Royaume Baoulé Côte-d’Ivoire: « Destituée selon les coutumes Akan », Akoua Boni II soutenue par des cadres du Rhdp

« Elle demeure au trône à vie… Ceux qui ne veulent pas n’ont qu’à aller au Ghana » (Jean Louis Abonoua)

Le royaume des Baoulé dont le siège est à Sakassou est au centre d’un imbroglio sociopolitique ces derniers temps. La déstabilisation dudit royaume qui a commencé après le 23 mars 2019 sous la poussée de dignitaires du royaume suscite passion politique et intrigue.

Jeudi, une délégation de cadres baoulé issus du Rhdp d’Alassane Ouattara, le chef de l’Etat, s’est rendue au domicile abidjanais de la reine mère pour lui apporter son soutien. Cette délégation était conduite par Jean Louis Abonoua, ancien député et aujourd’hui PCA de l’Onep (Office national de l’eau potable). Elle était composée de Jean Kouassi Abonoua ex-président du conseil régional du Gbêkê, fraichement nommé sénateur, Jeanne peuhmond, conseillère genre du président de la République et bien d’autres. Au moins une dizaine de cadres qui ont d’abord tenu un mini conclave de près d’une heure et demie avant de s’adresser à la presse. Selon M. Abonoua, porte-parole de circonstance, les cadres des 19 départements du pays baoulé sont allés s’enquérir des nouvelles du royaume auprès de la reine.

« En fait nous avons appris par médias interposés que la reine aurait été destituée au profit d’un de ses enfants. Nous sommes venus ce soir nous enquérir de la situation. Sa majesté a bien voulu nous recevoir et nous a fait cas de la situation par le biais de son porte-parole. Et nous retenons ce soir que sa majesté demeure sur le trône. Et cela à vie. Elle a reçu le soutien des 39 chefs de canton du royaume baoulé et elle nous a remis la déclaration de ces 39 chefs de canton. Une déclaration qui a mis le doigt sur le comportement peu recommandable de mercenaires coutumiers venus d’autres contrées et qui bénéficient du soutien de certains fils du royaume ayant des ambitions démesurées, qui veulent mélanger vitesse et précipitation. Nous sommes venus dire à sa majesté que nous sommes ses fils et nous la soutenons. Nous sommes solidaires de la déclaration des 39 chefs de canton », a déclaré Jean, Louis Abonoua.

La déclaration évoquée n’a pas été remise aux journalistes. Mais à ceux qui contestent la légitimité de la reine à diriger le royaume, M. Abonoua leur oppose l’histoire de la reine Abla Pokou et conclut que les 39 tribus qui ont quitté le Ghana pour migrer en Côte d’Ivoire il y a 400 ans, sont celles qui ont accepté d’être régentées par une reine. « Ce n’est pas maintenant qu’on va réinventer le royaume baoulé. S’il y a des gens ici qui sont amoureux de cette façon de faire, ils n’ont qu’à aller au Ghana. Le pays baoulé dans son ensemble prône le vivre ensemble et l’alternance entre les deux sexes. Ce n’est pas maintenant qu’on va remettre cela en cause », coupe-t-il court ajoutant que le roi investi a eu le soutien de 20 députés et se réclame du Oualèbo alors que la reine a eu l’onction de 39 chefs des différents cantons baoulé au-delà du Oualèbo. Pour Abonoua, le royaume n’est pas l’Assemblée nationale pour que son dirigeant soit supporté par des députés.

Un royaume, deux rois !

Faut-il le relever, cette affaire avant tout politique est loin de connaître un dénouement heureux. Selon des sources bien au fait de la situation, la reine mère était à la tête du royaume pour assurer un intérim au bout duquel elle devait céder le trône au premier prétendant dans l’ordre de succession, qui n’est autre que son fils Kassi Anvo Michel. Ce dernier attendra en vain surtout lorsque surgit au grand jour la rupture entre Henri Konan Bédié et le chef de l’Etat Alassane Ouattara suite à l’échec de la création du Rhdp unifié. Selon des sachants, cette longue attente devenue gênante a été la raison d’un séjour du couple Bédié au Ghana en 2018 où le roi des Ashanti lui aurait exprimé sa préoccupation face à cette succession qui tardait à se faire conformément aux us et coutumes. La reine mère, commente une autre source, voyant une menace dans cette injonction ghanéenne aurait entrepris des démarches pour avoir le soutien des autorités ivoiriennes pour rester la seule régente à vie. Une audience lui est accordée au palais présidentiel au bout de son lobbying, le 4 octobre 2018. Officiellement pour exprimer sa gratitude au chef de l’Etat qui a pris une part active dans l’organisation des obsèques du 13e roi des baoulé,Sa Majesté Nanan Kouakou. Cette rencontre suscitera le courroux de certains dignitaires coutumiers baoulé qui ont estimé que si tant était pour exprimer sa reconnaissance au président, elle n’avait pas à effectuer le déplacement elle-même. On en était là jusqu’au meeting du 23 mars 2019 à Bouaké organisé par des cadres du Rhdp regroupés au sein du mouvement ‘’Sur les traces d’Houphouët-Boigny’’ du ministre Kobénan Adjoumani. Ce jour-là des chefs coutumiers proches de la reine ont effectué le déplacement et pris la parole alors que Bédié venait de passer une consigne ferme, débaptisant au passage Alassane Ouattara du nom d’Alla Gnissan, à Yamoussoukro. Ce meeting est la goutte d’eau qui fera déborder le vase.

Le 28 mars 2019 au cours d’une cérémonie à Sakassou, siège du royaume, la reine mère est destituée au profit de son fils. Elle se retire à Abidjan, dans une résidence peu confortable, à la Cité des arts.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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