cet obstacle. La Côte d’Ivoire est aujourd’hui, quoi qu’on dise, la capitale du néocolonialisme français, on le sait. Ce n’est pas un débat. Partout en Afrique, c’est quelque chose qui fait l’unanimité. Mais il y a aussi à l’intérieur de ce pays, des gens qui luttent pour que nos populations puissent avoir accès à beaucoup plus de souveraineté. Et je ne pouvais pas faire le tour de l’Afrique, voir tous nos compatriotes partout où ils sont installés, en Afrique ou dans la diaspora et ne pas venir en Côte d’Ivoire sous prétexte que c’est la capitale du néocolonialisme. C’est la capitale du néocolonialisme mais chaque histoire a un début et une fin. Il arrivera un moment où la Côte d’Ivoire retrouvera son autodétermination, retrouvera sa souveraineté et sera un centre pour l’indépendance de l’Afrique, l’Afrique francophone dans un premier temps mais de l’Afrique de manière générale. Il faut poser les jalons, il faut poser les bases. La peur ne fait pas partie de notre agenda. On mourra tous. On mourra d’une crise cardiaque, certains d’une mort violente, d’autres de vieillesse, mais toujours est-il que nous arriverons tous vers cette voie ultime qui est la mort. Autant faire en sorte que durant notre vie sur terre, notre existence ait servi à quelque chose. Agir pour que nos populations puissent avoir accès à beaucoup plus de liberté, je pense que c’est le plus grand des trésors, la plus grande des démarches. C’est ce sur quoi nous nous situons pour avancer.

Pensez-vous que votre combat soit opportun en Côte d’Ivoire ici ? Selon les informations que vous avez reçues de ce pays, ne pensez-vous pas que les Ivoiriens soient eux-mêmes complexés d’aborder les thèmes que vous évoquez comme la souveraineté, la disparition du FCFA etc. ?

Objectivement, ici en Côte d’Ivoire, dans toutes les rues que j’ai arpentées, on a vu beaucoup de gens nous saluer, nous donner beaucoup d’amour. La meilleure des réponses, c’est toujours la rue et non pas certaines intoxications médiatiques qui sont pour certaines des fakenews. Partout où nous allons, c’est des témoignages d’amour, une compréhension réelle des enjeux. Il y a bien sûr des gens en Côte d’Ivoire qui aiment la ‘’plantation’’. Il y a des gens qui aiment la situation d’esclavage politique et économique dans laquelle nous sommes installés. C’est quelque chose de cyclique, c’est quelque chose d’historique. J’en parle régulièrement à Cotonou dans mon émission télé chaque jeudi dans ‘’la chronique de Kémi Séba’’ sur GolfTv. Le système de prédation dans lequel nous vivons n’a pas commencé aujourd’hui. L’esclavage a simplement changé de forme, il a simplement changé de décor mais le fond de la pièce reste le même. Donc pour quitter la plantation, il y a toujours eu des gens qui aiment la plantation qui étaient prêts à tuer pour la protéger. C’est l’histoire de notre peuple, mais il arrivera un moment où la balance sera définitivement penchée d’un côté.

En Côte d’Ivoire aussi c’est le dossier Laurent Gbagbo d’abord détenu par la Cpi puis acquitté mais en semi-liberté. Quelle est votre opinion sur le cas Gbagbo ?

Je pense que ces dernières années, je fais partie de ceux qui ont énormément parlé dans les grands médias internationaux parmi les non-ivoiriens de la question du président Laurent Gbagbo, de sa détention injuste à La Haye, alors que la personne qui est véritablement responsable, elle, est complètement libre. Je l’ai répété et je l’ai défendu sur tous les plateaux télé auxquels j’avais accès. Même aujourd’hui dans la situation de semi-liberté dans laquelle il est, on appelle ça une plantation déguisée. Il est évident que personne parmi ceux qui aiment la liberté ne peut accepter une situation comme celle-là.

Réalisée par SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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1 réflexion au sujet de « Interview de Kémi Séba depuis Abidjan: «Il arrivera un moment où la Côte d’Ivoire retrouvera son autodétermination, sa souveraineté» »

  1. Liberté parlons-en.
    Il y’a un adage qui dit la charité bien ordonnée commence par soit même.
    Pour l’actiiviste qu’il est,le principe voudrait qu’il soit plus sensible à cette liberté dans son lieu de résidence que dis je dans sa patrie d’origine.
    Quelques exemples:
    Au Benin sous régime de Son Excellence Président TALON d’ailleurs homme d’ affaire dès sa première sortie officielle en France et non au Nigeria pays voisins a affirmé face au jeune MACRON que le Benin était un désert de compétence et donc comptait sur la France pour son programme économique( allô allô Kemi : silence total)
    Au Benin on a établi des lignes rouges interdisant toute manifestation publique( allô allô Kémi : silence total)
    Au Benin pour créer un parti politique selon une certaine charte bien montée par la majorité présidentielle il faut déposer une caution de 250.000.000 en franc CFA
    Au Benin pour les élections législatives à venir seulement deux partis politiques ont été retenus et chose bizarre ces partis soutiennent le président de sa république à savoir TALON ( allô allô Kemi :silence total)
    Et depuis son arrivée à Cotonou aucune manifestation de sa part pour interpeller Son Excellence Président TALON à sortir du CFA ni même brûler un billet de 500 fr.
    On se pose des questions il est plus facile ou jouissif pour lui Kemi de faire du bruit ailleurs que dans son pays d’origine le Benin.
    La charité bien ordonnée c……..

    A chacun sa lorgnette !!!

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